Aux Oblates de l’Assomption

SEP 1875 Oblates
Informations générales
  • Aux Oblates de l'Assomption
  • Retraite prêchée par le R. Père d'Alzon - 18 septembre 1875
    Neuvième instruction
  • CM 380, pp. 23-24.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DIVIN
    1 BAPTEME
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CONFIRMATION
    1 CREATION
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 GRACES
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VOEUX DE RELIGION
  • Oblates de l'Assomption
  • Oblates
  • du 18 au 25 septembre 1875
  • SEP 1875
La lettre

Mes chères filles,

Nous allons aborder aujourd’hui les détails de la vie religieuse. Nous étudierons d’abord ce que c’est que la vie religieuse. La vie religieuse est un commencement de contrat entre Dieu et l’âme; il nous faut examiner maintenant ce que Dieu donne et ce que l’âme doit donner. Suis-je religieuse, et n’y a-t-il pas dans le monde des personnes qui sont plus religieuses que moi? Il y a cependant une différence dans le don. Dans le monde certaines âmes peuvent se donner à Dieu simplement, mais la religieuse par ses voeux, se livre, se consacre par un engagement solennel qui la lie plus intimement, elle donne pour ainsi dire jusqu’aux racines de l’arbre au lieu de n’offrir que les fleurs et les fruits.

Voyons maintenant dans la vie religieuse la volonté de Dieu qui m’attire et ma propre volonté qui doit y correspondre. – « Je t’ai aimée d’un amour éternel, c’est pour cela que je t’ai attirée à moi ». Quel amour gratuit car, dites-moi, qu’est-ce qui pouvait attirer Dieu vers vous? Rien assurément et cependant c’est lui qui vous le dit: Je t’ai aimée de toute éternité! De toute éternité je t’ai choisie pour mon Epouse. Comment avez-vous répondu à cet appel? Dieu avait un dessein sur vous. Pourquoi ou en trouvez-vous la raison, si ce n’est dans un décret particulier de sa miséricorde. Dans le passé, voyez un peu cette création. Il y a 40 ans où étiez-vous? Il a dit un jour: que cette âme soit créée et il vous a donné un souffle de sa puissance. Il y a cependant tant d’âmes que Dieu pourrait créer et qu’il ne crée pas, pourquoi? c’est un immense mystère. Vous vivez, vous êtes la créature de Dieu, vous devriez être alors un instrument docile sous sa main; non, vous êtes des êtres révoltés même en venant au monde. Dieu vous accorde encore la grâce du baptême, qui pense à l’en remercier? Vous avez fait votre première Communion, il a voulu descendre dans votre coeur, y faire sa demeure. Par la confirmation vous êtes devenues les temples de son Saint-Esprit et vous n’en avez pas été plus fidèles. Cependant Dieu ne s’est pas fatigué de tant d’ingratitudes, il vous a voulues pour siennes, dans son amour, il vous a choisies pour ses Epouses.

Comment êtes-vous venues ici? Dieu seul le sait! Comment a-t-il permis que vous soyez ainsi réunies, que cette petite famille se forme? Lui seul en a le secret.

Et maintenant Dieu qui vous a donné l’être ne vous a pas donné seulement son amour, il vous a donné aussi la possibilité de l’aimer par la grâce du Saint-Esprit. Ce sera toi, dit-il, qui m’aimera par un secours particulier que je te donnerai. Qu’en avez-vous fait de ce secours? Je ne sais pas. Dans ce moment même Notre-Seigneur dit au fond de votre âme: regarde ce qui s’est passé depuis quatre jours, que de grâces je t’ai données, que de bons moments n’ai-je pas fait naître dans ton coeur. Cette retraite, ces jours de recueillement, c’est un point de départ pour arriver à la perfection. La vie religieuse, c’est un moyen, veux-tu en profiter? Dieu vous prend par la main et vous conduisant pas à pas devant l’image de Jésus crucifié, il vous offre ces trésors de mérites, il les met tous à votre disposition pour vous aider à arriver à la sainteté; n’en profiteriez-vous pas? hésiteriez-vous encore? diriez-vous: Je ne sais pas, je ne puis vouloir? Prenez garde, mes filles, redoutez sa colère si vous trompez ainsi son amour. Si vous dites simplement: je le veux, c’est un peu plus, mais si pleinement décidée vous lui dites: Parlez, Seigneur, votre servante vous écoute ou comme la Sainte Vierge: Voici la servante du Seigneur, vous comblerez de joie le coeur de Dieu et si dans un moment de faiblesse votre coeur se sent défaillir, Jésus-Christ lui-même vous soutiendra en vous disant: prends courage, ma grâce te suffit.

