Souci de la santé de confrères.

Votre lettre, après bien des courses, m’a été remise hier soir. Je puis vous assurer qu’elle m’a procuré un bien grand plaisir, car j’allais vous proposer d’aller à Nîmes pour vous prodiguer mes soins autant que j’en suis capable, car je ne puis pas dire que je sois capable de grand-chose. Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de vous bien soigner, et, pour cela, suivez le conseil d’Hippolyte. Allez passer quelques jours au Vigan; vous y serez soigné par M. et Mme Durand, et l’air des Cévennes vous rappellera celui de votre Franche-Comté. Vous nous reviendrez fort comme un taureau, car je suis convaincu qu’une fois l’épreuve des chaleurs faite vous pourrez désormais très bien supporter notre climat. Vous me demandez des conseils pour sanctifier vos souffrances. Voici, mon cher enfant, ce qui ressort pour moi de tout cela: 1° Que nous sommes qu’un peu de poussière que le souffle de Dieu a animée, que le souffle de Dieu peut dissoudre et disperser; – nous avons beau faire, nous ne sommes pas autre chose… 2° Que Dieu sachant ce qui nous convient le mieux, s’il veut que nous soyons malades, il faut bénir sa volonté et l’accepter en toute humilité et reconnaissance; 3° Avant tout, Dieu aime la confiance; il faut donc s’exercer le plus possible à cette filiale confiance que Dieu sûrement récompensera.

Lettre au frère Etienne Pernet (Lettres, t. C, p. 492-493)

<br>