L’apostolat des laïcs.

Le monde ne peut être ni un grand séminaire ni un immense couvent; mais en restant au sein de leur famille avec toutes les relations créées par la société, les chrétiens n’ont-ils rien à faire? La flamme céleste ne les atteindra-t-elle pas? Si le temps des martyrs est passé, chrétiens d’aujourd’hui, ne sommes-nous pas leurs fils? S’il n’est plus nécessaire de confesser la vérité du haut des échafauds, ne reste-t-il point l’apostolat laïque, pour employer ici une parole tombée du Vatican? Et le courage n’est-il pas indispensable à tout homme qui veut dans la position que lui a faite la Providence, se montrer également et énergiquement enfant de Dieu et de l’Eglise? Pour moi, j’ai besoin de le dire, rien ne me paraît plus beau, plus magnifique que la vie du chrétien venant protester, par ses vertus calmes et fortes, contre les dégradations qui nous envahissent, illuminant les principes de sa conduite aux splendeurs de la foi, et montrant, par ses actes encore plus que par ses paroles, la puissance du dévouement et du sacrifice, tels qu’ils furent, il y a dix-huit cent ans, prêchés du haut du Calvaire. Et ne nous reprochez pas de présenter à nos enfants des types d’une perfection trop élevée. D’un côté, les hauteurs qu’elle habite, de l’autre, leur faiblesse, j’allais presque dire leur lâcheté native, nous garantissent que le plus grand nombre du moins n’atteindra pas de pareils sommets; et, après tout, il est bon d’apprendre à ces jeunes consciences que leurs vrais modèles sont ceux qui se rapprochent le plus de l’éternel modèle des hommes, Jésus-Christ.

Discours de distribution des prix, 16 août 1858.

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