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Nos sociétés connaissent différentes manières de revisiter le passé pour mieux envisager l’avenir : évaluation, bilan, debriefing… La relecture se place à un niveau spirituel. Il s’agit de chercher les signes de Dieu dans notre vie, de discerner ses appels, et de tenter de vivre conformément à l’Évangile. Il existe dans la tradition chrétienne de nombreuses manières de procéder, comme la relecture ignacienne ou le « voir-juger-agir » de l’Action Catholique. Augustin n’est pas en reste. Il n’a certes pas systématisé de méthode précise. Mais, en scrutant ses écrits, il est possible de dégager plusieurs critères qui peuvent nous aider à revisiter notre passé, pour déceler les traces de Dieu dans nos existences. Une pratique à utiliser sans modération !
L’histoire des relations entre Juifs et Chrétiens est toujours un sujet sensible à aborder. Il est en effet impossible de les envisager sans penser aux horreurs du XXe siècle et de la Shoah. Il y a bien toute une histoire de l’antijudaïsme chrétien, des origines jusqu’à l’époque contemporaine. Deux écueils sont à éviter : celui du déni de l’histoire comme celui d’une condamnation tout azimut avec des lunettes contemporaines. Plusieurs textes d’Augustin sont en effet polémiques envers les Juifs, mais il est nécessaire de les resituer dans leur contexte et de resituer ces passages dans la polémique des Pères de l’Église contre leurs adversaires théologiques. On trouve également des ouvertures dans la théologie augustinienne d’Israël, Augustin valorisant le rôle du peuple juif dans l’histoire du salut. Finalement, les relations entre Juifs et Chrétiens sont compliquées, comme peuvent l’être des relations familiales !
Régulièrement, des diocèses ou des communautés religieuses lancent des « années de l’appel » pour stimuler la pastorale vocationnelle, au sens large ou strict du terme. Comme de plus en plus de jeunes aujourd’hui, dans des sociétés multiculturelles où la foi ne va plus de soi, Augustin ne s’est pas contenté de suivre un chemin tout tracé. Jeune homme hésitant, il a pris le temps pour écouter l’appel que Dieu lui lançait, et pour se donner les moyens d’y répondre. Ce qu’il a fait, non sans difficultés : la peur de se donner entièrement peut toujours paralyser même les cœurs les plus généreux. Son parcours peut toujours inspirer les chercheurs de Dieu contemporains !
Plus que jamais, dans des sociétés en voie de sécularisation, l’initiation chrétienne est un chantier prioritaire. La vie chrétienne ne s’arrête pas au baptême, mais se poursuit toute la vie. Cela nécessite une solide formation, donnée notamment par la catéchèse. Les pasteurs chrétiens de l’Antiquité en étaient pleinement conscients, à une époque où bon nombre de baptisés étaient des adultes. Augustin nous a légué de nombreuses indications sur sa méthode catéchétique. Dans ses sermons destinés aux néophytes, qui avaient été baptisés la veille, l’évêque d’Hippone expliquait le sens des rites. Dans son traité La première catéchèse (De catechizandis rudibus), il prodigue des conseils à l’égard d’un diacre qui se démoralise de ses échecs. De quoi inspirer peut-être ceux qui peinent dans la tâche de l’initiation chrétienne !
Le désir… voilà un mot qui a souvent droit de cité dans les unes accrocheuses des magazines ou sur les pages d’accueil des sites internet d’information, avec le sens de désir sexuel. Mais le désir est une réalité beaucoup plus large qui se retrouve chez les auteurs spirituels. Chez Augustin, il désigne l’élan de l’homme à la recherche du bonheur, ce moteur intérieur qui le met en mouvement et l’invite à chercher son accomplissement. Le point d’équilibre se trouve en Dieu, selon la fameuse phrase des Confessions : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi. ». Avec Augustin, essayons de creuser notre désir et de l’orienter vers Dieu !
