TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS

Informations générales
  • ES-0948
  • TEXTES DIVERS PARUS DANS LES ECRITS SPIRITUELS
  • MEDITATION SUR L'EUCHARISTIE
  • Ecrits Spirituels du Serviteur de Dieu, Emmanuel d'Alzon, Fondateur des Augustins de l'Assomption et des Oblates de l'Assomption, (Pour usage privé). Rome, Maison Généralice 1956.
  • ES p. 948 à 952.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 ADVENIAT REGNUM TUUM
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DIVIN
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 CORPS MYSTIQUE
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 DIEU LE PERE
    1 DROITS DE DIEU
    1 EUCHARISTIE
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 MARIE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 QUARANTE HEURES
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SAINT-SACREMENT
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SALUT DES AMES
    1 SAUVEUR
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 TABERNACLE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERBE INCARNE
    1 VERTU DE CHASTETE
La lettre

Si j’aime réellement Notre-Seigneur, je dois le rechercher surtout dans le Sacrement de son amour. Il est là comme l’objet et le modèle de mes adorations, comme ma force pour attirer à lui de vrais adorateurs.

1° Eucharistie, objet de mon adoration

Jésus est mon Dieu. Verbe éternel, il a pu prendre la forme de l’esclave; il a pu s’anéantir au sein des humiliations du Calvaire et des admirables impuissances du tabernacle, mais il reste toujours la splendeur du Père et le Dieu éternel, digne de mes adorations.

Les délaissements auxquels il se condamne dans le tabernacle, les insultes qu’il y subit, la patience qu’il y montre, loin de diminuer mon respect et mon culte, doivent au contraire porter mon âme à une adoration et à une obéissance d’autant plus grandes que Jésus se fait plus petit par amour pour moi.

Ma foi découvre sous les espèces eucharistiques l’être de Dieu, océan de puissance, de lumière et d’amour.

Océan de puissance. -Il a la plénitude de l’être, il a droit à la plénitude de mon obéissance. Ai-je le sentiment de sa puissance?… Suis-je à ses pieds comme la créature aux pieds de son Créateur?… Substantia mea tanquam nihilum ante te.

Océan de lumière. Lux vera. -La lampe qui éclaire la Jérusalem des âmes, c’est Jésus-Christ. Et lucerna ejus est agnus; il doit en éclairer tous les replis, en dissiper toutes les ténèbres. Je dois tout voir en lui, entrer dans ses vues, éclairer mon jugement à son jugement, m’appliquer à voir les choses comme il les voit. Comment puis-je préférer mes vues humaines, ma sagesse bornée à ces vues, à cette sagesse de mon Maître?

Soumission de l’esprit, adhésion de l’intelligence, adoration totale, voilà ce que je dois à cette lumière cachée, si je veux être un vrai adorateur. L’ai-je compris?… Suis-je décidé à assujettir ma sagesse pleine d’obscurité à cette sagesse infinie?

Océan d’amour. Exinanivit semetipsum. -Le coeur d’un Dieu a fait cette merveille. Pourquoi mon coeur est-il si froid? Pourquoi ma volonté est-elle rebelle? Plus de révolte, plus de résistance. Mon coeur est à Dieu, et j’immole au pied du tabernacle ma volonté et toute ma puissance d’aimer.

2° Eucharistie, modèle de mon adoration

Jésus est mon Dieu. Comme Dieu, il est l’objet de mon culte; mais qui m’apprendra à adorer en esprit et en vérité?… Lui seul. Et dans le tabernacle, il se présente comme le plus parfait adorateur. Agnus tanquam occisus.

Notre attribut, comme religieux voués à la virginité, c’est de suivre l’Agneau partout où il va. Hi sequuntur Agnum quocumque ierit: virgines enim sunt. Pour conquérir la gloire de le suivre au paradis, il faut le suivre dans sa vie réelle et mystique du tabernacle, et apprendre de lui à adorer son Père dans la pureté, la patience, la puissance, la reconnaissance, l’immolation.

Pureté. Agnum sine macula. -L’éclat virginal qui jaillit de l’Agneau doit se réfléchir dans l’âme du religieux, revêtu de son sang immaculé; il doit se présenter à son Père dans la séparation de toute créature. Comme l’encens, il doit se consumer, et sa prière doit s’élever pure et désintéressée vers le trône du Père.

D’où vient que je prie si mal? Comment puis-je me présenter devant Dieu et oser l’adorer avec une âme préoccupée des choses terrestres et un coeur rempli d’imperfections?

Patience. -Que fait l’Agneau dans le silence de l’Eucharistie? Il attend, il est patient; il a des droits, il ne les réclame pas; il est tout-puissant, il n’use pas de sa puissance. Il voit venir à lui une âme distraite…, travaillée par ses passions…, ingrate… Il l’accueille, il ne s’irrite pas, il la supporte, et il adore pour elle. Entendons sa parole: Discite a me, quia mitis sum, et humilis corde. Douceur et humilité, sont-ce là les caractères de mon adoration?

