Fête-Dieu (fête du Corps et du Sang du Christ ou du Saint-Sacrement).

Mon ami, je vous engage à passer, pendant l’octave du Saint-Sacrement, un peu plus de temps que de coutume aux pieds de Notre-Seigneur. Conjurez ce bon Maître, de vous remplir de saints désirs. La vie spirituelle s’est affaiblie en vous; il faut le conjurer de vous la rendre par ses communications. Hic est panis – oui, et il le déclare lui-même -: Hic est panis de coelo descendens, ut si quis ex ipso manducaverit, non moriatur (1). Et comment? D’abord, parce que nous nous attachons à lui par la foi, et qu’il y a là un principe de vie. Comment l’âme vit-elle autrement que par la vérité? Et comment elle qui est finie, bornée, saisit-elle la vérité infinie autrement que par la foi? Mais voyez le prodige. Celui qui est la vie éternelle en Dieu, qui est vie et lumière pour celui qui vient en ce monde (2), est pain encore pour travailler au-dedans de nous et comme à notre insu, tandis que nous donnons notre adhésion par la foi à la vérité, comme nos yeux en s’ouvrant adhèrent à la lumière extérieure; et nous entrons ainsi en communication avec les êtres vivants du dehors, [pendant que] notre être par la nourriture s’incorpore un principe extérieur de vie.

Lettre à François Picard (Lettres, t. I, p. 46).

(1) Jn 6, 50.

(2) Jn 1, 9. On comprend facilement à la lecture de cette correspondance que les premiers religieux étaient émerveillés des pensées que savait leur communiquer le Fondateur pour leur solide originalité, leur souffle de foi et d’énergie admirable.