Novembre 1872 – Etudiants assomptionistes

Informations générales
  • TD44.287
  • [Cours de théologie mystique]
  • Orig.ms. CQ 209; T.D. 44, pp. 287-288.
Informations détaillées
  • 1 BUT DE LA VIE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 SCOLASTIQUE
    1 THEOLOGIE
    1 THEOLOGIE MYSTIQUE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VOIE UNITIVE
  • Etudiants assomptionistes
  • Novembre 1872
La lettre

Première conférence.

Mes très chers frères,

Le but de la théologie, c’est Dieu. Saint Thomas divise admirablement la théologie en trois parties: 1° de Dieu; 2° du mouvement des créatures vers Dieu; 3° des moyens de s’unir à Dieu.

A proprement parler, la théologie mystique ne s’occupe que du but de la vie chrétienne, le moyen de s’unir à Dieu, et même ne s’en occupe que par un côté assez restreint: l’union à Dieu dans les trois degrés de la vie purgative, illuminative, unitive.

Il m’a paru utile d’élargir le cadre, et prenant saint Thomas pour guide, de parler de Dieu, des créatures, et de l’union des créatures à Dieu. Seulement je laisserai de côté les points controversés et je ne m’arrêterai qu’aux questions incontestables, d’où nous pourrons déduire les sujets qui peuvent se rapporter à la piété.

Les règles de la perfection sont sans doute ce qu’il y a de plus simple, mais le difficile c’est l’application. Rien de plus vrai: plenitudo legis dilectio. Mais comme cette parole est comprise en des sens divers!

Il faut des développements où la méditation fait sans doute beaucoup, mais où elle ne puisse tout faire. Il faut l’étude, il faut la connaissance des principes et de leurs conséquences.

Or pour nous rendre compte des études à faire, je pose 4 questions: 1° Que faut-il entendre par la vie intérieure qui unit à Dieu?

2° Comment l’Ecriture Sainte nous fait-elle connaître Dieu?

3° Comment Jésus-Christ est-il notre guide vers Dieu?

4° Quels moyens l’Eglise nous fournit-elle d’aller à Dieu?(1)

[Seconde conférence]

… elle atteignit l’apogée de son éclat, quand saint Thomas l’enseigna dans l’université de Paris pendant des siècles avec des fortunes diverses. Elle dirigea l’enseignement catholique; et si des questions très secondaires vinrent troubler ses docteurs, on peut affirmer qu’au fond les grands principes restaient immuables. Il y avait une philosophie chrétienne, à laquelle l’Eglise prodiguait ses encouragements, parce qu’elle en faisait le vestibule de la théologie.

La Réforme modifia tout cela. De la science scolastique on passa à la controverse de la théologie, de l’argumentation on passa à la théologie des textes. C’était nécessaire, mais cela ne pouvait durer. L’autorité des textes ne pouvait être longtemps grand’chose, avec des hommes qui reconnaissaient à peine l’autorité de la Bible et qui, à l’aide de leur libre examen, bientôt ne la reconnurent plus.

La théologie positive, née avec la Réforme, ne peut être un arsenal suffisant avec les progrès de l’incrédulité; et, comme me le faisait remarquer un des grands théologiens de l’époque, les élèves du séminaire doivent être préparés à la lutte contre les ennemis de la foi, bien plus avec la Somme contre les Gentils qu’avec la Somme théologique. Pourquoi? Parce que le siècle tourne bien plus à l’incrédulité et au paganisme qu’à l’hérésie, dont le temps est passé.

Croire ou ne pas croire, là est la question.

Notes et post-scriptum
1. Caetera desiderantur.