DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 12

4 jan 1875 Nice OBLATES de l'Assomption

La leçon des bergers et des Mages.

Informations générales
  • DR11_012
  • 5201
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 12
  • Orig.ms. AC O.A.; Photoc. ACR, AH 423; D'A., T.D.30, n.455, pp.257-258; QUENARD, pp.241-243.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 ADORATION
    1 AMOUR FRATERNEL
    1 APOSTOLAT DE L'ENSEIGNEMENT
    1 CLASSES INFERIEURES
    1 CLASSES SUPERIEURES
    1 CRECHE DE JESUS-CHRIST
    1 EPIPHANIE
    1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
    1 FETE DE L'EPIPHANIE
    1 HUMILITE
    1 IGNORANCE
    1 MAGES
    1 MIRACLE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 OBLATES
    1 PAUVRE
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PENTECOTE
    1 PREDICATION
    1 ROI DIVIN
    1 SAINT-ESPRIT
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VANITE
    3 BETHLEEM
    3 ORIENT
  • AUX OBLATES DE L'ASSOMPTION
  • OBLATES de l'Assomption
  • Nice, 4 janvier [18]75.
  • 4 jan 1875
  • Nice
La lettre

Je voulais vous écrire ce matin, mes bien chères filles, j’ai été tellement entraîné par une autre correspondance que je n’ai plus trouvé le temps d’exécuter mon dessein. Pourtant le temps s’écoule et votre préparation religieuse doit avancer aussi. C’est pour vous y aider que je voudrais vous parler du beau mystère de l’Epiphanie à un point de vue spécial. Remarquez d’abord qu’après les bergers, les Mages viennent à leur tour à la crèche. Il fallait autour d’un Dieu naissant dans la pauvreté des pauvres pour premiers adorateurs, comme il fallait pour premiers prédicateurs de l’Evangile des ignorants. C’était le miracle; mais Dieu, après avoir prouvé sa mission divine par des miracles, ne veut pas en faire perpétuellement. C’est pourquoi, après les bergers viennent les Mages, c’est-à-dire les gens instruits. L’adoration des Mages fut un miracle, sans doute, à cause de l’étoile qui leur apparut, mais l’étoile aurait vainement brillé au ciel, s’ils n’avaient pas su que c’était l’étoile du roi de Juda.

Votre Congrégation a été formée d’abord par des filles qui ne savaient pas grand-chose, puis peu à peu sont venues quelques personnes plus instruites et j’espère qu’il en viendra d’autres. Les bergers ont commencé, les Mages ont suivi. Ce qui est resté des bergers de Bethléem, nous ne le savons guère; ce qui est resté des Mages, c’est la préparation de l’Evangile dans l’Orient. Aussi l’Eglise ne célèbre-t-elle pas la fête de l’adoration des bergers, et elle a fait une de ses grandes fêtes de l’adoration des Mages. Les bergers sont invités tout d’abord, les Mages en second lieu, mais on s’appuie davantage sur les Mages. Conclusion pratique: il est bon que parmi vous quelques-unes ne sachent pas grand-chose; il est indispensable, tant que le Saint-Esprit n’aura pas renouvelé le miracle de la Pentecôte, que vous vous rendiez le plus possible capables d’étudier et de savoir pour instruire ensuite.

Ces réflexions, mes bien chères filles, sont à mes yeux de la plus haute importance. Vous êtes tenues de donner à N.S. tout le travail d’esprit dont vous êtes capables et je crois indispensable que vous compreniez bien vos obligations à cet endroit. Sans doute, quelques-unes ne peuvent pas commencer des études inutiles pour elles; mais loin d’en tenir satisfaction et vanité, elles doivent s’en humilier. Quant aux autres, parce qu’elles sauront un peu plus, qu’elles se souviennent qu’on ferait un gros livre avec ce qu’elles ne savent pas et un très petit avec ce qu’elles savent.

Invoquez les bergers, mes filles les ignorantes; invoquez les Mages, mes filles obligées à acquérir un peu plus d’instruction. Soyez humbles: les unes, parce que vous ne savez rien; les autres, parce que vous ne saurez jamais que très peu. Mais si les unes et les autres vous êtes humbles, vous comprendrez quelles grâces l’humilité attire sur les ignorants et sur les savants, ne fût-ce que la conservation de la charité.

Mille fois vôtre en Jésus enfant adoré par les ignorants et les savants.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum