Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 399.

• PM_XIV_399
• 0+548 f|DXLVIII f
• Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 399.
• Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 19, pp. 277-278.

• 2 BECHARD, FERDINAND
  2 BECHARD, MADAME FERDINAND
  2 CARBONNEL, ISAURE
  2 CARBONNEL, MESDEMOISELLES
  2 EVERLANGE, LEON
  2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL
  2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
  2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
  2 VALFONS, MADAME DE
• A SOEUR MARIE-VINCENT CARBONNEL
• CARBONNEL Marie-Vincent ra
• Nîmes, le 17 décembre 1847.
• 17 dec 1847
• Nîmes
• Evêché de Nîmes
• *Madame*
  *Madame Marie-Vincent chez les Dames de l'Assomption*
  *n° 76, rue de Chaillot*
  *Paris.*

Ma chère enfant,

Je suis assez embarrassé, je n’ai guère de temps à moi. Si je vous réponds en peu de mots, vous me trouverez laconique, si j’attends un moment de liberté, je risque de m’exposer à des reproches de paresse. Enfin j’ai la plume à la main, j’écris jusqu’à ce qu’on vienne me déranger. Hier déjà j’ai donné mon opinion à notre Mère. J’avais compté vous donner l’habit. Si l’on pense qu’il est prudent que je ne vous le donne pas, je ferai ce petit sacrifice, comme aussi je ne me trouve pas trop disposé à me préoccuper beaucoup de ce qu’on pourra dire et penser. Je me suis mis sur ce chapitre à pratiquer une étonnante philosophie.

Vos soeurs semblent résolues à rompre tout à fait avec moi. Elles m’ont fait redemander la montre, qu’elles m’avaient prêtée quand je perdis la mienne. M. Griolet me disait avant-hier qu’il désespérait de voir jamais Mlle Isaure prendre des idées raisonnables, surtout à mon égard. Tout ce que je ferai sera mal pris. Si vous recevez l’habit avant mon arrivée, elles nous accuseront de finesse; si je vous le donne, elles en diront bien d’autres. Que faire? Voir ce qui est mieux devant Dieu, sans plus tenir aucun compte d’une pareille déraison. Si vous n’avez pas encore écrit à Mme de Valfonds, vous pourriez lui faire part de votre embarras, mais ne vous y trompez pas, tout sera mal pris, du moment que vous ne consentirez pas à vous remettre à faire les quatre volontés de vos soeurs.

Il vous faut du courage sans doute, mais une fois votre parti pris, il vous sera facile de rester dans la ligne que vous vous serez tracée, et de vous mettre à l’abri de ces perpétuelles variations.

M. Griolet me parla aussi d’une lettre que vos soeurs ont écrite à M. ou Mme Béchard, et qui n’est sûrement pas des plus tendres. Il me semble qu’elles devraient s’apercevoir que cela leur fait plus de tort que de bien, mais c’est ce que ce saint abbé ne peut parvenir à leur faire comprendre.

Quant à vous, ma chère fille, je vous promets de prier Dieu de tout mon coeur pour que vous obteniez les grâces nécessaires aux nouvelles épreuves par lesquelles Dieu vous conduira à la sainteté de votre état. Veuillez dire à notre Mère que j’ai vu hier l’abbé Léon d’Everlange; il a pris avec un grand calme les détails que je lui donnai sur la santé de sa soeur.

Tout vôtre, ma fille, en Notre-Seigneur.