Faire des provisions du coté de Dieu et rester une âme de désir.

J’espère que vous êtes un peu remise des premières émotions de l’arrivée. C’est pour cela que je me permets de venir vous parler un peu sérieusement et vous rappeler que les joies les plus légitimes sont mortes, qu’il faut donc penser à Dieu et songer à ce qui est éternel. Que faites-vous jusqu’au 15 décembre pour l’éternité? Vous ne vous contentez pas de chanter tout l’été, il vous faut chanter l’automne et même l’hiver. C’est plus que la cigale (1). Quelles sont vos provisions? Qu’avez-vous mis de côté pour votre âme? Que comptez-vous y mettre, d’ici à quelque temps? Votre âme, votre âme! Ah! ma fille, que nous sommes fous de penser à autre chose, quand nous ne pensons pas à Dieu et à son Eglise! C’est un grand malheur de notre condition que les plus magnifiques dispositions de l’âme se traduisent par de si minces résultats pratiques, mais tout de même c’est toujours une bonne chose de désirer toujours. Il est impossible qu’il n’en reste pas quelque chose. Ainsi, je vous engage à désirer beaucoup, surtout à la communion. Il vous faut désirer d’être douce, humble, patiente, pauvre, méprisée, mortifiée, pénitente, charitable, femme d’oraison, pénétrée de la présence de Dieu, obéissante, zélée pour les intérêts de l’Eglise, unie par le fond de votre être à toutes les intentions de Notre-Seigneur

Lettre à Mme de La Prade ( Lettres t. III, p. 348).

(1) Le P. d’Alzon brode à partir des images que lui fournit la fable de La Fontaine sur la cigale et la fourmi.