vers 1851

Informations générales
  • TD43.083
  • [Des études ecclésiastiques]
  • Orig.ms. CQ 230; T.D. 43, pp. 83-85.
Informations détaillées
  • 1 CLERGE
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CURE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 FAUSSES DOCTRINES
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 MATIERES SCOLAIRES
    1 PERES DE L'EGLISE
    1 PRETRE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 QUERELLE DES AUTEURS CLASSIQUES
    1 SACERDOCE
    1 SOCIALISME ADVERSAIRE
    1 THEOLOGIE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    2 CICERON
    2 GAUME, JEAN-JOSEPH
    2 PLATON
    3 FRANCE
  • vers 1851
La lettre

Lorsque, après les déchirements de la Réforme, le concile de Trente voulut travailler [à] réparer les maux faits par la fausse science à l’Eglise, un des premiers moyens auxquels il eut recours, ce fut de rallumer dans le clergé le flambeau de la science vraie, de la science ecclésiastique. Rendre le sacerdoce savant c’était le mettre à même d’instruire les peuples et de les préserver des fausses doctrines répandues par les novateurs.

Aujourd’hui que la société [est] menacée de subir les dernières conséquences de la Réforme et qu’effrayée des catastrophes que le socialisme lui propose elle semble se retourner vers les religions, n’est-ce pas un devoir pour le clergé de se tenir et de s’élever par de fortes études à la hauteur de la mission qui lui est confiée par la Providence?

Pour encourager les études ecclésiastiques, le concile de Trente voulut qu’un certain nombre de bénéfices fût mis au concours. Cette assemblée auguste, [tout] assistée qu’elle était par le Saint-Esprit, ne crut pas devoir négliger ce moyen humain de ranimer le zèle du savoir dans le clergé. Les concours sont abolis en France. Cependant, dans un certain nombre de conciles provinciaux, pour suppléer à cette suppression on a jugé utile d’obliger, pendant un certain temps, les jeunes prêtres à subir des examens annuels sur la théologie.

Nous croyons même savoir qu’on eût souhaité aller plus loin encore et rétablir les grades de nos anciennes universités catholiques. De puissantes considérations, qui (nous l’espérons) disparaîtront pourtant un jour, n’ont pas permis de réaliser un dessein si excellent, mais il n’en est pas moins certain que l’épiscopat en France cherche les moyens de réveiller dans les rangs du clergé aujourd’hui plus nombreux, l’amour des sciences qui jadis furent une de ses plus belles gloires.

Nous serait-il permis, selon la mesure de nos forces, d’aider à ce réveil si désiré par les catholiques et qui, du reste, se manifeste sur plusieurs points du monde religieux? En attendant que les concours soient rétablis, s’ils doivent l’être; en attendant que l’Eglise en France puisse rouvrir ses anciennes universités, ne pourrait-on pas faire un appel pour des travaux désignés d’avance, et dont le résultat serait d’une utilité pratique? Ce serait quelque chose de semblable aux sujets de mémoires mis au concours par certaines académies, avec cette différence que: 1° les sujets auraient toujours un but religieux; 2° qu’ils devraient être traités ou par des hommes voués à l’enseignement libre ou par des membres du clergé.

Nous laisserions entièrement de côté les matières purement théologiques, l’on comprend aisément pourquoi. Mais n’y a-t-il pas pour nous une carrière assez large soit dans la littérature sacrée, soit dans la restauration de l’histoire? Quant à la littérature sacrée, on comprend quels travaux d’un nouvel ordre ce champ si vaste sollicite. Car nous ne pensons pas que les menaces faites par quelques-uns de Nos Seigneurs les évêques aux défenseurs des idées de M. l’abbé Gaume aillent jusqu’à proscrire l’admiration des beautés qu’on rencontre chez les saints Pères, quand même ils n’auraient pas écrit comme Cicéron ou Platon. Après tout, l’on sait que le système de M. Gaume n’est pas entièrement celui que nous proposons.

Et pour l’histoire que de mensonges à relever! Que d’idées fausses à rectifier! Que de points de vue haineux à combattre! On peut dire que l’histoire livrée presque exclusivement à la philosophie du XVIIIe siècle et au protestantisme, est à peu près à refaire, surtout dans les manuels qu’on met aux mains de l’enfance et qui presque tous sont pétris d’erreurs et de préjugés antireligieux.

Eh bien, il nous semble que parmi les prêtres si nombreux dont le zèle pastoral s’exerce dans nos campagnes, plus d’un doit être embarrassé de ses loisirs. Pourquoi des études du genre de celles que nous signalons ne fixeraient-elles pas leur attention, n’occuperaient-elles pas leurs heures libres? Quand sur tant de milliers de prêtres à qui le travail n’est guère imposé que le dimanche, quelques-uns seulement répondraient à notre appel et donneraient encore à l’Eglise des moments qui après tout ne sont [pas] utilement employés pour leurs paroisses, nous croirions avoir beaucoup obtenu par le concours de pareils coopérateurs. Voici ce que nous propserions:

Chaque année nous indiquerions deux sujets: l’un choisi dans la littérature ecclésiastique, l’autre dans l’histoire sacrée ou profane.

Les personnes qui voudraient bien s’en occuper nous dresseraient leurs travaux, sur lesquels un jugement serait porté. Après avoir indiqué le meilleur ou les meilleurs travaux, nous aviserions aux moyens d’en assurer la publication et d’en faire profiter les maisons d’éducation chrétienne.

Serait-il utile d’offrir un prix, une médaille? Nous soumettrons cette question à nos lecteurs, nous n’osons pas la trancher.

Tout ceci, on le comprend, n’est qu’un essai; mais si d’essai en essai on pouvait arriver à ranimer l’ardeur des membres du clergé pour des travaux qui jadis contribuèrent si puissamment à sa gloire, et si l’on pouvait peu à peu imprimer une direction utile et pratique à ces travaux, qui peut dire de quelle utilité ils pourraient être un jour pour la cause de l’Eglise?

Notes et post-scriptum