De l’esprit de discernement et de bon conseil.

Défiez-vous de ces personnes qui vont conter de ces histoires à de nouveaux confesseurs. Elles ne disent pas tout, en effet. Il m’est arrivé, à moi aussi, de donner mon crucifix à une de ces bohémiennes, et puis je sus par la police qu’elle avait été tromper je ne sais combien de personnes. Pour mon compte, après l’avoir si bien traitée, je la mènerais un peu rudement. Il y a des vipères qui font métier de tromper ainsi. Je ne dis pas qu’il ne faille rien croire, ni qu’elle n’ait pas fait quatre fois plus qu’elle n’en dit; mais si elle finissait par accoucher d’une belle déclaration d’amour, tout laid que vous êtes, rien ne me surprendrait dans ce manège, et plus tard elle donnerait votre crucifix comme preuve de votre correspondance. Il faut lui dire de faire une neuvaine, de faire le chemin de la croix, de jeûner. Le jeûne et la prière chassent les démons muets, nous dit Notre-Seigneur (1).

Lettre au P. Victorin Galabert (Lettres, t. III, p. 144).

(1) Mt 17, 21. Le P. d’Alzon ne confond pas la vertu de prudence avec la pusillanimité. Il sait par expérience que la conduite d’un prêtre dans son ministère ne peut faire fi d’un sens aigu de psychologie tant humaine que spirituelle. Le P. Galabert était pour sa part suffisamment humble pour ne pas être offusquépar le portrait peu flatteur qu’il recevait en la circonstance de son supérieur.