DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 361

24 dec 1874 Nice MAUVISE Marie du Christ ra

Restez toujours sur le terrain surnaturel où viendront expirer les cancans – Le diocèse de Montpellier et son évêque.

Informations générales
  • DR10_361
  • 5163
  • DERAEDT, Lettres, vol.10 , p. 361
  • Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D.35, n.10, pp.198-199.
Informations détaillées
  • 1 BAVARDAGES
    1 ESPRIT SURNATUREL A L'ASSOMPTION
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    3 MONTPELLIER, DIOCESE
  • A SOEUR MARIE DU CHRIST DE MAUVISE
  • MAUVISE Marie du Christ ra
  • Nice, 24 décembre [18]74.
  • 24 dec 1874
  • Nice
La lettre

Ma bien chère fille,

Merci de vos voeux et merci de votre bonne lettre. Je vois avec bonheur que vous prenez à Montpellier une excellente position; tâchez de la conserver en vous plaçant sur le terrain surnaturel. Là viennent expirer tous les cancans, les paroles inutiles, les tripotages. Soyez très patiente à les écouter, et puis reprenez sur un autre ton. Montpellier était jadis une ville d’une très grande foi, le diocèse un des plus admirables de France par les vertus du clergé et par l’esprit vigoureux des laïques. Depuis quarante ans, cela a bien changé, mais je crois qu’une résurrection est possible. Si vous savez laisser de côté les bavardages, et faire que les gens qui fréquenteront le prieuré n’y viennent que pour y entendre parler de Notre-Seigneur et d’une vie plus chrétienne, vous verrez se former un groupe de personnes très sérieuses, très dévouées, et de ce noyau sortira plus tard un grand bien.

Ecoutez l’évêque. Il a besoin de se dégonfler, et je préfère que ce soit avec vous plutôt qu’avec d’autres. Il est bon, excellent, comme vous dites. Peut-être n’est-il pas pontife, quoique charmant abbé. Pouvez-vous lui donner ce qui lui manque? Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est que personne à Montpellier ne le lui donnera, et vous pouvez tenter avec beaucoup de respect et de bienveillance filiale. Parlez beaucoup de lui à Notre-Seigneur, et s’il sait que vous aimez son âme au pied de l’autel, vous pourrez prendre sur lui la véritable influence, sauf à ce qu’elle vous échappe devant je ne sais quelle rêverie poétique qui aura traversé son salon. En faire un homme constamment sérieux, je ne vous crois pas capable de faire encore ce miracle. En faire un homme dont les aspirations se dirigeront à reprises plus fréquentes vers les devoirs de la grande vie épiscopale, oui, oui, oui, vous pouvez et devez l’essayer, même quand la Mère Françoise-Eugénie sera auprès de vous, si, ce que je désire très énergiquement, on vous laisse avec elle.

Adieu, ma chère fille. J’espère vous voir un peu plus en 75 qu’en 74.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum