Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 325

1880-feb-28 Nîmes CHAPONAY Comtesse

II a été occupé par de petites misères – Opération répétée de M. de Chaponay – Bonnes nouvelles de Pierre – Présence à demeure du Saint-Sacrement.

Informations générales
  • PM_XV_325
  • 6894 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 325
  • Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/67. Transcription ACR BG 224/67. Code informatique B06462.
Informations détaillées
  • A MADAME LA COMTESSE ANTONIN DE CHAPONAY
  • CHAPONAY Comtesse
  • Nîmes 28 février [18] 80.
  • 1880-feb-28
  • Nîmes
La lettre

Bien de petites misères m’ont empêché de vous répondre plus tôt, ma chère fille, et de vous remercier des nouvelles que vous voulez bien me transmettre de ceux qui vous sont chers.

Il est fort heureux que M. de Chaponay ne se laisse pas envahir par l’ennui d’une opération qui n’est pas dangereuse, mais que peut-être faudra-t-il répéter souvent, car lorsqu’on se résout à cette sorte de traitement, il faut en général le répéter plusieurs fois.

Ce que vous me dites de Pierre me donne une grande joie et doit vous en procurer une très profonde. Il n’est pas étonnant que ce qu’il a vu et qu’on lui a appris ait été pour lui une très ample matière à réflexion. Quand on est frappé par un grand événement et qu’on s’est senti momentanément atteint, on se replie plus aisément sur soi-même, et, si le cœur est droit, le cœur bon, la raison finit par avoir raison des passions les plus tumultueu-ses et les plus exigeantes.

Oui vous devez profiter de votre solitude, vous pouvez, vivre en très grande perfection parce que vous pouvez donner beaucoup à N[otre]-S[eigneurl, d’abord de votre temps, puisque vous en avez, puis de vos priè-res et surtout de votre amour dans un perpétuel sacrifice de vous-même. C’est pour cela que je ne saurais trop vous engager à avoir le Saint Sacre-ment dans votre chapelle puisque vous en avez la permission. Vous avez pu juger de ce qu’il a été pour les habitants de Lascours (1). Je suis convaincu qu’il apportera les mêmes biens à La Flachère (2) et que Notre Seigneur vous dira dans votre chapelle ce que personne ne vous dira mieux que lui.

Adieu, ma chère fille, je prie bien pour vous, rendez-le moi et veuillez croire à mon très profond attachement en N[otre]-S[eigneur].

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) Lascours, lieu-dit de la propriété qui a donné son nom à la famille d'origne de Mme de Chaponay, près de Ribaute-les-Tavemes (Gard).
(2) La Flachère est la résidence de campagne de la famille de Chaponay. Ce lieu-dit, situé sur les communes de Saint-Vérand, du Bois d'Oingt et de Legny (Rhône) comprenait un vaste domaine constitué de bois, de terres cultivées avec fermes et de fri-ches pour un ensemble d'un total de 260 hectares, dépendant d'une grande maison de maî-tre, aujourd'hui dans un état proche de l'abandon.