OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES

Informations générales
  • OEUVRES SPIRITUELLES EDITEES|RETRAITE SUR LA SAINTE VIERGE PRECHEE AUX OBLATES
  • CINQUIEME INSTRUCTION
    ANNONCIATION DE MARIE
  • Retraite sur la Sainte Vierge prêchée aux Oblates de l'Assomption. Septembre 1879. Paris, Typographie Augustinienne, 1941, p. 23-26.
  • CV 34
Informations détaillées
  • 1 ANGE GARDIEN
    1 ANNONCIATION
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
    1 GRACES
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 MERE DE DIEU
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 TRINITE
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 ELISABETH, SAINTE
    2 GABRIEL, SAINT
  • 1879
  • Nîmes
La lettre

Le temps est venu où le Fils de Dieu doit se montrer au monde, et le char sur lequel il veut être porté du ciel en terre, c’est Marie. Il la prépare par toutes sortes de grâces, mais en même temps il veut que cette mère, d’un ordre si exceptionnel selon la nature, soit un modèle des âmes appelées à s’unir à Dieu. Etudions les diverses circonstances du mystère où un ange vient annoncer à la Sainte Vierge qu’elle allait être la Mère de Dieu, et considérons:

1° Les avances ineffables de l’adorable Trinité;

2° Le trouble de Marie;

3° Sa foi;

4° Son obéissance.

I. Prévenances de la Sainte Trinité.

Que Marie, de toute éternité, eût été prédestinée à être la Mère de Dieu, nous l’avons déjà indiqué, et certes, c’était un assez beau privilège que celui-là. Mais à quoi la Sainte Trinité ne vous a-t-elle pas poussées quand elle a permis, voulu votre baptême et votre vocation? Que de grâces reçues et mises en oeuvre par Marie! Que de grâces offertes par la Sainte Trinité et repoussées par vous! En Marie, que de délicatesse, en vous que de grossièreté! En Marie, que de reconnaissance, en vous que d’ingratitude! En Marie, que de vertus développées, en vous que de défauts agrandis! Ne parlons pas trop des bienfaits accordés à Marie, elle n’en a laissé perdre aucun. Et vous, en avez-vous fait fructifier un seul? On ne vous demandait que selon ce qu’on vous avait donné, et parce qu’on vous demandait très peu, voilà que vous n’avez rien donné du tout. Et pourtant, répétons-le toujours, si Dieu a appelé Marie à être l’épouse de Jésus; voilà votre vocation. Et tandis que Marie entre dans toutes les intentions divines, vous restez dans les idées et les sentiments les plus terrestres. Que faire? Changer entièrement, et, je vous le répète, vous pénétrer de l’importance de correspondre à votre vocation. Ah! dites comme Marie: « Le Seigneur a fait en moi de grandes choses. » Oui, très grandes, mes chères filles, et vous n’y pensez pas. Demandez, par le mystère de l’Annonciation, de devenir de véritables épouses de votre Dieu.

2. Trouble de Marie.

L’heure si terrible est arrivée, un ange est envoyé: c’est Gabriel, la force de Dieu, et il dit à Marie: « Je vous salue, ô Vierge pleine de grâces, le Seigneur est avec vous. » Dans le style de l’Ecriture Sainte, dire quelqu’un que le Seigneur est avec lui, c’est lui annoncer que Dieu va faire par lui de grandes choses, et ces paroles, sur les lèvres de l’ange Gabriel, avaient été précédées de celles-ci: « Je vous salue, ô Vierge pleine de grâces, Ave gratia plena. » Or, Marie, entendant ces paroles, fut troublée. Certes, rien de plus naturel que ce trouble. Quel horizon ne s’ouvrait pas devant la divine Vierge!

Eh bien! quand Dieu vous a envoyé son ange, votre ange gardien, pour vous révéler votre vocation à la vie religieuse, il vous a comblées de ses faveurs. Les grâces qu’il vous offrait étaient moins abondantes que celles versées dans l’âme de Marie, mais sans doute il y en avait assez pour vous troubler profondément. Je ne veux pas entrer ici dans la cause du trouble de Marie, je dis seulement que peut-être le grand malheur pour vous, c’est de n’avoir pas été assez troublée. Vous avez peut-être pris la vocation comme un arrangement et non comme un appel de Dieu, vous imposant les obligations les plus graves. Ah! de grâce, entrez dans le trouble très saint de Marie, non pour vous dire: suis-je appelée? mais pour vous demander: Etant appelée, comment ai-je répondu à la voix de l’Epoux céleste? Quels efforts ai-je tentés? Quels obstacles ai-je traversé? Quels ennemis ai-je combattus? Quels défauts ai-je arrachés? Quelles vertus ai-je acquises? De quels mérites me suis-je embelli? Oui, soyez troublées d’avoir fait si peu, quand Dieu a tant fait pour vous.

3. Foi de Marie.

Qui avait jamais entendu une salutation pareille, et quel effort de foi Marie ne fut-elle pas obligée de faire pour croire qu’elle deviendrait la Mère de Dieu? Je n’insiste pas, l’âme se perd dans ce mystère: l’union du Créateur et de la créature, de la sainteté infinie avec l’humanité coupable. Sans doute. Dieu s’est choisi une vierge sans tache pour devenir sa Mère, mais enfin, la distance est encore assez grande pour qu’elle soit obligée de faire l’acte de foi le plus héroïque qui ait jamais été fait. Voulez-vous savoir pourquoi la ferveur vous abandonne, pourquoi la tiédeur vous envahit? C’est que votre foi est faible; vous êtes des filles de peu de foi, comme Notre- Seigneur disait à ses apôtres. Soyez des religieuses pleines de foi, méritez de recevoir l’éloge qu’Elisabeth adressa à quelques jours de là à Marie; « Vous êtes heureuse d’avoir cru, parce que voilà que s’accomplira en vous tout ce qui a été annoncé par le Seigneur. »

Quelle admirable vocation que la vôtre si vous avez la foi, l’esprit de foi appliqué à tout ce que Dieu veut être pour vvous et faire pour vous.

4. Obéissance de Marie.

Il ne suffit pas de croire, il faut agir selon sa foi et obéir. Ecoutez Marie: Ecce Ancilla Domini. Cette parole est la clé de la vie religieuse. Voulez-vous être parfaite, obéissez. Je ne parle pas en ce moment de l’obéissance aux ordres des Supérieurs, mais de l’obéissance à ce qui vous est commandé au fond du coeur par l’esprit de Dieu même. A la vérité, vous devez soumettre certaines de ces sollicitations de l’amour divin à l’autorité qui vous conduit, mais quoi! avez-vous besoin de bien grandes décisions pour savoir que vous ne serez assez humble, assez douce, assez patiente, assez pénitente, assez embrasée d’amour de Dieu et du prochain! Croyez-moi, obéissez toutes les fois que ces vertus vous seront demandées dans le fond de votre âme, et vous serez bientôt la véritable imitatrice de Marie, et une épouse de consolation pour le Fils qu’elle va donner au monde.

Notes et post-scriptum