COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE

Informations générales
  • TD41.173
  • COURS DE THEOLOGIE MYSTIQUE
  • VIII. *Amour, Justice et Miséricorde de Dieu*
  • Ms du P. Alexis Dumazer CY 56; T.D. 41, pp. 173-175.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 ANGES
    1 BIEN SUPREME
    1 CREATURES
    1 DEMONS
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 ENFER
    1 FOI
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LIBERTE
    1 LUTTE CONTRE LE CORPS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PERFECTION
    1 RELIGIEUX
    1 SAINTE VIERGE
    1 SAINTETE
    1 SAINTS
    1 VOLONTE DE DIEU
  • Etudiants assomptionistes
  • 1872-1873
La lettre

I. – Deus caritas est. En Dieu l’amour est non pas une faculté comme en nous, mais l’être même. Dieu ayant une volonté, cette volonté se porte sur certains objets et voilà l’amour. Car l’amour est une force qui nous porte à nous unir à un objet, dans lequel nous trouvons notre bien, Amor est vis unitiva. Les créatures ont besoin d’un objet à aimer en dehors d’elles-mêmes, parce que aucune créature n’est son propre bien. Dieu, au contraire, ne peut chercher que lui-même, et ce qui serait le comble du désordre chez nous est l’ordre en Dieu, car l’être infini, le bien infini doit s’aimer infiniment lui-même par une intelligence et une volonté infinie. L’amour en nous est toujours accompagné de passion et d’émotion, parce que nous n’arrivons à Dieu que par les sens. En Dieu, au contraire, l’amour est élevé, calme, et c’est vers cette tranquillité que nous devons tendre en nous séparant des sens. Notre amour sera d’autant plus parfait qu’il sera appuyé sur une connaissance parfaite. Or rien n’est plus parfait que la foi. Nous devons donc nous détacher de nos propres idées et revêtir par la foi des idées divines. Accedentem ad Deum, oportet credere quia est. Défions-nous de ce que nous sommes portés à aimer en dehors de la foi, aimons au-dessus de la matière et propter Deum.

Dieu aime-t-il les êtres? Diligis omnia quae sunt, et nihil odisti eorum quae fecisti. Il aime en eux l’être, mais non ce qui est la privation de l’être. Il déteste les effets mauvais de leur volonté. Il aime l’être même des damnés et des démons et c’est pourquoi il le conserve. Il hait leurs fautes qui sont des défauts de l’être.

Les aime-t-il tous également? Non. Il aime davantage les plus parfaits. Il leur a donné la raison avec la volonté et la liberté. Chaque être peut faire de ces dons un bon ou un mauvais usage, correspondre à la bonté de Dieu ou s’en détourner, c’est-à-dire devenir plus ou moins parfait. Et c’est en raison de cette correspondance aux dons de Dieu que certains hommes seront supérieurs aux anges mêmes et que la T.S. Vierge est devenue leur reine. Nous pouvons, nous aussi, monter sans cesse et acquérir une perfection toujours plus grande.

II. – Y a-t-il en Dieu une justice? Non, si on entend la justice commutative; oui, s’il s’agit de la justice distributive. Les dons naturels sont différents suivant les individus, mais Dieu donne à chacun ce qui convient à sa nature. Il ne nous doit rien, ce qu’il nous donne est purement gratuit, et, chose merveilleuse, il veut nous devoir quelque chose. Il nous accorde des biens qui sont une conséquence de ce que nous avons fait. Corona justitiae, quam reddet mihi Dominus in illa die justus judex. Il nous traite d’abord selon sa miséricorde par les dons gratuits, et suivant l’usage que nous en faisons sa justice s’exerce sur nous. Per quae quis peccaverit, per haec et torquetur. Qu’est-ce que la miséricorde de Dieu? Ce n’est pas comme dans l’homme, miserum cor. Dieu n’a pas de compassion, il agit comme s’il en avait. Infiniment bon, il aime l’être, et quand cet être se révolte, il ne le traite pas encore en toute rigueur: Misericordiae Domini, quia non sumus consumpti. Il réserve sa justice là donc pour son propre Fils, proprio filio non pepercit Deus. Il exerce même sa miséricorde dans l’enfer, ne punissant pas les damnés autant qu’ils le méritent.

Redoutons donc la justice de Dieu, mais ayons recours à sa miséricorde. Tremblons et espérons. Les saints arrivent à mettre en eux ce juste tempérament: Confige timore tuo carnes meas, et misericordias Domini in aeternum cantabo. Misericordia et veritas obviaverunt sibi, justitia et pax osculatae sunt. Le religieux est dans un état saint, mais il n’est pas toujours saint, il doit donc rester dans la crainte, in timore et tremore, et recourir à l’amour qui tranchera toutes les difficultés.

Notes et post-scriptum