Comme religieux, j’offre le Saint Sacrifice de la Messe; je communie, je visite le Saint Sacrement, je l’adore. Mon adoration part-elle d’un coeur vraiment humble, qui porte avec patience le poids de la grâce ou le poids des âmes, qui est prêt à reconnaître les droits de son Dieu par une patience capable de tous les sacrifices?

Puissance. -L’Agneau est puissant; il apparaît comme à saint Jean, portant sur ses épaules tous les péchés du monde qu’il peut seul effacer. Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi. Comme Pontife, il est assis à la droite de son Père, sans cesse interpellant pour nous. Comme adorateur, il est anéanti dans le tabernacle, interpellant avec la même puissance et la même autorité.

Le religieux, à l’adoration, peut participer à cette puissance d’intercession de Jésus. Le Christ ressuscité ne meurt plus, mais il continue son oeuvre d’intercesseur dans son corps mystique, qui est l’Eglise.

Que fait le religieux quand il adore? Il représente l’Eglise, il prie avec une autorité qui n’est point la sienne, mais avec une autorité toute-puissante; il transmet, par les lèvres divines du Médiateur céleste, sa prière pour les âmes. Il va, retirant des âmes des flammes du purgatoire, obtenant la conversion des pécheurs, la ferveur pour les tièdes, la persévérance pour les saints, le triomphe pour l’Eglise, l’extension du règne de Dieu.

Combien d’âmes ramenées, affermies, sanctifiées par cette prière infirme du religieux adorateur, unie à la prière toute-puissante de l’adorateur par excellence.

Reconnaissance. -Quand le prêtre a communié au corps adorable du Sauveur, il dit ces paroles: Quid retribuam Domino, pro omnibus quae retribuit mihi? Dieu a les droits de sa justice, l’Agneau y satisfait. Mais l’Agneau a des droits sur moi; il peut tout exiger, puisque je lui dois tout, que je lui ai tout offert, tout livré par ma profession. Que lui répondrai-je lorsqu’il me demandera: Qu’as-tu fait de mes grâces? Hélas! j’ai dit du bout des lèvres: Quid retribuam Domino? et j’ai abusé de ses bienfaits!

Immolation. -L’Agneau est la victime. Dès l’origine du monde, il a voulu revêtir ce caractère: Occisus est ab origine mundi. Mais où ce caractère éclate-t-il avec plus de bonté que dans l’Eucharistie? Appelé à suivre l’Agneau, je dois être comme la victime conduite au sacrifice: Sicut ovis ad occisionem ducetur. Ce n’est pas sur un prie-Dieu, ou même sur la terre nue, que je dois ployer les genoux; c’est sur l’autel que je dois étendre mon coeur, comme une victime préparée pour l’immolation et exposée aux divines justices.

Que restait-il de la victime quand elle avait passé par le feu de l’holocauste? Rien. Que restera-t-il de moi, si je veux être un parfait adorateur comme l’Agneau immolé, comme l’Hostie sur l’autel? Rien. La destruction totale de ma vie propre, de ma personnalité, de mes exigences, de mes volontés, de mon être pécheur, tel est le terme sublime de mon adoration. L’ai-je compris jusqu’ici? Deus det nobis sensum.

3° Eucharistie, force pour attirer à Jésus de vrais adorateurs

Quelle puissance confiée au coeur du prêtre, qui fait descendre sur l’autel la Victime immolée depuis le commencement du monde! Quelle puissance confiée au religieux qui, par la communion et par l’immolation volontaire, s’unit à Jésus eucharistique! D’où vient que j’use si peu de cette autorité souveraine?

Le siècle qui a vu la fondation de ma famille religieuse est un siècle de révolte; il divinise l’homme, il nie les droits de Dieu. C’est pour cela que l’Eglise en a fait le siècle de Marie et le siècle du Saint Sacrement; c’est pour cela que j’ai pris pour devise: Adveniat regnum tuum. Proclamer les droits de Dieu, les droits de Jésus-Christ au sein de ses anéantissements eucharistiques, relever le culte du Saint Sacrement, aimer la liturgie, développer les Quarante Heures, les processions, en un mot, tous les actes par lesquels l’homme affirme les droits et le triomphe du Christ dans son Eucharistie, telle est ma mission.

Jésus seul peut me donner l’intelligence de cette mission et la force de l’accomplir. Il m’attire par son amour au tabernacle; il veut s’unir à moi tous les jours. Il veut par moi porter des fruits pour la vie éternelle: Qui manducat meam carnem, et bibit meum sanguinem, in me manet, et ego in illo… Hic fert fructum multum.

Qu’ai-je fait de cette force?… Suis-je un apôtre?… Suis-je uni à Notre-Seigneur comme un adorateur véritable?… Toute ma vie lui est-elle consacrée pour que, par ma prière, par ma conduite, par mes sacrifices, par ma parole, il puisse rétablir les droits de son Père et multiplier les vrais adorateurs?

Notes et post-scriptum