DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 417

10 jun 1870 Rome CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie

Allez-vous mieux? – Sirocco – Splendides processions – J’ai faim et soif de vos nouvelles – Dans trois semaines.

Informations générales
  • DR08_417
  • 4083
  • DERAEDT, Lettres, vol.8 , p. 417
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 416; D'A., T.D.30, n.316, pp.138-139.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AMITIE
    1 CARDINAL
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 EVEQUE
    1 GALLICANISME
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 INTEMPERIES
    1 MALADES
    1 NEUVAINE DE MESSES
    1 PROCESSION LITURGIQUE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VETEMENT
    1 VOLONTE DE DIEU
    1 VOYAGES
    2 ANNE-MARIE TAIGI, SAINTE
    2 MANNING, HENRY-EDWARD
    2 MARET, HENRI
    2 MERMILLOD, GASPARD
    3 FLORENCE
    3 GENES
    3 ROME
    3 ROME, EGLISE SANT'ANDREA DELLA VALLE
    3 TURIN
  • A LA MERE EMMANUEL-MARIE CORRENSON
  • CORRENSON_MERE Emmanuel-Marie
  • Rome, 10 juin [18]70.
  • 10 jun 1870
  • Rome
La lettre

Ma bien chère enfant,

Allez-vous mieux? Ce serait mal à vous d’être souffrante quand j’arriverai; mais comme cela ne dépendra ni de vous, ni de moi, il faudrait bien le vouloir si Dieu le veut. Nous avons ici un temps phénoménal: personne ne tient sur ses jambes. On ne s’aborde, ce matin, qu’en se déclarant au moins enterrable, sinon enterré. Effet du sirocco.

Tout de même, Rome est une bien belle chose. Hier je suis allé à Sant-Andrea della Valle, où le Saint-Sacrement était exposé pour le concile. Les Dominicains faisaient leur procession, je les ai vus s’en retourner. Au moment où j’entrais, des pénitents rouges sortaient avec un cardinal; ils étaient suivis d’une centaine de grandes Dames en robe de soie noire, mantelet de dentelle, et préservées contre la foule par des pénitents rouges. Dans l’église, la procession des Jésuites; ils étaient 260 avec six de leurs évêques missionnaires; puis des pénitents de toutes les couleurs en veux-tu en voilà. Les Lazaristes avaient passé un moment auparavant. Je ne les ai pas vus, mais on dit que la croix était portée par un archevêque. Pour les autres Ordres, c’est toujours un prêtre en étole qui la porte. Je vous assure que c’est extrêmement touchant. Cela n’empêche pas les gallicans d’espérer gagner du temps. Mgr Maret est allé faire une très curieuse visite à Mgr Mermillod, qui me la racontait hier soir; il eût voulu qu’on se séparât jusqu’au mois d’octobre. Mermillod et Manning lui ont répondu que ce qu’il avait de mieux à faire, c’était de se soumettre, sinon il serait expressément condamné.

Mais de quoi vais-je vous parler? Tout cela ne vous fatigue- t-il pas? Enfin, ma fille, le jour où vous pourrez m’écrire une ligne avec votre signature, je serai bien, bien content. Ne craignez pas de me faire donner de vos nouvelles par plusieurs personnes, parce que chacune me donne toujours un détail différent et que j’en ai faim et soif.

Ce qui est sûr, c’est que dans trois semaines, à pareille heure, je serai à Florence, et sur la route de Gênes ou de Turin, selon la voie que je prendrai, et que, quand vous recevrez cette lettre, vous pourrez dire: dans trois semaines, mon Père sera bien près d’arriver, s’il ne l’est déjà(1).

Pouvez-vous communier? Je tiendrais bien à ce que vous pussiez recevoir Notre-Seigneur le 14, jour de la fin de ma neuvaine. Oh! si Maria-Anna Taïgi voulait être un peu aimable! Mais en voilà bien long pour une malade.

Adieu, ma fille. Que N.-S. vous donne toutes sortes de biens!

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. C'est trop optimiste...