A des dames ou jeunes filles

MAR 1872 Paris Dames
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite prêchée aux Dames en la chapelle de la rue François Ier - 1872
  • DA 5 (Souvenirs de Melle Valentine de Longueil).
Informations détaillées
  • 1 AMBITION
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR DIVIN
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 BONTE
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONTRITION
    1 CREATEUR
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DONS EN ARGENT
    1 EFFORT
    1 ESPERANCE
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 FEMMES
    1 FOI
    1 FORTUNE
    1 GENEROSITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LACHETE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MAUVAISES LECTURES
    1 MORTIFICATION
    1 ORAISON
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE MORTEL
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PRUDENCE
    1 PURGATOIRE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RESPECT HUMAIN
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 SALUT DES AMES
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TIEDEUR
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 AGATHE, SAINTE
    2 JEAN-MARIE VIANNEY, SAINT
    2 JOSEPH D'ARIMATHIE
    2 LONGUEIL, VALENTINE DE
    2 LOUIS DE GONZAGUE, SAINT
    2 NICODEME
    2 THERESE, SAINTE
    2 ZEBEDEE
    3 ARS-SUR-FORMANS
    3 EMMAUS
    3 FRANCE
    3 PARIS, RUE FRANCOIS Ier
  • A des dames
  • Dames
  • mars 1872
  • MAR 1872
  • Paris
  • Chapelle de la rue François Ier
La lettre

Retraite du P. d’Alzon.

Gloire à Dieu et paix aux hommes de bonne volonté.

Bonne volonté de la part de Dieu, nous n’en pouvons douter. Avons-nous de la bonne volonté?

Nous sommes chargés du salut de notre prochain. Y pensons-nous?

Lundi matin.

Si vous entendez la voix de Dieu, n’endurcissez pas votre coeur.

La retraite, c’est un travail à deux.

Dieu travaille sans cesse au salut des âmes.

Comme le soleil, planant et soulevant par sa chaleur les nuages de la terre, ainsi l’ineffable charité de Dieu attire et soulève les affections de notre coeur.

Nous voulons bien nous sauver, mais nous voulons attendre pour nous rendre à Dieu.

Il nous attire tous; mais il a sur chacun de nous des desseins particuliers. Il ne nous appartient pas de choisir dans son Paradis la place qui nous convient.

Il nous demande à tous des sacrifices; mais il en demande davantage aux âmes qu’il aime le plus.

Dieu parle certainement à votre coeur et peut-être en apprenant ce qu’il vous demande vous allez dire: Que diable allais-je faire dans cette galère?

Il ne faut pas dire: J’en prendrai et j’en laisserai.

Vous voudriez bien des grâces accordées à une sainte Thérèse par exemple; mais vous ne voulez pas des sacrifices que Dieu lui a imposés.

Sur la vertu de Foi.

…….

L’Espérance chrétienne est une vertu qui a Dieu comme motif et terme de notre bonheur.

Je ne me souviens plus à quel propos P. d’Alzon nous a raconté l’anecdote du vicaire du bon curé d’Ars désolé d’avoir par mégarde allumé sa chandelle avec un billet de banque et le bon curé lui demandant s’il avait eu autant de regret pour un péché véniel.

Mercredi matin.

Sur la prière.

C’est un des moyens de faire notre salut.

Des chrétiennes qui ne prient pas ne sont pas des véritables chrétiennes.

N’avons-nous pas une foule de grâces à demander à Dieu? Nous ne sommes pas de grandes pécheresses… nous sommes des pécheresses médiocres et nous n’avons qu’une contrition médiocre aussi. Toutes les personnes qui suivent la retraite sont des personnes qui se confessent au moins tous les mois. Elles répètent toujours la même chose: Mon Père, je m’accuse d’un peu de vanité, d’amour-propre, d’impatience, de petites antipathies, etc.

Ne désirez-vous point que cela change? Ne désirez-vous pas un peu de cette contrition que St Louis de Gonzague ressentit pour un péché véniel et qui fut si vive qu’il en perdit l’usage de ses sens. Je ne vous désire pas des sentiments aussi violents; mais au moins faut-il sentir le regret de ses péchés, et c’est par la prière qu’on l’obtient. Si nous étions des femmes de prière, non seulement nous sauverions la France, mais nous sauverions le monde entier.

Mercredi soir.

La Charité.

C’est une vertu d’affection et de bienveillance, qui implique un rapport mutuel entre deux êtres.

