DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.108

17 jun 1859 Nîmes REGIS Eulalie

Son accident le désole. – C’est une preuve que Dieu veut qu’elle s’occupe plus exclusivement de lui et qu’elle apprenne à le servir comme il l’entend. – L’Association des Adoratrices ne va pas mal. – La santé de Marie de Rocher. – Autres nouvelles.

Informations générales
  • DR03_108
  • 1257
  • DERAEDT, Lettres, vol. 3, p.108
  • Orig.ms. ACR, AM 266; D'A., T.D. 37, n. 18, p. 248.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 CURES D'EAUX
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 AMALRIC, MARIE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 FORTON, MADAME DE
    2 MAUDON, MADAME DE
    2 MERIGNARGUES, ISABELLE DE
    2 NARBONNE-LARA, MADAME DE
    2 PAGEZY, ALEXANDRINE
    2 ROCHER, MADAME ADRIEN DE
    2 ROCHER, MARIE DE
    3 LIRAC
    3 NIMES
    3 ROCHEFORT-DU-GARD
  • A Mademoiselle Eulalie de Régis
  • REGIS Eulalie
  • Nîmes, le 17 juin 1859.
  • 17 jun 1859
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

J’ai su hier, à Rochefort, votre accident, ma chère fille, et j’en suis doublement désolé, d’abord pour votre pauvre patte, et ensuite parce que je n’ai pas pu avoir le plaisir de vous voir. Aussi, pourquoi ne pas vous arranger pour subir cet accident à Nîmes? Vous auriez été dix fois plus intéressante. Nous serions allés vous distraire, vous consoler, et, au moins, vous n’auriez pas eu l’ennui renforcé de la solitude. Enfin, ma pauvre fille, vous avez là une preuve que le bon Dieu veut de vous une très grande séquestration, afin de vous occuper un peu plus exclusivement de lui. Au moment où je vous écris, Isabelle, Soeur M. de Saint-Jean et Soeur M.-Jeanne(1) sont à la chapelle. Isabelle, qui va aujourd’hui à Avignon, a voulu se confesser; Soeur M. de Saint-Jean l’a accompagnée et Soeur M.-Jeanne était venue, par un malentendu, pour une messe que je lui dirai demain. Et vous, vous êtes là-bas à votre Lirac, où vous vous sanctifiez, dans le regret de ne pouvoir être à vos oeuvres. Ah ! mon enfant, que Dieu est habile à nous tourmenter, soit pour nous apprendre à le servir comme il l’entend, et non pas comme nous l’entendons, soit pour nous punir et nous purifier des sentiments humains que nous sommes portés à mettre au peu de bien que nous sommes capables de faire.

Notre petite Association des adoratrices ne va pas mal. J’espère qu’elle prendra tous les jours un peu plus de consistance. Juliette devient tous les jours un peu moins raide. Soeur M. de Saint-Jean, que je vois un peu plus, y apporte des dispositions dont je suis ravi. Soeur M. du Saint-Sac[rement](2) doit y en apporter d’excellentes, mais c’est une nature si timide que je ne puis la saisir. Isabelle s’y trouve très heureuse.

J’ai les plus douloureuses nouvelles de Marie de Rocher. Le médecin en désespère et l’a donné à entendre à sa mère, et Mme de Maudon a dit à Mme de Forton que si Marie ne se trouvait pas bien des eaux, il faudrait bien qu’elle se décidât à se retirer. J’avoue que ceci me paraît dur, mais enfin on doit avoir de bonnes raisons. Mme de Narbonne m’écrit pour me parler de la perte complète de sa récolte: cette pauvre femme est bien éprouvée. Je tâche, mon enfant, de vous dire un peu tout ce que je sais des personnes qui vous intéressent, afin de vous mettre à même de comparer. Croiriez-vous que je ne vous trouve pas la plus à plaindre?

Adieu, ma bien chère enfant. Je ne me relis pas. Soeur M. Jeanne m’attend et je veux lui remettre ces q[uel]q[ues] lignes.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Isabelle de Mérignargues et, sous leurs noms de tertiaires, Louise Coulomb et Marie Amalric.
2. Alexandrine Pagézy, sous son nom de tertiaire.