DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 247

14 may 1867 Le Vigan CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Je préférerais que votre noviciat se fît à Nîmes. – L’essentiel c’est l’âme du noviciat, et cela doit se faire entre vous et moi. – Combattre vos scrupules. – Le zèle apostolique est la vertu qui doit dominer en vous. – Les Oblates du Vigan et les vers à soie. – Ceintures.

Informations générales
  • DR06_247
  • 2996
  • DERAEDT, Lettres, vol.6 , p. 247
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 404; D'A., T.D. 29, n. 71, pp. 81-82; QUENARD, pp. 59-61.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 CEINTURE AUGUSTINIENNE
    1 CO-FONDATRICE DES OBLATES
    1 COUVENT D'AUTEUIL
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOVICIAT
    1 OBLATES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 REGLES DES RELIGIEUX
    1 SCRUPULE
    1 VERS A SOIE
    1 VERTUS RELIGIEUSES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 PUECH, HELENE
    3 NIMES
    3 ROME
    3 VIGAN, PROPRIETE LAVALETTE
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Le Vigan, 14 mai 1867.
  • 14 may 1867
  • Le Vigan
La lettre

Je vous ai écrit hier, chère petite Mère, mais je m’aperçois que je n’ai pas entièrement répondu à votre lettre. Vous me parlez d’aller faire votre noviciat à Auteuil. J’y verrais des inconvénients. A en faire un, je préférerais de beaucoup que ce fût à Nîmes pour une foule de motifs(1). Nous savons bien ce que nous voulons faire de notre oeuvre, mais Dieu le sait mieux que nous, et je tiens qu’il faut avant tout s’abandonner entre ses mains. Dans quelques années l’impulsion peut être autre qu’aujourd’hui, sinon dans le but, au moins dans les moyens. Nous voulons former une Congrégation pour les Missions étrangères; mais cette Congrégation, quel en sera l’accroissement? Et quelle instruction devra-t-elle acquérir? A quels assouplissements devra-t-elle se prêter, pour faire du bien dans les pays où elle ira planter ses tentes?

Il y a là une foule de questions à traiter. Or, il me semble que ce ne sera pas à Auteuil que ces questions pourraient s’éclaircir pour vous. Si j’avais cru pouvoir en trouver la solution à Auteuil, je ne me serais pas occupé des Oblates. Quant au noviciat, il se divise en deux parts:

1° Les pratiques, les usages, la règle extérieure. Huit ou quinze jours, un mois au plus passé au prieuré vous en apprendra plus qu’il ne vous en faudra, et la Mère M.-Em[manuel] peut, ici, vous en apprendre beaucoup, autant qu’il est nécessaire, sauf à vous à modifier tout cela, plus tard, selon l’esprit de la Congrégation.

2° Ce qui est bien plus essentiel, c’est l’âme du noviciat. Or, cela se doit faire entre vous et moi. Ce noviciat, je vous le fais en écrivant comme je vous écris, en vous faisant assister pour ainsi dire au développement de toutes mes pensées sur l’oeuvre. Le noviciat pour vous, ce sont nos conversations et notre correspondance. Et toutefois, si vous devez être la vraie mère de l’oeuvre, il faut que vous soyez novice d’une façon toute particulière car vous devez vous donner ce que vous communiquerez bientôt.

Quant à ce que vous pouvez acquérir de vertus religieuses, j’espère que je vous y aiderai. Mais il faut d’abord combattre vos scrupules, le reste viendra ensuite. La vertu qui doit dominer toutes les autres en vous, c’est le zèle apostolique(2). La devise à laquelle vous devez vous attacher, c’est la parole de saint Paul: « Je me suis fait tout à tous, afin de les gagner tous à J.-C. ».

Les Oblates sont bien bonnes. Hier, on a dû jeter à La Valette une quantité énorme de vers à soie; elles en ont toutes pleuré, sauf Soeur Hélène qui ayant beaucoup pleuré en pareille circonstance, il y a quelques années, avait pris la résolution de ne plus verser une larme et avait tenu parole. Et pourtant, toutes, le soir, acceptaient très joyeusement d’avoir tant travaillé inutilement, parce que je leur demandais d’offrir leur chagrin pour m’obtenir une grâce que je ne leur disais pas. Cette grâce était que vous n’eussiez pas trop de difficultés à surmonter pour nous venir.

Il faut que vous alliez trouver le P. V[incent] de Paul pour le prier de me faire arranger une douzaine de ceintures, comme celles qu’il a apportées de Rome, plus des ceintures comme celles des Oblates, mais avec l’anneau en os. Des premières, il faudrait une douzaine, des autres au moins 18 ou 20.

Adieu, ma fille. Priez pour moi et croyez-moi bien vôtre en N.-S.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Il faudrait qu'il fût possible de faire partir les ceintures vendredi soir pour samedi; sinon, écrivez-moi le jour où elles seront prêtes. J'ai fait ici l'association des mères chrétiennes avec la ceinture.1. Le P. d'Alzon répond à la lettre de Mère Emmanuel-Marie du 12 mai (v. *Lettre* 2992, n. 3).
2. Dans sa réponse le 16 mai, Mère Emmanuel-Marie fera part au P. d'Alzon de son désir de se faire toute à tous pour gagner beaucoup d'âmes à N.-S. et étendre son règne.