Depuis l’entrée en fonction du pape François, le projecteur de l’Église se braque régulièrement sur les pauvres, les fameuses « périphéries existentielles ». Pour l’institution ecclésiale, l’enjeu est de ne pas se confondra avec une ONG parmi d’autres, tout en se montrant concrètement solidaire et à l’écoute de ceux qui sont dans le besoin. Mais il faut aussi s’entendre sur le mots : la pauvreté, au sens d’ascèse, peut aussi avoir un sens positif, même si Augustin sera confronté à des Pélagiens qui développeront une conception extrême de la pauvreté volontaire en diabolisant les richesses. Pour Augustin, ce qui compte d’abord, c’est le partage. Cela permet à l’évêque d’Hippone d’avoir un discours à l’égard des plus riches, sans diabolisation ni bénédiction béate.
Il est sans doute devenu un lieu commun de dire que la famille reste le point de repère et d’ancrage préféré de nos contemporains. Pourtant, c’est une institution qui n’a cessé d’évoluer, au point d’être l’objet de deux synodes des évêques qui ont abouti à l’exhortation Amoris Laetitia. Augustin a dû lui aussi préciser sa pensée sur la famille, à partir de ce qu’il a connu dans sa propre famille, mais aussi dans ses traités ou ses sermons. Et une bonne partie de cette pensée est toujours actuelle…
On l’appelle parfois le « divin méconnu »… Il est si discret que les chrétiens occidentaux en sont venus à le mettre de côté dans leur manière de penser Dieu. Heureusement pas dans leur manière de vivre de Dieu ! Il est parfois bon de venir nous ressourcer auprès des auteurs anciens pour redécouvrir l’importance de l’Esprit Saint. Celui-ci est au cœur du mystère de la Trinité, que nous n’aurons jamais fini de comprendre. C’est aussi l’Esprit Saint qui a répandu la charité dans nos cœurs, et qui rend possible la communication avec Dieu. Alors, avec Augustin comme guide, partons à sa redécouverte !
Le Moyen Âge s’est souvent réclamé d’Augustin, et parfois à tort. C’est le cas notamment du domaine politique, où un « augustinisme politique » a voulu mettre sous la postérité d’Augustin une conception théocratique de la société : la chrétienté rêvée où l’État serait complètement subordonné au bon vouloir de l’Église. On chercherait en vain une telle conception dans la Cité de Dieu, qui décrit en réalité l’itinéraire des croyants au milieu d’un monde marqué par l’amour égoïste de soi. En revanche, comme évêque, Augustin s’est retrouvé directement impliqué dans les affaires de son temps, intervenant pour faire respecter les droits de l’Église, mais aussi pour tempérer la rigueur de la justice civile. Augustin n’est pas le théoricien de l’Inquisition !
Mettre en lien un Père de l’Église et un concile qui a eu lieu 1500 ans plus tard peut paraître bien étrange… Pourtant, Augustin y a participé d’une certaine manière. Les années d’avant-concile ont été le lieu d’une importante redécouverte des auteurs patristiques, Augustin y compris. Un jeune expert de l’époque, Joseph Ratzinger saura s’en inspirer, tout comme plusieurs textes conciliaires. Ce numéro de la revue est aussi l’occasion d’étudier l’organisation des Églises à l’époque d’Augustin et la manière dont cette organisation a joué dans la résolution des grandes controverses de l’époque.
Depuis les années 1980, l’écologie est devenue petit à petit une préoccupation majeure pour une bonne partie de nos contemporains qui s’inquiètent de l’état de la planète. La parution de l’Encyclique Laudato si’ (juin 2015) a été saluée bien en dehors des cercles chrétiens et montre que l’Eglise a aussi quelque chose à dire à notre monde. Si à l’époque d’Augustin, on ne songeait pas encore à la protection de la création, l’évêque d’Hippone a lui aussi quelque chose à nous dire. Œuvre de Dieu, la création est placée sous la responsabilité de l’homme qui n’est pas au-dessus, mais qui est en fait partie. Elle est aussi un chemin de louange qui nous fait désirer la beauté du monde à venir !
Prières juives, les psaumes ont nourri et nourrissent toujours la prière de générations entières de chrétiens. Augustin n’y a pas fait exception. Il nous a en plus légué un commentaire suivi des 150 psaumes. Issus d’un autre contexte que le nôtre, ces psaumes peuvent nous dérouter, voire nous choquer à cause de la violence qui s’y exprime. Augustin nous propose une clé pour entrer dans leur compréhension : le Christ, intimement relié à l’Église.
