Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.91

Ma chère fille,

Lorsque je croyais être à Paris au commencement de mai, je proposai à l’évêque de venir à Auteuil prendre asile, supposé que l’on invitât les évêques pour le baptême impérial(2). Aujourd’hui l’évêque de Nîmes m’écrit pour me demander de le loger(3). Répondez-moi courrier par courrier, et peut-étre serait-il mieux que vous lui répondissiez vous-même, supposé que vous croyiez qu’il puisse s’abriter à la Thuilerie(4). Il est entendu qu’il y serait chez moi. Vous voudriez bien me le permettre et me mettre tout cela à mon compte. Il m’écrit aujourd’hui. Hier, il m’avait adressé une lettre étonnante de tendresse, d’amabilité et d’assurances qu’il saurait prouver qu’il aime l’Assomption(5). Voyez de faire pour le mieux.

Tout à vous. Si vous logiez les deux évêques (celui du Mans aussi) à la Thuilerie (6).

E. D'ALZON

3. Lettre du 31 mai.
5. Lettre du 29 mai (cf. *Lettre 657*, note 2).1. La date: *2 juin 1856*, a été ajoutée par la destinataire.
2. Le prince impérial, Eugène-Louis-Jean-Joseph Napoléon, fils unique de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie, était né le 15 mars 1856; et, ayant été ondoyé, les compléments du baptême lui furent conférés par le cardinal Patrizi, légat du Pape, à Notre-Dame de Paris, le 14 juin 1856.
4. Les inondations du Rhône ayant retardé le courrier, Mère M.-Eugénie répondit le 5 juin: "De suite, j'ai écrit à l'évêque, Je lui dis que vous me chargez de prévenir le P. Laurent et de faire préparer un appartement dans la propriété où vous deviez vous établir, mais qu'elle est si inhabitée et que les ouvriers ont profité de l'absence de tout maître pour la si bien encombrer que je crains qu'il n'y soit fort mal. Je lui offre un appartement au bout de notre jardin".
6. Le 10 juin, Mère M..Eugénie écrit de nouveau: "J'ai reçu hier avec grande satisfaction une lettre de votre évêque me disant que les inondations, qui avaient atteint son diocèse, ne lui permet talent pas de partir, et me remerciant de *ma politesse et de ma bonne volonté*." -Effectivement, Mgr Plantier, profitant du passage à Nîmes du cardinal-légat, fit remettre à l'empereur une lettre datée du 7 juin, où il s'excusait de ne pouvoir venir par solidarité avec la population victime des inondations. Mais on lui fit savoir que sa présence était indispensable pour obtenir des subsides pour sa cathédrale. Il se décida à partir et avertit par dépêche, le mercredi 11 juin, le P. Laurent de sa venue pour le vendredi 13, à 5 h. du matin.