L’Ami de tous les jours.

Avez-vous un crucifix et comment vous comportez-vous à son égard? D’abord, laissez-moi vous engager à vous en procurer un comme celui des religieuses. Il y a là un certain avantage. Les crucifix trop petits n’inspirent pas beaucoup de dévotion, (à moi du moins); les crucifix trop grands gênent. Si vos robes vous permettent de le porter sur vous, quittez-le le moins possible, mais arrangez-vous de façon que vous puissiez vous en servir, quand vous voudrez: le mettre sur une table, quand vous écrivez; sur vos genoux, quand vous travaillez; – afin de le regarder de temps en temps, et de le baiser; entre vos mains, quand vous vous endormez. Certes, rien n’est plus précieux que la communion fréquente et que l’adoration du Saint-Sacrement; mais on ne peut pas avoir toujours Notre-Seigneur substantiellement présent dans le cœur; on ne peut pas être constamment à ses pieds; on peut avoir toujours son image sur soi ou avec soi, et cette image vous dira bien des choses.

Lettre aux Adoratrices du Saint-Sacrement (Lettres, t. II, p. 267).

Au lendemain de la création de l’Association des Adoratrices, le Père d’Alzon leur adressa une série de lettres collectives pour entretenir la ferveur des débuts. Il y déploya les profondeurs de son âme dont ce passage porte la marque la plus explicite. Elle témoigne d’une grâce mystique dont le Seigneur venait de le favoriser, alors qu’il se trouvait malade à Lamalou, plongé dans les tourments de la crise financière qui mettait son collège de Nîmes en péril. Cette belle lettre sur le crucifix qui a été maintes fois reproduite, magnifique de simplicité, a sans doute réconforté plus d’un malade et ravivé son espérance au cœur de l’épreuve.