Aux Adoratrices

AUG 1862 Nîmes ADORATRICES
Informations générales
  • Aux Adoratrices
  • Sur l'oraison
  • ECRITS SPIRITUELS, pp. 1274-1277 et Cahiers d'Alzon, 17, pp.146-150.
  • CC 1, pp. 41-47 (cahier d'inconnue).
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 AMOUR DIVIN
    1 APPRECIATION DES DONS DE DIEU
    1 CAPRICE
    1 DIEU LE PERE
    1 GRACES
    1 LACHETE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 ORAISON
    1 PROVIDENCE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REVOLTE
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SENTIMENT DES DROITS DE DIEU
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE SACRIFICE
  • Adoratrices du Saint-Sacrement
  • ADORATRICES
  • août 1862
  • AUG 1862
  • Nîmes
La lettre

Le Père dit aux Adoratrices:

Mes filles,

Nous avons deux moyens pour nous mettre en rapport direct avec Dieu: l’oraison et la communion; aujourd’hui nous parlerons du premier.

Dieu est puissance.

Une des causes qui rend notre oraison comme stérile, c’est que nous ne sommes pas assez pénétrés de la présence, de la grandeur, de l’être de Dieu… Dieu est essentiellement Puissance, Lumière et Amour. La puissance de Dieu remplit l’univers, il est en tout, il est partout; nous sommes en lui, nous vivons en lui, nous respirons en lui comme dans un Océan. Nous sommes encore plus en Dieu que nos corps ne sont dans l’air, et que les poissons ne sont dans l’eau. Si, habituellement, nous sommes tellement entourés par la divinité, que nous ne pouvons penser ni agir en dehors d’elle (sans toutefois rien perdre de notre liberté), n’y sommes-nous pas d’une manière plus particulière, quand nous nous séparons des objets extérieurs, pour nous recueillir en sa présence; c’est alors que sa présence devrait nous pénétrer d’un profond sentiment de dépendance, qui donnerait à notre oraison et à notre adoration, une force qu’elles n’ont pas. En reconnaissant dans toute son étendue le souverain domaine de Dieu sur nous, tomberaient tous ces caprices auxquels nous ne nous laissons que trop aller… Oui, mes filles, laissez-moi vous le dire, nous ne traitons pas Dieu avec assez de respect! nous ne le prenons pas au sérieux! Nous nous donnons, nous nous reprenons; nous traçons notre voie, nous limitons nos sacrifices, en un mot, nous oublions que Dieu est notre souverain Maître, que nous sommes en lui, que nous vivons en lui, qu’il est témoin de toutes nos pensées d’indépendance, et de toutes nos révoltes… Nous semblons lui dire: Voyez, Seigneur, je veux bien être à vous, mais vous m’accorderez ceci, et cela!

Que nous les reconnaissions ou non, les droits de Dieu sont bien réels; cette puissance infinie, qui nous entoure de toute part, saura bien nous conduire où elle veut que nous allions. Alors pourquoi ne pas nous laisser mener par elle?…Reconnaissons entièrement le souverain domaine de Dieu sur nous, et tenons-nous prêtes à tous les sacrifices qu’il nous demandera et qu’il a le droit d’exiger… Peu importe ce que nous ferons et ce que nous deviendrons pourvu qu’en tout nous accomplissions la volonté de Dieu.

Dieu est lumière.

Dieu est aussi lumière par essence; lui seul a la connaissance exacte de ce qu’il est, et de la valeur réelle de toute chose. Il est tout à la fois lumière et sagesse. – Cette sagesse et cette lumière sont telles, que si elles se révélaient à nous, nous ne pourrions le supporter, elles nous écraseraient et nous anéantiraient à l’instant même… Aussi Dieu en se manifestant à nous se proportionne-t-il à la faiblesse de nos yeux, et à la portée de notre intelligence; néanmoins ce regard et cette intelligence ont différents degrés, il ne dépend que de nous d’y atteindre. Demandons à Dieu, dans l’oraison, de nous donner la puissance d’y voir plus clair; adressons-nous à cette divine sagesse, pour qu’elle nous apprenne à connaître les choses, telles que Dieu les connaît…, à les juger, comme il les juge et les apprécie.

Si nous nous efforçions, pendant l’oraison, de nous approcher de cette divine lumière, notre oeil se fortifierait, nous découvririons en nous ce qui nous échappait autrefois, et ce que nous n’y apercevions pas… Nous élevant ensuite plus haut, nous apprendrions à mieux connaître Dieu, nous pénétrerions plus avant dans le secret de ses divines perfections, et nous puiserions dans les trésors de sa sagesse. Oui, mes filles, si nous ne mettions pas obstacle aux rayons de cette divine lumière, si nous savions davantage nous oublier auprès de Dieu, en ne revenant pas sans cesse sur ce qui nous touche et nous froisse, nous nous plongerions autrement dans cette adoration, qui n’est après tout que la reconnaissance du souverain domaine de Dieu sur nous. En nous perdant en lui, nous acquerrions la force et la liberté qui nous manquent, pour être prêtes à aller là, où Dieu nous veut.

Dieu est amour.

Dieu n’est pas seulement puissance et lumière, il est encore amour! Oh que nous connaissons peu cet amour qui veille sans cesse sur nous, qui nous entoure de tant de sollicitude, qui nous prévient de tant de grâces et nous invite à jouir de lui, pendant l’éternité. – Il est effrayant de voir combien cet amour est méconnu; combien il remplit peu nos coeurs; nous ne lui en livrons qu’une partie, et nous réservons le reste pour la créature, et cela, avec un laisser-aller et une telle facilité, qu’on sent comme le peu de cas que nous faisons de l’amour d’un Dieu. – Tous les hommes ne devraient-ils pas être émus de se voir tant aimés! Leur vie ne devrait-elle pas être un acte continuel d’amour et de reconnaissance? Non, au lieu de cela on se préoccupe de politique, de science, de commerce, d’affection, et de Dieu? jamais ou presque jamais! Sans aller chercher loin d’ici, mes filles, nous qui avons été prévenus de tant de grâces, qui recevons si souvent Notre-Seigneur dans notre âme, notre vie est-elle une vie d’amour?… C’est là ce qu’il y a d’étonnant et d’incompréhensible, que nous soyons si froids, si lâches, si préoccupés des créatures, si pleins de nous-mêmes, aux pieds de Notre-Seigneur, de ce Dieu que nous venons adorer, et que nous devrions uniquement aimer…

Que désormais notre oraison soit plus sérieuse, abandonnons-nous à la puissance de Dieu, pour qu’il fasse de nous ce qu’il voudra; à sa lumière, pour qu’elle nous éclaire sur nos misères, sur le néant des créatures et la grandeur de Dieu; enfin à son amour, pour qu’il remplisse à lui seul notre coeur!

Notes et post-scriptum