DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

L’adoration des infinies perfections de Dieu et la contemplation de ses oeuvres nous établissent en un sentiment habituel de la présence de Dieu: signe d’un authentique amour de Notre-Seigneur et gage assuré de progrès spirituel.

Informations générales
  • ES-0025
  • DIRECTOIRE
  • PREMIERE PARTIE, DE L'ESPRIT
    CHAPITRE III, SENTIMENT DE LA PRESENCE DE DIEU
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
    1 PERFECTIONS DIVINES DE JESUS-CHRIST
    1 VOIE UNITIVE
La lettre

Je dois penser sans cesse à ce qui a toute l’affection de mon âme. Si j’aime Notre-Seigneur, je dois penser sans cesse à lui; mais puisqu’il est Dieu, c’est surtout comme Dieu que je dois avoir sans cesse sa pensée présente à l’esprit et au coeur.

Jésus est mon Dieu, et, comme Dieu, il est la plénitude de l’être : [[ C’est en lui que nous avons la vie, la respiration et toutes choses; c’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons, que nous sommes [1]. ]]

Il est la perfection infinie, la beauté par excellence, et cette beauté de son être, il la marque sur nos âmes : [[Signatum est super nos lumen vultus tui : La lumière de ta face est marquée sur nos âmes [2]. ]] Or, le péché a souillé cette âme créée à son image, et le meilleur moyen de réparer cette beauté perdue est de me tenir sous le poids de mon néant et de me laisser aller à l’action divine de la grâce par une attention constante à la présence de Dieu.

Dieu est mon bien suprême; je dois donc chercher à me rapprocher de lui; mon bonheur doit être de le posséder.

Suis-je habituellement en présence de Dieu?… Suis-je en sa présence avec le sentiment que je lui dois tout?… Suis-je convaincu, autant que je puis l’être par la foi, de la plénitude de son être, et, si je puis dire ainsi, de la plénitude de mon néant?… Ai-je assez pensé que mon corps, mes sens, mon coeur, mon intelligence, tout cela vient de lui, subsiste en lui et cesserait d’exister au premier signe de sa volonté infinie?…

Je ne touche à rien que je ne touche à une oeuvre de Dieu, à une possession de Dieu. Tout me rappelle Dieu ou du moins devrait me le rappeler.

Suis-je fidèle à cette voix de tous les êtres qui me ramènent vers leur auteur?… Avec quel respect suis-je en présence d’un Dieu qui me voit toujours?… Avec quel amour et quelle reconnaissance suis-je en présence d’un Dieu qui m’a tout donné?…

Dieu est la beauté infinie, et cette beauté, il a voulu la communiquer à mon âme; mais le péché originel l’a détruite une fois, le péché actuel la détruit tous les jours. Dans son ineffable bonté il veut me la rendre, cette beauté primitive, par sa grâce, et il veut aussi que je travaille à la recouvrer par mes efforts; mais pour cela il veut que j’approche de lui, et qu’en étudiant ses perfections je les copie en moi, autant que j’en suis capable, par les vertus que je dois acquérir.

Ce travail, l’ai-je fait?… Ai-je les yeux fixés sur mon divin modèle pour réparer, en l’imitant, les ruines de mon âme?… Ai-je mis mon effort, mon étude à m’unir tellement à Dieu par la pensée, que, m’attachant à Dieu, je ne fasse qu’un esprit avec lui, selon la parole de l’Apôtre?…

Dieu est la bonté par excellence, le bien suprême; c’est à le posséder dans l’éternité que doit consister mon bonheur. Mais si ma félicité est dans la possession d’un pareil bien, pourquoi n’en suis-je pas plus préoccupé ici-bas, pourquoi n’y pensé-je pas sans cesse?… Pourquoi mes pensées s’égarent-elles ailleurs?… Pourquoi, pour posséder le don parfait, ne deviens-je pas parfait moi-même?…

Seigneur, faites que je marche sans cesse en votre présence et qu’ainsi j’arrive à la perfection!

Notes et post-scriptum
1) Actes XVII, 25-28.
2) Ps., IV, 7.