Ainsi on ne peut pas dire qu’on a une affection semblable envers un chien, un oiseau ou un cheval quoiqu’il y ait une espèce de sentiment mutuel.

Avez-vous réfléchi quelquefois, Mesdames, à ces merveilleuses inventions de l’amour de Dieu qui feint pour ainsi dire d’avoir besoin de nous, de recevoir de nous des bienfaits; lui donnerez-vous enfin votre coeur tout entier?

Voyez l’Evangile des disciples d’Emmaüs; N.S. feint de vouloir aller plus loin pour donner à ces deux voyageurs l’occasion de lui offrir les attentions délicates des amis et il leur ménage ainsi la grâce ineffable de le reconnaître à la fraction du pain.

Jeudi matin.

Les résolutions.

Nous sommes au milieu de la retraite, Mesdames, il faut conclure.

Quelles résolutions allez-vous prendre? Serez-vous tout à J.C. ou vous réserverez-vous quelque chose?

Je suis d’un pays de montagnes, au milieu de ces montagnes, il y en a une qui renferme dix-sept cavernes. Eh! bien, Mesdames, le coeur a aussi ses cavernes…. non pas dix-sept, mais peut-être dix-sept cents, peut-être dix-sept mille! Il faut aller au fond de ces cavernes. N’y en a-t-il pas une où vous n’osez pénétrer, où il y a quelque objet que vous voulez vous réserver et vous vous dites: Si Dieu ne pouvait le voir. Ou bien parce qu’il y a quelque chose de si honteux que vous craignez vous-même de le découvrir. Examinez toutes ces cavernes et venez aux résolutions.

Sur la prudence.

La Prudence est une vertu qui nous fait aller au-devant des choses qui nous sont bonnes et fuir celles qui pourraient nous être nuisibles.

Vous êtes prudentes; mais il y a une bonne prudence et une prudence de mort selon l’expression de St Thomas. Cela dépend du point de vue où on se place. La prudence qui vient de la chair est mauvaise; c’est celle qui nous fait condamner les saints: une sainte Agathe par exemple. Elle n’avait pas de prudence de se faire couper le cou à 13 ans. Si elle avait été plus prudente elle aurait pu rendre de grands services à l’Eglise, se mettre de beaucoup de confréries, etc… Prudence de la chair! Voyez l’exemple de Nicodème; il était un homme prudent selon la chair quand il venait trouver le Sauveur pendant la nuit. L’Evangile ne le loue pas de cette prudence, mais d’être venu ensuite en abandonnant sa prudence humaine, ensevelir N.S.J.C. avec Joseph d’Arimathie. Oh! alors, il faisait un acte d’extrême imprudence selon la chair.

Vous êtes chrétiennes, Mesdames, avez-vous réfléchi à la prudence qui devait régler toutes vos actions pour ne pas scandaliser votre prochain. Avez-vous pensé aux livres et aux journaux qui traînent sur vos tables? Avez-vous pensé à vos enfants, à vos domestiques qui peuvent y puiser des choses dangereuses ou mauvaises. Vos maisons devraient être des maisons de Dieu, ne pourrait-on pas les prendre pour les maisons de l’ennemi de Dieu. Il faut porter votre attention sur tout cela.

Jeudi soir.

Les bonnes Oeuvres.

Mesdames, c’est seulement une causerie que nous allons faire.

Autrefois l’usage des gants n’était pas si répandu et il était d’usage que les chanoines n’en portassent pas. Un jour, je causais avec une dame de l’Ancien Régime, la mère d’un ancien maître de cérémonies et je lui demandai ce qu’elle pensait de l’usage des gants? Simple question à laquelle elle répondit: C’est un usage qui se répand de plus en plus parce qu’il y a beaucoup de personnes qui ont besoin de cacher leurs mains. (C’était peut-être un peu impertinent; mais c’était d’une grande Dame).

Il y a aussi un proverbe vulgaire qui dit que celui qui a de la fortune est un voleur ou le fils d’un voleur. Ceci est un dicton qui souffre heureusement de nombreuses exceptions; mais enfin, ne sentez-vous pas que si vous avez des biens, vous en devez une part à ceux qui n’en ont point? La loi chrétienne vous oblige à donner votre superflu aux pauvres.

Le superflu, c’est là une question difficile à trancher. Pour ma part je l’ai méditée sous toutes les formes et je n’ai pas pu la résoudre d’une manière absolue: c’est une affaire d’appréciation personnelle.

Il y a une maxime qui a traversé les siècles, elle est d’un roi: La terre appartient au Seigneur, avec tout ce qu’elle renferme.

