Travailler pour le Maître du champ, non en propriétaires.

M. Thiers a fait un ouvrage dans lequel il veut établir que le champ cultivé par le laboureur appartient à ce laboureur, uniquement parce qu’il est arrosé de ses sueurs. Je ne discute pas cette théorie en ce moment; mais le fait est qu’il y a en tout homme une propension extraordinaire à s’approprier le terrain qu’il cultive. Or, ce sont de charmants petits champs que vous avez à cultiver, de délicieux vergers, jardins potagers, tout ce qu’il vous plaira, que ces âmes et ces cœurs où vous voyez éclore, tantôt une fleur, tantôt un fruit à force de travail; et nous nous figurons facilement que ces âmes sont notre propriété. Nous ne faisons pas remonter à Dieu le parfum de ces fleurs, la suavité de ces fleurs; nous oublions que nous sommes entre ses mains, je ne dirai pas des machines, mais d’humbles instruments par lesquels il agit. Nous dirions volontiers: quel malheur que cet enfant me quitte, il n’y avait que moi qui pût lui faire du bien! Ainsi nous mettons notre esprit, nos pensées à la place de l’esprit catholique, des pensées de Notre-Seigneur… travaillons donc pour Notre-Seigneur et par lui accroissez son influence et non pas la vôtre. Portez Jésus-Christ aux âmes et ne vous y portez pas vous-même.

Auteuil, février 1869, d’après Ecrits Spirituels, p. 709-710.

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