H comme Hardiesse de l’amour surnaturel.

De plus, [notre amour] est hardi. Quand les périls sont si pressants, quand les gouffres se creusent si profonds sous nos pieds, quand les espérances de l’enfer se manifestent par des cris funestes comme ceux dont nous entendons tous les jours éclater la joie sauvage, suivre les prudentes théories de la chair, c’est-à-dire des intérêts humains et des combinaisons politiques, c’est plus que de la lâcheté, c’est de la trahison, c’est du sacrilège. On nous accuser de trop nous compromettre, et c’est là notre gloire. O hommes prudents, je soupçonne que vous trouviez Jésus-Christ bien téméraire quand il compromettait l’œuvre de son Eglise en mourant sur la croix; les martyrs étaient eux aussi des fous, et les apôtres des insensés, quand, avec un grand courage, ils rendaient, sous les persécutions des Juifs et des païens, témoignage de la résurrection du Sauveur. Pour nous, dans notre démence, nous sommes jaloux de la hardiesse des martyrs, de la témérité des apôtres et c’est avec cette hardiesse que nous prétendons aimer l’Eglise, la servir de tous nos efforts, nous souciant peu des jugements si contradictoires des hommes, et nous souvenant surtout que le monde a été sauvé par la folie de la prédication et la hardiesse impudente des prédicateurs.

Instruction du chapitre de 1868, d’après Ecrits Spirituels, p. 137-138.

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