La terre appartient au Seigneur, donc elle ne vous appartient pas. Vous êtes seulement les fermiers. A qui devez-vous le fermage? A Dieu dans la personne des pauvres.

Vendredi matin.

N.S.J.C. modèle d’expiation.

Dieu a livré son Fils à la mort par amour pour nous.

La loi mystérieuse de l’expiation par le sang. C’est une chose que nous ne pouvons comprendre, mais que nous sommes obligés d’admettre.

Méditons en ce jour le chemin de la Croix, cette route du Calvaire le long de laquelle N.S. répand son sang pour expier tant de démarches coupables, de visites mauvaises, etc.

Le couronnement d’épines, pour expier les ambitions. Il y en a de toutes sortes. Il y en a qui ressemblent à celle de la mère des fils de Zébédée. Cette bonne femme, elle suivait N.S.; elle avait ses fils qui le suivaient aussi. Voyez, elle vient trouver N.S. Elle lui dit: Nous sommes un peu parents; si vous vouliez placer mes fils, l’un à votre droite, et l’autre à votre gauche. Vous savez la réponse du Sauveur.

Vous êtes des femmes chrétiennes, comment entendez-vous l’expiation au milieu de vos mollesses?

Voyez la foule de ce pauvre peuple égaré, qui ne connaît pas Dieu. A l’autre extrémité, le Fils de Dieu donnant son sang jusqu’à la dernière goutte pour sauver les hommes, et puis entre les deux, les femmes chrétiennes, vous, Mesdames.

Eh! bien, que faites-vous? C’est une question pratique en ce moment où la révolution gronde. N’en pourriez-vous pas être les victimes ou plutôt les condamnées? Si vous ne faites quelque chose pour expier avec le Sauveur et ramener les égarés.

Samedi matin.

Conclusions pratiques.

Mesdames, voici la retraite terminée, il faut conclure.

Je vois ici dans les personnes qui ont suivi la retraite trois catégories de chrétiennes.

Les premières sont des âmes qui ne font que commencer. Elles sont venues à la retraite par un motif plus ou moins parfait: leur mère l’a voulu. Elles avaient une amie qui les a entraînées. C’est par respect humain (car il y a plusieurs sortes de respect humain), leur entourage y venait; elles auraient été mal regardées de ne point y venir, etc.

Elles sont venues; mais elles sont presque fâchées, elles sentent une pointe de remords, deux pointes, trois pointes, (les remords ont beaucoup de pointes). Elles se disent: Il faudrait pourtant se décider; mais je n’en ai point le courage, il faudrait faire trop de sacrifices et alors il se passe dans leur âme quelque chose d’analogue à ce qui se produit sur une tasse de café au lait qu’on vous a apportée et que vous avez laissée refroidir. Il se passe une espèce de petit frisson et on se dit: non; c’est trop fort pour moi. Et puis, je n’aime pas ce prédicateur, il conte toujours des histoires, et moi, j’aime les sermons sérieux. Et puis, il a parlé des personnes qui n’ont commis que des péchés véniels et moi, j’ai des péchés mortels que je ne veux pas remuer.

Je dis seulement à ces âmes de penser au purgatoire, où la pénitence sera plus dure que celle qu’on fait sur la terre. Et je passe à la 2ème catégorie…..

…. qui est celle des âmes qui ont déjà marché,… et même qui ont fait quelques progrès. Il faut qu’elles avancent encore.

Enfin la 3e catégorie est celle des âmes qui ont déjà commencé à marcher dans le chemin de la perfection. Il faut qu’elles continuent à avancer. Je donne pour moyens:

La pratique des bonnes oeuvres dont j’ai parlé hier, et puis:

Certaines associations qui peuvent aider à atteindre ce but par l’amour de N.S.J.C., l’imitation de ce divin Sauveur, la mortification, la méditation.

J’ai des distractions; et, mais oui, vous avez des distractions; eh! bien, il faut vous exercer à en avoir un peu moins. Tenez, un jour je faisais la méditation en un chemin d’un quart d’heure. J’ai voulu compter combien j’aurais de distractions. J’en ai compté 60. Mais soixante fois je suis revenu à la pensée de Dieu.

Chacun a sa manière d’être saint et c’est ce qui compose cet admirable vêtement de l’Epouse du divin Roi, c’est-à-dire l’Eglise. Mais, Mesdames, pensez surtout qu’en ces temps Dieu demande de vous que vous soyez des apôtres.

Notes et post-scriptum