Transfiguration du Seigneur (1).

Pourquoi le Sauveur prend-il trois de ses apôtres, et les conduit-il à part sur une montagne, pourquoi leur apparaît-il entre Moïse et Elie, sinon pour leur indiquer les diverses étapes de l’humanité? Après Adam et la loi de nature vient Moïse avec la loi écrite, puis Elie avec la pénitence, la mission prophétique, puis la plénitude de la loi, Jésus-Christ. Et non seulement Jésus-Christ selon l’humilité de sa chair, mais aussi dans la splendeur de sa gloire, afin que le chrétien, contemplant les effets merveilleux opérés dans le corps de son Sauveur, puisse comprendre, quoique imparfaitement, quelque chose de ce qui se passait dans cette âme modèle de la sienne.

Homélie du P. d’Alzon, publiée dans Le Pèlerin, 16 mars 1878, p. 176.

(1) D’après le récit de le la Transfiguration, Mt 17, 1-9, Mc 9, 2-10 et Lc 9, 28-36. De 1877 à 1880, le P. d’Alzon a collaboré au Pèlerin en donnant au magazine une série d’homélies ou de prônes. Il avait sa propre conception de l’éloquence sacrée, estimant qu’une instruction, pour être retenue, se devait d’être courte mais substantielle. Il se reprochait d’avoir été trop long à ce sujet à l’époque de sa jeunesse, maladie hélas encore fréquente sous certaines latitudes où l’on confond homélie et bavardage: Ğ J’exige que notre prédication devienne de plus en plus nourrie, substantielle, doctrinale. Je vais, pour les religieux de Nîmes, faire une espèce de cours sur la prédication selon l’esprit de l’Assomption… Pourquoi tant de campagnes sont–elles gangrenées? Parce que les émissaires du diable y ont pénétré avec audace et que trop de catholiques ont été des chiens muets incapables d’aboyer au voleur, comme le veut le très doux saint François de Sales ğ.