Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 310

1878-may-3 Nîmes CHAPONAY Comtesse

Au pied de la croix, perfection, humilité, union dans la souffrance du Christ et prière pour l’Eglise – Daniel, homme de désirs – Bienfait de l’isolement et dangers de l’imagination.

Informations générales
  • PM_XV_310
  • 6319 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 310
  • Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/64. Transcription ACR BG 224/64.
Informations détaillées
  • A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
  • CHAPONAY Comtesse
  • Evêché de Nîmes, Nîmes le 3 mai 1878.
  • 1878-may-3
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Cette date du 3 mai (1) doit vous être précieuse, ma bien chère fille, car c’est surtout au pied de la croix que doit s’accomplir l’oeuvre de votre sanctification. Quand je pense à ce que je dois vous dire, je n’ai d’autre impression que celle de vous crier: soyez une chrétienne et très sainte et très cachée. La perfection et l’obscurité, voilà votre but. Joignez-y comme moyen la souffrance que les circonstances vous font et les pénitences que Dieu vous demande quelquefois. C’est au pied de la croix que doivent se passer les grands moments de votre vie, quand ils ne peuvent se passer devant le tabernacle. Ne vous découragez-pas: Dieu vous aime et toute douleur vous sera un profit si vous savez la bien prendre. Oubliez-vous beaucoup et priez avec instance pour l’Eglise à la condition que vous l’accepterez dans un très grand amour.

Daniel a été surtout un homme de désirs (2) et c’est pour cela qu’il a été favorisé autant de lumières sur l’immolation du Messie.

Quant à votre isolement, ne vous en plaignez pas trop. Vous pouvez y trouver le temps de penser beaucoup à Dieu et vous y trouverez tout profit. Laissez tomber vos imaginations dans des actes d’amour et d’humilité: rien n’est bon comme ces soufflets que le Diable nous donne. Communiez sans crainte aussi souvent que vous le pourrez, dussiez-vous passer des mois sans vous confesser.

Adieu, ma chère fille, tout vôtre en N[otre]-S[eigneur].

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) Dans le calendrier liturgique de l'époque, le 3 mai était la fête de l'Invention de la sainte Croix.
(2) Dn 10, 11. Traduction d'après la Vulgate: *Vir desideriorum*.Dn 10, 11.