Au rythme des saisons et des caprices de la météo, à Lavagnac : Dieu et le diable !

Je suis distrait. L’Hérault est dans la plaine, avec ses eaux rouge-sang. Une pluie battante tombe sur les arbres et les toits, un peu même dans la maison. Mais c’est un détail. Oui il pleut, et très fort. Ah! que vous avez bien fait de préférer l’Assomption aux zouaves! Voyez si vous n’avez pas envoyé plus de balles au diable et à la Révolution de nos donjons que vous n’en eussiez envoyé à Garibaldi et à Bismarck, à Mentana et à Patay. Et puis, je vous ai. Mais il faut être détaché de tout ceci. La pluie redouble, paisible, grave, sans vent. Un déluge pacifique. Sûr de son fait, l’Hérault qui avait baissé remonte; c’est sûr. La victime est toujours prête, mais que va-t-il arriver? Oui, j’ai été très fatigué à Nîmes, plus des retraites, plus ma névralgie qui maintenant ne me visite que la nuit. Oh! quels torrents! Heureusement, Lavagnac est haut perché, mais les Delpont? Dans la cave, au rebours de Cana, ils auront le vin changé en eau. Ce n’est pas gai. Ah! voilà ce qui arrive. La grêle au printemps avec des grêlons comme la main, dit M. Bauchet – il les a vus -; pendant l’été le phylloxéra, l’automne les inondations. Et Dieu soit béni! Mais cette fois, le diable ne sera pas rôti, il pleut trop.

Lettre au P. Vincent de Paul Bailly (Lettres, t. X, p. 324-325).

Les caprices de la météorologie qui font toujours la une des informations sous toutes ses formes, sont souvent une entrée en matière commode pour tout échange. Le P. d’Alzon qui connaît le caractère impétueux de son disciple, profite de la circonstance pour lui envoyer quelques salves, paisibles ou pacifiques, mais variées comme le temps!