La force du silence.

Une des plus grandes forces de l’âme religieuse, c’est le silence. Le Prophète a dit: ĞVotre force sera dans le silence et l’espoirğ (1), c’est-à-dire la prière. Ces deux grands moyens de sanctification se donnent la main: sans le silence, point de recueillement; sans recueillement, point de vie intérieure. En effet, si je parle trop, comment puis-je espérer d’écouter en moi ce que dira la Seigneur mon Dieu? Comment puis-je espérer de lui être uni? Comment puis-je me préparer à cette union, soit par des retours sur le passé, qui feront détester mes fautes et purifier mon âme, soit par des actes d’adoration et d’amour qui veulent une grande paix et une grande solitude de l’âme? Quelles sont à présent les causes pour lesquelles je viole le silence? Quand je les cherche, je trouve: 1° ma légèreté; je ne veux point fixer mon esprit; peu à peu je prends en dégoût les idées sérieuses, elles me fatiguent, m’épuisent, je n’en puis supporter le fardeau, 2° mon imagination, ma curiosité, mon esprit de critique, mon indépendance, l’horreur que j’ai de me connaître, le besoin que j’ai de m’étendre sur l’état de mon âme… Quand chercherai-je à parler un peu moins aux créatures et à écouter un peu plus Dieu?

Du silence, Directoire, ch. III, d’après Ecrits Spirituels, p. 88-89.

(1) Is 30, 15. La Bible de Jérusalem a comme version: ‘Dans la conversion et le calme était votre salut, dans la sérénité et la confiance était votre force’. Au sujet du silence, le P. d’Alzon écrivait en 1860: ĞIl y a bien un silence qui vient du démon muet; je déteste celui-là, car il inspire bien des phrases et des paroles inutiles. Mais que j’aime le silence produit par l’attention à écouter Dieu au fond de son cœur et le désir de l’y faire régner!ğ?