Ressusciter la prédication, fruit d’automne.

Le pèlerin dans ses voyages entend toujours, le plus qu’il peut, la messe du prône ou, au moins le dimanche, une de ces instructions simples, familières, pratiques, qui lui ont toujours fait plus de bien que les grands sermons à n’en pas finir. Il aime le genre naturel, surnaturel, et surtout pas antinaturel. Le genre naturel est celui des anciens évêques qui appelaient leur instruction au peuple des homélies, conversations. Les anciens évêques ne péroraient pas, ils causaient. Le genre surnaturel: ils n’avaient pas peur des prodiges racontés dans l’Evangile, ils étaient de l’école du miracle; tout étant miraculeux en Notre-Seigneur depuis sa conception et sa naissance jusqu’à sa résurrection et sa montée au ciel, ces grands docteurs montraient avec S. Augustin, qui les résume tous, que le plus grand des miracles eût été que le monde se fût converti sans miracles. Plus de genre antinaturel: voilà le difficile. Comment monter en chaire sanslancer quelques jolies phrases, sans jeter des fleurs de rhétorique à son auditoire, sans faire de grands gestes? D’abord Fénelon fait observer que les anciens évêques eussent été bien embarrassés pour faire des grands gestes, leurs immenses chasubles qu’ils ne quittaient pas pour prêcher les en empêchant; puis, ils savaient que pour qu’une instruction soit retenue, il faut qu’elle soit courte; courte, elle doit être substantielle, sans quoi on n’a pas le temps d’y mettre grand-chose.

Le Pèlerin, 20 octobre 1877, p. 657.

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