La primauté absolue de la grâce est une question sur lequel Augustin est resté inflexible toute sa vie. Les Confessions racontent son itinéraire de vie et montrent comment l’homme se perd lui-même, s’il vit loin de la grâce de Dieu. Augustin sera poussé dans ses retranchements par les pélagiens, adversaires tenaces, contre lequel il devra défendre les droits de la grâce de Dieu. Il nous interpelle en même temps, et à la suite de saint Paul, il nous demande « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » (1 Co 4,7)
Augustin a toujours résisté quand on prétendait lui dicter ses choix, dans quelque domaine que ce soit. Il ne prêtait l’oreille qu’à son cœur. Sa seule boussole était l’amour. Aux jeunes d’aujourd’hui, il n’a pas la prétention de se donner en modèle, ni de leur dicter la conduite à suivre. A chacun, il dit une seule chose : « A toi de choisir ! Mais commence par écouter ton cœur ! »
A la fin de sa Règle, Augustin invite ceux qui ont choisi la vie religieuse à « observer tous ces préceptes avec amour, comme des amants de la beauté spirituelle…, non comme des esclaves sous le régime de la loi, mais en hommes libres sous le régime de la grâce ». La vie religieuse suppose un choix libre. Sous le régime de la grâce, la contrainte devrait être inutile. Les « préceptes » de la Règle sont des béquilles, dont les vrais amants de la Beauté spirituelle se passent.
Sans doute, les auditeurs d’Augustin étaient en majorité des chrétiens, fidèles et catéchumènes. Ce sont eux qui viennent l’écouter à l’église. Mais à côté des chrétiens de la « Grande Eglise », il y a ceux qui ont fait schisme, les donatistes, ou qui adhèrent à d’autres croyances, les manichéens. Il y a surtout les païens, peu nombreux (pauci), dit-il, en réalité plus nombreux qu’il ne veut bien l’admettre. Aucune catégorie sociale ne le laisse indifférent. Car ce qui est en jeu, c’est le salut, et Augustin ne se résigne à la perte de personne.
Les Itinéraires Augustiniens (n°20) ont déjà consacré un numéro à l’Eucharistie. Si nous y revenons, c’est que l’Eucharistie – le « sacrement des sacrements » – nous conduit au cœur de la foi chrétienne. Elle contient « tout le mystère de notre rachat », comme l’avait compris Monique. Nous l’abordons cependant sous un angle différent. Si le n° 20 insistait sur le mystère de la présence du Christ dans l’Eucharistie – « une absence qui n’est pas une absence » – c’est sur la célébration que nous avons voulu mettre l’accent dans le présent numéro.
L’intitulé de ce numéro 45 des Itinéraires Augustiniens, « l’homme pécheur », requiert un mot d’explication. Il souligne d’emblée que le péché (le mal commis) n’est pas imputable à une nature étrangère, comme le pensaient les manichéens, mais relève de la responsabilité de l’homme. Il est à mettre au compte non d’un principe mauvais, mais du libre arbitre. La souffrance et la mort même (le mal subi) en sont des conséquences. Autrement dit, le mal, quel qu’il soit, relève de l’usage désordonné de la liberté.
Voir le cœur de l’Ecriture avec les yeux du cœur, c’est y voir le Christ. Dans la forêt de l’Ecriture, on peut déceler des sens multiples. Mais si plusieurs sens sont légitimes, le Christ en est le critère ultime pour évaluer la diversité des interprétations. « Quand le Christ lui aura été révélé dans les paroles de l’Ecriture, qu’il (le lecteur) sache qu’il en a l’intelligence, mais tant qu’il n’aura pas compris le Christ dans ces mêmes paroles, qu’il n’ait pas la présomption de croire qu’il les a comprises » (in Ps 96, 2).
« Il est une joie qui n’est point donnée aux impies, mais à ceux qui te servent gracieusement ; leur joie, c’est toi-même. Et la vie heureuse, la voilà, éprouver de la joie pour toi, de toi, à cause de toi. » (Confessions X, 22, 32)