D’ici à ce soir, mes filles, examinez ce que Dieu vous propose, laissez les soeurs de côté et ne vous occupez que de ce qui se passe entre Dieu et vous. L’avenir est quelque chose de plus sérieux et de plus grave que vous ne le pensez car si Dieu ne met pas de bornes à ses dons, il n’en mettra pas à ses exigences. Dans 10 ans, 15 ans, 20 ans, vous vous direz peut-être avec regret: si j’avais pris plus au sérieux cette retraite de 75, je serais maintenant heureuse entre les mains de Dieu, mais comme j’ai abusé de ses grâces, comme j’ai repoussé les dons qui m’étaient offerts, mon âme est dépourvue de mérites et au lieu de faire partie de la société des Saints, je n’ai droit qu’au sort des réprouvés. Que doit-il se passer au fond de votre âme pendant que je vous dis ces choses? Ou vous ne voulez pas, et alors vous dites: Mon Dieu, que c’est long, que c’est ennuyeux, on ferait bien mieux de se taire. Si votre volonté est encore faible, vous vous demandez: pourquoi me troubler ainsi, quelle nécessité y a-t-il? Mais si votre résolution est arrêtée, si vous voulez généreusement, malgré toutes vos misères, toutes vos chutes, aller à Notre-Seigneur, il vous en déchargera, Samaritain charitable, il vous aidera à les jeter bien loin de vous dans la mer de son infinie miséricorde. Votre travail de maintenant, mes filles, c’est d’enlever tous les plus petits obstacles, toutes les moindres imperfections que vous pouvez découvrir en vous. C’est le moment de vous y mettre; inutile de vous désespérer, d’avoir des scrupules, Dieu est là pour vous aider, il s’agit de vouloir et cela pour toujours. Voyez donc comment sous l’oeil de Notre-Seigneur et malgré votre faiblesse vous devez vous laisser emporter par l’amour de Dieu. Que de choses Dieu vous a demandées évidemment et que vous ne lui avez pas données sous les prétextes les plus incroyables. Vous ne pouviez pas, dites-vous, vous pouviez, mais vous n’avez pas voulu pouvoir, que ce mot est terrible! Vous avez eu la grâce de la vocation. Appelées à la sainteté pour faire la volonté de Dieu, l’avez-vous faite jusqu’à présent? Allons, prenez généreusement votre parti et dites: Fiat voluntas tua, Mon Dieu je veux faire pleinement votre volonté, que votre miséricorde venant sur moi établisse des liens nouveaux entre vous et mon âme et que la plénitude de vos désirs trouve son accomplissement dans mon coeur. Il ne s’agit pas ici, mes filles, de l’obéissance à la règle ou à vos supérieurs, mais de l’obéissance à la grâce. Vous avez des inspirations dans vos méditations, dans vos communions, ce sont ces inspirations que vous devez suivre avec docilité. La servante ne doit pas être seulement attentive aux ordres de sa maîtresse, elle doit obéir même au signe de sa main. Qu’est-ce que la vie d’une âme tendant à la perfection, sinon une vie d’amour. Il y a cet amour intime qui imprime à l’âme quelque chose de si pur, de si beau, de si suave, vous l’avez éprouvé peut-être à certains moments, pourquoi ne l’avez-vous pas gardé? C’est parce que vous n’aviez pas dans votre coeur ce commencement d’amour véritable qui est plus fort que la mort. Quand vous y mettrez-vous pleinement, généreusement? Vous pourrez être encore sèches, découragées, mais la grâce de Dieu sera là pour vous aider à vaincre.

Vous devez vivre de la vie de sacrifice. Dieu nous a tant aimés qu’il a donné son fils pour nous. Ne voudriez-vous pas vous donner à votre tour? Refuseriez-vous encore quelques légers sacrifices quand Dieu se montre si généreux pour vous. Réfléchissez sérieusement et si vous me demandez jusqu’à quel degré de perfection vous devez monter, je vous dirai qu’il n’y a pas de degré que vous ne puissiez atteindre ni de mérites que vous ne puissiez acquérir avec la grâce de Dieu.

Notes et post-scriptum