DIRECTOIRE [DES RELIGIEUSES DE L’ASSOMPTION]

Informations générales
  • TD41.009
  • DIRECTOIRE [DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION]
  • [Première partie. De l'esprit de l'Assomption]
    [Chapitre V] Amour envers la Sainte Vierge
  • Orig.ms. CP 36 et CZ 6; T.D. 41, pp. 9-11.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE LA SAINTE VIERGE A L'ASSOMPTION
    1 DOMINATION DE DIEU
    1 FOI
    1 FOI DE LA SAINTE VIERGE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 PERFECTION
    1 PRUDENCE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 RELIGIEUSES
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTUS DE LA SAINTE VIERGE
    1 VIE DE MARIE
  • Religieuses de l'Assomption
  • 1859
La lettre

Par une miséricordieuse condescendance Notre-Seigneur ne s’est pas contenté de s’offrir à nous comme modèle, soit comme Dieu soit comme homme; il a voulu nous en donner un autre dans la personne d’une simple créature la Sainte Vierge sa Mère; fille d’Adam comme nous, elle est notre soeur, Mère de Dieu elle est notre Mère aussi, et la plus parfaite des oeuvres du Très-Haut.

Marie est à la fois mon modèle et ma mère. Mon modèle, je dois chercher à l’imiter autant qu’une religieuse vouée à la perfection est capable d’imiter la reine du ciel et de la terre. Ma mère, je dois avoir pour elle la tendresse et la confiance la plus absolue. Quand je ne pourrais connaître des vertus de la Sainte Vierge que ce qu’en dit l’Evangile cela me suffirait, il n’en faut pas davantage.

Dans le mystère de l’Incarnation j’admire d’abord sa prudence dans la question qu’elle fait à l’ange envoyé pour la saluer au nom de Dieu. Son obéissance et sa foi n’éclatent pas moins dans cette réponse: Voici la servante du Seigneur. Cette foi est le principe de tous les prodiges qui s’accomplissent par elle, et c’est ce que lui révèle Elisabeth en lui déclarant qu’elle est bienheureuse d’avoir cru parce que s’accompliront en elle…

Mais où le fond de l’âme de Marie se révèle, c’est dans la manière dont elle répond à sa cousine: Mon âme glorifie le Seigneur. Le seul but de la vie de Marie est la gloire de Dieu. Son bonheur de le servir, sa reconnaissance pour les dons qu’elle a reçus, le témoignage de tout ce que Dieu fait pour l’âme fidèle, l’espérance et la confiance au milieu des plus grandes épreuves. Voilà ce que je découvre dans les élans prophétiques de son coeur.

Je la suivrai à Nazareth dans son humble travail à côté de Joseph, puis dans l’étable où elle mit au monde le Fils de Dieu, dans le temple où elle le présente au Seigneur, dans [= en] Egypte où elle fuit pour le soustraire à la fureur d’Hérode; à Jérusalem où elle [le] perd; enfin dans la vie cachée où elle passe dix-huit ans jusqu’au moment de la séparation dont le terme sera après trois d’évangélisation la croix et le Calvaire. En tout cela que d’exemples, que d’enseignements.

Ai-je la prudence de Marie dans les circonstances importantes de ma vie? L’ai-je dans mes rapports habituels avec le prochain? Ai-je son obéissance dès que la volonté de Dieu m’est indiquée non seulement par mes supérieurs mais par ceux qui me les représentent? Ai-je cette foi qui me ferait accepter les ordres les plus difficiles? Suis-je disposée à entrer sérieusement dans la vie intérieure et à y laisser s’accomplir en moi tout ce que le Seigneur attend de ma dépendance à ses désirs? N’ai-je pas peur? N’ai-je pas de doutes? Ne suis-je pas lâche en tout ce qui m’est demandé?

N’ai-je dans toute ma vie d’autre but que la gloire de Dieu? Est-ce le désir de procurer cette gloire qui inspire tous mes efforts? Ai-je mis tout mon bonheur en Dieu? Mon soutien ne l’ai-je pas mis en moi ou dans les créatures? Cette pureté d’intention qui va sans détour à Dieu, ne regarde ni à droite ni à gauche, l’ai-je bien fort au fond de mon âme? Ai-je cherché à me donner une idée de tout ce que Dieu ferait en moi par la puissance de son bras? si je voulais le laisser agir? comme il dissiperait tout ce qu’il y a d’impur, de vaniteux, d’orgueilleux en mon coeur si je ne craignais pas de l’y laisser trop régner en souverain? Dans les épreuves ai-je eu toute mon espérance et ma confiance en mon souverain Maître? Ne me suis-je appuyée que sur lui? Suis-je laborieuse du travail de Nazareth? Suis-je pauvre de la pauvreté de Bethléem? Me suis-je entièrement abandonnée à Dieu? Lui ai-je tout donné comme Marie a tout donné à Jésus? Ai-je aimé la vie cachée? Ai-je accepté généreusement les séparations que la providence m’a imposées ou peut m’imposer chaque jour? Ai-je accepté même la séparation des choses saintes, comme Marie accepte la séparation de Jésus? C’est en méditant la vie de cet admirable modèle, que je prendrai l’esprit d’une vraie religieuse. Mais Marie n’est pas seulement un modèle pour moi, elle est ma Mère. C’st sur le Calvaire au pied de la croix de son Fils qu’elle m’adopte, elle me prend en quelque sorte toute couverte du sang de Jésus répandu pour moi et malgré l’horreur que je dois lui causer, puisque si Jésus meurt c’est pour mes péchés, elle m’adopte désormais je suis sa fille, quel honneur d’avoir une pareille mère, quel bonheur dans un pareil commerce!

Quelle reconnaissance, quelle tendresse ne lui dois-je pas? Mais cette tendresse, cette reconnaissance que sont-elles si je les démens tous les jours par ma vie en tout opposée à la vie de Marie? Si je l’aime je dois le prouver en accomplissant tout ce qui lui est agréable, en bannissant de mon coeur, de mon esprit toute pensée et tout sentiment indignes d’elle, en me portant à toutes ces délicatesses d’affection qui lui montreront qu’elle a en moi une vraie fille.

Notes et post-scriptum