Vailhé, LETTRES, vol.1, p.820

7 may 1835 Rome, MOLLEVILLE Henry
Informations générales
  • V1-820
  • 0+249|CCXLIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.820
Informations détaillées
  • 1 BATEAU
    1 CUISINIER
    1 DOMESTIQUES
    1 FRANCAIS
    1 JUIFS
    1 MALADES
    1 MONARCHIE
    1 PARENTS
    1 PELERINAGES
    1 PRISONNIER
    1 RECONNAISSANCE
    1 VOYAGES
    2 AIME, SAINT
    2 BOUISSE, MONSIEUR
    2 ELIAKIM
    2 FOURNAS, ADOLPHE DE
    2 NABUCHODONOSOR
    2 TOMASSINI, MONSEIGNEUR
    3 AIX-EN-PROVENCE
    3 ALPES
    3 BABYLONE
    3 BOTZEN
    3 BRIXEN
    3 DRAGUIGNAN
    3 ECBATANE
    3 JERUSALEM
    3 LAYBACH
    3 MAJEUR, LAC
    3 MILAN
    3 MONTPELLIER
    3 NICE
    3 NIMES
    3 ROME
    3 SPITAL
    3 TRENTE
    3 TRIESTE
    3 TURIN
    3 TYROL
    3 VENISE
  • A MONSIEUR LE COMTE HENRY DE MOLLEVILLE (1).
  • MOLLEVILLE Henry
  • le 7 mai 1835.
  • 7 may 1835
  • Rome,
La lettre

J’attendais depuis quelques jours votre lettre, mon cher ami, pour décider le temps que je devrais mettre dans mon voyage de Rome à Milan. Je quitte cette vieille ville le 18 de ce mois. Je pars avec un jeune méridional, M. de Fournas, qui vous connaît de réputation et qui a les même projets que vous pour le lieu où il désire célébrer la Saint-Henry. Il est seulement arrêté par la pensée que probablement on lui fera quelques difficultés pour arriver dans cette partie favorisée de la terre, vers laquelle tant de bons Français se tournent, comme autrefois les Juifs prisonniers à Babylone se tournaient vers Jérusalem, ou, pour mieux dire, comme les Juifs restés à Jérusalem se tournaient vers la partie des cuisines d’Ecbatane, où Eliakim tournait la broche de Nabuchodonosor.

C’est un jeune homme charmant que M. de Fournas, et je suis persuadé que, si l’un et l’autre vous êtes assez heureux pour arriver au terme de votre pèlerinage, vous me remercierez de vous avoir procuré sa connaissance. Pendant les quelques jours que je vais passer avec lui, j’aurai soin de puiser à longs traits à la source de ses inspirations royalistes, de façon que lorsque j’aurai le plaisir de vous embrasser, vous n^ soyez pas trop repoussé par mon indifférentisme politique. Mais brisons sur ce chapitre.

Je serai le 7 juin à Milan. Je vous avoue que je suis convaincu que nous aurons tout le temps pour voir le pays que nous voulons parcourir. Je ne sais quels sont vos projets, mais je voulais vous proposer de passer huit jours à Milan, autant à Venise, de là nous embarquer pour Trieste et, de cette ville, reprendre les Alpes Tyroliennes par le haut, et suivre la route de Laybach, Spital, Brixen, Botzen, Trente et le lac Majeur. Je vous aurais quitté dans cette ville (= Milan) pour prendre la route de Turin, Nice, Draguignan, Aix, Nîmes et Montpellier. Par ce moyen nous connaîtrions vraiment les Alpes Tyroliennes, que l’on dit si curieuses. Pour moi, je ne demande qu’une chose, c’est d’être rendu dans ma famille au mois de juillet, pour la fête de mon père. Je suis convaincu que le mois de juin doit voir tout le sommet des Alpes se dépouiller de toutes les neiges, qui en rendent inaccessibles certaines parties; je ne parle pas des sommets qui sont toujours environnés et qui bravent le souffle des vents les plus anarchiques et les plus constitutionnels.

Je vais m’occuper de vos commissions. Je dois vous prévenir que j’ai demandé des reliques de saint Aimé. On m’a répondu qu’on ne le connaissait pas. Le signore Tomassini étant au lit depuis deux mois, je suis obligé de recourir à M. Bouisse. Mon illustre portier me presse de lui remettre cette lettre. J’ai peur, en effet, que le temps ne me manque. Adieu, mon cher ami. Je vous embrasse et j’espère vous voir d’aujourd’hui en un mois. Je n’ai pas le temps de relire cette lettre.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. Ier, p. 549.