Vailhé, LETTRES, vol.3, p.362

28 jul 1848 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Embarras que lui a causés son journal.- Il songe à s’en retirer, sans le faire tomber.- Règlement actuel de sa journée.- Conseils pour se préparer à la fête de l’Assomption.- Dieu crible son oeuvre, sans doute pour le bien.

Informations générales
  • V3-362
  • 0+582|DLXXXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.3, p.362
Informations détaillées
  • 1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ENFANCE DE JESUS-CHRIST
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
    1 REGLEMENTS
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BOUCARUT, JEAN-LOUIS
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DOYEN-CAYOL, ALEXANDRE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS (1).
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 28 juillet 1848.
  • 28 jul 1848
  • Nîmes,
La lettre

Je me reproche, ma chère fille, de ne pas vous avoir plus tôt remerciée de votre bonne et parfaite lettre du 24. Je remercie Dieu du fond de l’âme d’avoir enfin déchiré la triste nuage qui s’était placé entre nous. J’ai été, malgré moi, occupé de certaines affaires, précisément parce que je cherche à m’en débarrasser.

Ce sont les tracas que m’a causés La liberté pour tous qui m’ont absorbé. M. Durand a, malgré moi, attaqué un petit journal légitimiste du lieu, d’une façon un peu acerbe.(2); il en est résulté un tolle universel. Cela se passait tandis que j’étais à la campagne. Heureusement qu’à mon retour les choses se sont calmées! Mais le plus mauvais effet n’en a pas moins été produit. Ajoutez que M. Cayol a fait un article, sur les bienfaits de l’Eglise qui contenait des inexactitudes très fortes(3). Monseigneur, de très mauvaise humeur contre nous, a exigé une rétractation. Je l’ai rédigée moi-même, mais soit pour la faire accepter, soit pour éviter une dissertation en quelque 50 pages que M. Boucarut avait préparée en style de théologie scolastique, j’ai dû voir les étoiles en plein midi(4). Tout cela m’a prouvé que je dois me retirer du journal. La question, comme vous le dites très bien, est de me retirer à petit bruit. J’attends une ou deux occasions et je prie la Sainte Vierge de me le rendre facile. Je ne voudrais pas que le journal tombât entièrement; je n’aurais plus la possibilité de faire un article, supposé que je crusse utile de lancer quelque idée dans le public, et certes je ne crois pas que je doive songer à rien donner jamais plus à la Gazette du Bas-Languedoc(5). Peut-être, il est vrai aussi, cela n’est-il pas bien nécessaire. Quoi qu’il en soit, je combine, je réfléchis, fort incertain encore de ce que j’aurai à faire.

Quant à mes rapports avec Notre-Seigneur, ils sont assez bons. Depuis que je suis de retour, je me lève à 4 h. moins 1/4; ce qui me permet de dire ma messe de bonne heure ou de faire, avant prime, trois quarts d’heure d’oraison en sus de la règle. Je me couche à 10 heures, ce qui me laisse un certain temps pour prier; je dors un peu dans le milieu du jour qui est étouffant.

De grâce, n’ayez plus de doute sur ce que je vous suis. Mes rapports plus fréquents avec Dieu m’unissent davantage à vous, et, dès lors, je désire que ce que je croyais ne pouvoir s’augmenter se dilate tous les jours un peu plus. Devenez petite enfant, autant que vous le pourrez. Vous ne vous ferez jamais assez petite pour mériter d’entrer dans le berceau de l’Enfant Jésus. Vous ai-je parlé de la préparation que je veux que vous apportiez à la fête de l’Assomption? Vous ai-je dit que je désirais que, d’ici au 15 août, vous fissiez chaque jour une visite, d’un quart d’heure au moins, à la Sainte Vierge, a fin de la prier de vous prendre et vous reprendre pour sa fille? Non, mon enfant, vous ne me fatiguerez pas de trop d’amitié, et, pour employer l’expression de saint François de Sales, Dieu sait en quelle consolation vous m’êtes, quand vous êtes bonne. Oui, redevenez charitable et beaucoup de choses s’arrangeront autour de vous et en vous, et tout naturellement.

Je voulais vous parler de certains projets pour l’an prochain, et de grandes misères que j’ai eues ces jours-ci. Dieu crible notre oeuvre, mais ce sera, je l’espère, pour le bien. Adieu pour ce soir. Si vous voyez M. Cardenne dites-lui que je l’attends au plus tôt et qu’ici on est assez mécontent qu’il n’écrive pas. Vous ai-je demandé si vous connaissiez quelque bon professeur de philosophie?

Adieu, ma fille. Mille fois tout vôtre, et vous, restez un peu mienne en Notre-Seigneur.

E. d’Alzon.

Alix, à peine arrivée à Lavagnac, est partie pour le bains de mer où sa mère l’a conduite et où sa grand’mère la garde. Ma soeur a été bien honteuse de la manière dont se sont passés vos adieux.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 180, 384.
2. Dans deux ou trois articles du numéro 62, 15 juillet 1848.
3. Dans l'article intitulé *Des bienfaits politiques de l'Eglise*, signé A. C. et paru le 21 juillet.
4. C'est l'article intitulé *Erratum*, qui parut le 28 juillet, fol. 4, en caractères minuscules. Nous en avons encore le manuscrit.1. D'après une copie. Voir *Notes et Documents*, t. IV, p. 180, 384.
2. Dans deux ou trois articles du numéro 62, 15 juillet 1848.
3. Dans l'article intitulé *Des bienfaits politiques de l'Eglise*, signé A. C. et paru le 21 juillet.
4. C'est l'article intitulé *Erratum*, qui parut le 28 juillet, fol. 4, en caractères minuscules. Nous en avons encore le manuscrit.
5. Le journal légitimiste en question.