DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 51

7 dec 1869 Rome BAILLY_EMMANUEL aa

Rome se prépare à l’ouverture du concile – Les évêques ne seront pas groupés par nationalités.

Informations générales
  • DR08_051
  • 3771
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 51
  • Orig.ms. ACR, AI 79; D'A., T.D. 31, n. 79, pp. 59-60.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 ANIMAUX
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CLOCHER
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 ECRITURE SAINTE
    1 EGLISE
    1 EVEQUE
    1 FETE
    1 IMMACULEE CONCEPTION
    1 INDIENS D'AMERIQUE
    1 INTEMPERIES
    1 JOIE
    1 NATIONALITE
    1 PAIX DE L'AME
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 POLITIQUE
    1 RACE NOIRE
    1 SYMPTOMES
    1 TITRES DE MARIE
    1 UNITE CATHOLIQUE
    1 UNITE DE L'EGLISE
    2 KOBES, ALOYS
    2 PIE IX
    3 ROME
    3 SENEGAMBIE
  • AU PERE EMMANUEL BAILLY
  • BAILLY_EMMANUEL aa
  • Rome, le 7 décembre 1869.
  • 7 dec 1869
  • Rome
La lettre

Mon cher ami,

Que puis-je vous écrire aujourd’hui de Rome qui n’ait trait au concile? Les évêques sont presque tous arrivés, au moins ceux qui pourront venir. Demain, cet événement que l’on croyait impossible commencera à s’accomplir. Pie IX préside à tout avec paix et gaieté. Cette gaieté est, on peut le dire, saintement contagieuse. Qu’arrivera-t-il plus tard? Nul ne le sait, sinon que la parole du Maître: In mundo pressuram habebitis doit s’accomplir toujours. Mais, en attendant, Pie IX a vaincu. Est-ce que tout le monde ne sent pas que l’anti-concile lui-même est une preuve de la puissance et du concile et de celui qui l’a convoqué?

Au moment où j’écris ces lignes, les cloches sonnent à grande volée la fête de demain. Rome, si admirable par la manière dont elle rend l’air vivant avec les vibrations de ses carillons incessants, semble vouloir se surpasser pour saluer la fête de la Sainte Vierge qui va être aussi la grande fête de l’Eglise. La mère et l’épouse de Jésus-Christ se réjouissent en même temps.

Il paraît que quelques évêques avaient proposé de se grouper par nations. Cela eût pu faire les affaires d’une certaine politique, mais on s’est positivement opposé à ces catégories qui sont toujours un principe de division. Le concile est une famille de frères, où l’on arrive de tous les points du monde pour se fortifier, pour s’unir, pour proclamer au milieu des divisions générales l’union par la foi et la charité autour de cette pierre immuable, indestructible, centre de toute vie, de toute vérité. Il n’y aura donc pas de nationalités, il n’y aura que des évêques catholiques, depuis les Hurons et les Iroquois, dont l’évêque (que je connais) sait passer des mois entiers dans des lits faits de neige et de peaux d’ours, jusqu’aux nègres de la Sénégambie(1), dont l’évêque tremblait encore hier soir de la fièvre, tant il est gelé sous un climat qui, pourtant m’a, jusqu’à aujourd’hui, dispensé de faire du feu.

Pour l’Union nationale. Faire recopier.

Notes et post-scriptum
1. Mgr Louis Kobes, vicaire apostolique de Sénégambie (Sénégal et Gambie actuels) depuis 1863.