RETRAITE AUX ENFANTS DE SAINT-MAUR, 1866.

Informations générales
  • TD52.063
  • RETRAITE AUX ENFANTS DE SAINT-MAUR, 1866.
  • 6. ESPRIT DE FOI.
  • Orig.ms. BN16, pp. 221-224 et BN18 et 19; T.D. 52, pp. 63-66.
Informations détaillées
  • 1 AUGUSTIN
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DOUTE
    1 FOI
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA FOI
    1 LUTTE CONTRE SATAN
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PREAMBULES DE LA FOI
    1 RECHERCHE DE DIEU
    1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VERITE
    2 MASSILLON, JEAN-BAPTISTE
    2 PIERRE, SAINT
  • 1866
  • Nîmes.
La lettre

1° Nécessité de la foi. 2° Les dangers de la perdre. 3° Les moyens de la conserver.

1° Nécessité de la foi.

Faiblesse de notre intelligence. – La foi en est la force.

Ses obscurités. – La foi en est la lumière.

Et cependant la foi est nécessaire. Qu’est-ce que l’ordre humain sans la foi humaine? De même qu’est-ce pour nous que l’ordre divin sans la foi divine?

Pour aller à Dieu. Quicumque vult accedere ad Deum, oportet credere quia est.

Sine fide impossibile est placere Deo.

Pas de prière sans la foi: Quomodo invocabunt, in quem non crediderunt.

La foi, c’est la vie du juste. Justus ex fide vivit.

2° Dangers de la perdre.

Rien de plus dangereux que de perdre la foi.

La foi est nécessaire, la foi humaine ne l’est pas moins au monde humain.

L’âme retombe du ciel sur la terre;

Sans elle plus d’espérance,

Plus d’amour,

Plus de victoire sur Satan: Cui resistite fortes in fide.

Rien de plus facile avec les entraînements de la pensée.

Rien de plus important que de comprendre un pareil péril.

Quis nescit obliterari quotidie fidem commercio infideli.

Chutes certaines.

La faiblesse de votre coeur, dit Massillon, ne vient que de la faiblesse de votre foi.

St Pierre sur les eaux. Modicae fidei, quare dubitasti.

3° Moyens de conserver la foi.

Le 1er moyen l’humilité, le 2° l’humilité, le 3e l’humilité.

Pourquoi? – Parce que le principe de l’incrédulité c’est l’orgueil.

2° Parce que les révoltes de la chair qui sont un principe d’incrédulité sont vaincues par l’humilité.

3° Parce que J.C. a voulu nous instruire dans l’humilité, et c’est dans l’humilité qu’il est venu vers nous.

Signum ejus est humilitas ejus.

Jésus, auteur et consommateur de la foi, n’est présent qu’aux âmes humbles.

La prière humble. Adauge nobis fidem.

3. – ESPRIT DE FOI [Notes sur feuille séparée].

Justus ex fide vivit.

Voir les choses comme Dieu les voit. Ceci implique quatre réformes.

1° Réforme de nos idées. – Les idées humaines. – La sainteté des idées de la foi.

2° Réforme des jugements. – On tire certaines conséquences des idées humaines. Il faut tirer des conséquences des idées de la foi; ceci est plus difficile.

3° Réforme du mobile des actions. – Supposons les actes bons ou indifférents et les motifs naturellement bons; cela ne suffit pas, il faut quelque chose de plus, il faut surnaturaliser les intentions.

4° Réforme de la vie toute entière.

Les actes extérieurs ne sont rien que par le sens qu’on leur donne.

Mais quand le mobile change, tout nécessairement change.

PAROLE DE DIEU PRINCIPE DE LA FOI.

En parlant du principe de la foi, il faut remonter pour ainsi dire à son germe et se rappeler ce que dit St Augustin dans le livre De Spirit. et littera. De hac fide nunc loquimur, et caet. n. 94. Il y a foi en Dieu et foi dans l’homme, et la foi est le lien entre Dieu et l’homme. Dieu est fidèle en ce sens qu’il tient ses promesses; l’homme est fidèle en ce sens qu’il croit aux promesses. Mais pour avoir un motif de croire, il faut que ce motif subsiste. Or en quoi l’homme place-t-il son motif de croire? Dans la véracité de Dieu. Dieu ne présente pas lui-même d’autre motif, lorsqu’il commande qu’on le croie, sinon qu’il est la vérité même. Mais cette vérité qui est, selon St Thomas, une équation entre l’objet et son affirmation, qu’est-elle en Dieu? Car la vérité affirmée de Dieu doit être égale en Dieu, ou plutôt la vérité de Dieu doit présenter une affirmation égale à Dieu. Mais Dieu étant infini, l’affirmation sera infinie, et cette affirmation sera Dieu par conséquent. Cette affirmation de Dieu sera son expression, sa parole, sa vérité. Voilà comment la parole de Dieu est infinie, Dieu s’affirme d’une manière infinie parce qu’il est infini lui-même, mais notre intelligence étant finie nous serons éternellement incapables de comprendre l’affirmation de Dieu en soi. Serons-nous pour cela incapables d’affirmer Dieu? Non, et Dieu proportionnant une affirmation de lui-même à notre intelligence nous parle selon notre faiblesse. Sur quoi alors sera basée notre foi en Dieu? Sur l’affirmation extérieure qu’il en fera. Mais sur quoi reposera cette affirmation extérieure? Sur son affirmation intérieure infinie, qui est dans son sein, qui est son Verbe. Et voilà comment notre foi fondée sur la parole de Dieu extérieure, laquelle est fondée sur la parole qui est Dieu, repose en dernière analyse sur l’essence même de Dieu.

Reste toujours la difficulté: par quel moyen Dieu infini se communique-t-il à l’homme fini? En prenant des termes finis à son choix, et dès lors la question n’est plus que celle-ci: Comment deux intelligences finies peuvent-elles communiquer entre elles? Vous direz, mais Dieu se proportionnant à des termes finis n’a plus que l’autorité d’un être fini qui est trompeur. Prenez garde, l’homme ne peut avoir une certitude plus grande que celle dont sa nature est capable. Ce que Dieu peut faire, c’est de se proportionner à sa nature et dans les termes convenables à sa nature, de lui montrer la plus grande vérité croyable. Mais pour cela il faut non seulement l’enseignement, il faut de plus la grâce.

Dieu peut encore certainement découvrir à l’homme l’infini dans le fini, mais de telle sorte que l’homme sentira toujours les limites qui l’environnent.

Notes et post-scriptum