DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 64

8 jun 1862 Rome MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il a eu, sans la demander, une audience du Pape auquel il a remis les bonbons des petites filles d’Auteuil. – Il n’a causé qu’un instant avec le card. Wiseman. – Il a rencontré le P. Hermann. – Rome ruisselle de prêtres français.

Informations générales
  • DR04_064
  • 1784
  • DERAEDT, Lettres, vol.4 , p. 64
  • Orig.ms. ACR, AD 161; D'A., T.D. 23, n. 714, p. 58.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 MISSION DE BULGARIE
    1 PROJET D'UNION AVEC LES RESURRECTIONNISTES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARNABO, ALESSANDRO
    2 FOUILLOUX, ETIENNE
    2 HERMANN COHEN
    2 KAJZIEWICZ, JEROME
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 SAINT-JULIEN, MARIE-GONZAGUE
    2 VAILHE, SIMEON
    2 WALTER, JULIAN
    2 WISEMAN, NICOLAS
    3 AUTEUIL
    3 LONDRES
    3 ROME
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • [Rome, vers le 8 juin 1862].
  • 8 jun 1862
  • Rome
La lettre

Par le plus grand des bonheurs, j’ai eu, sans la demander, une audience du Pape. Je lui ai remis les bonbons de vos petites filles, et le Pape, quoique je ne demandasse qu’une réponse verbale, a voulu leur écrire les quelques lignes que je vous envoie(1).

Je n’ai pu que causer un instant avec le card[inal] Wis[eman]: il était trop occupé de la fameuse adresse que l’épiscopat présentera à Pie IX, lundi prochain(2). Je le verrai la semaine prochaine, quand il sera débarrassé de toute sa préoccupation. J’ai vu le P. Hermann(3) au Colisée. Il m’a demandé si j’étais au courant de ses affaires avec vous; je lui ai répondu que oui, mais nous avons été séparés par la foule. Rome ruisselle de prêtres français. Quant à ce qui suivra, nul ne peut le dire; mais il est sûr que tout le monde a le sentiment que, sous tout cela, il y a un principe de résurrection.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Je ne réponds pas à Soeur M.-Gonzague: papier, plumes, encre, main, tout me fait défaut pour écrire lisiblement.1. Aussi charmante soit l'anecdote, les bonbons des petites filles d'Auteuil nous laissent sur notre faim...
Nous avons ici en effet la première mention dans les lettres du P. d'Alzon de l'audience que Pie IX lui accorda le 6 juin 1862, événement qui marqua un tournant décisif dans l'orientation apostolique de la congrégation. Pour avoir de la main du P. d'Alzon un récit plus explicite de cette audience, des circonstances qui l'amenèrent et des faits qui la suivirent, il faudra attendre sa lettre du début de juillet 1863 au cardinal Barnabo (*Lettre* 2038) que complète une note autographe, malheureusement non datée, intitulée *L'Affaire d'Orient*. A défaut d'un témoignage immédiat du P. d'Alzon, citons un extrait de la lettre de Vincent de Paul du 7 juin 1862 (lendemain de l'audience) au P. Picard: "Le St Père a fait demander notre Père qui n'avait pas sollicité d'audience et lui a proposé de renoncer aux oeuvres d'Orient, orientales, pour s'occuper de l'oeuvre d'Orient des Bulgares, qui a besoin de plus de secours et qui n'a pas les mêmes sympathies que les autres. Ainsi rien pour le Cénacle à l'avenir. Cette proposition est effrayante, car tous ensemble nous ne pourrions pas la porter, mais le Père a pu entretenir le Pape d'un autre projet qui, agrandissant encore notre champ de bataille déjà si étendu, nous faciliterait peut-être les moyens de se rendre au désir du St Père. La réunion! et voyez si ce que j'aurais à vous dire est grave, la réunion des Pères Polonais et des P. de l'Assomption est décidée en principe, on va se tâter, ceci est le résultat d'une conférence du Père Jérôme avec ses religieux où il exposa les propositions du P. d'Alzon."
De ces mots de Vincent de Paul retenons, en dehors de son effroi devant les perspectives nouvelles qui s'offrent pour la congrégation, la mention faite par le P. d'Alzon devant le pape de la collaboration possible avec les Pères polonais, la résurgence du projet d'union avec ces derniers, et le fait que le pape dirigeait le P. d'Alzon vers la Bulgarie.
Pour aider le lecteur à mieux comprendre la suite des faits qui se sont déroulés à Rome en juin 1862, nous l'invitons à se reporter à la *Chronologie* figurant en tête de cette année de lettres.
Sur les origines de la mission orientale des Assomptionistes, ajouter à l'exposé de VAILHE, *Vie* II, pp. 332-344, qui reste fondamental, l'étude récente de J. WALTER, *Les Assomptionnistes au Proche-Orient (1863-1980)*, pp. 11-18, Série Centenaire n° 6, Paris (1982), et celle de E. FOUILLOUX, *L'oeuvre orientale du P. d'Alzon vue par ses fils*, dans *Colloque*, pp. 199-213.
2. C'est-à-dire le 9 juin.
3. De l'ordre des Carmes (notice biographique dans *Catholicisme*). Mère M.-Eugénie souhaitait faire la fondation de Londres avec les Assomptionistes et, à leur défaut, avec les Pères du Saint-Sacrement plutôt qu'avec les Carmes.