DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

L’amour de la Vierge procède de notre amour envers Notre-Seigneur: nous aimons Marie parce qu’elle est la première affection de Jésus sur la terre. Elle nous est donnée comme le modèle pleinement accordé à notre condition de créature et comme Mère débordante de tendresse et de puissance. Son amour confère à notre amour de Notre-Seigneur sa fraîcheur, ses délicatesses, ses ardeurs apostoliques.

Informations générales
  • ES-0032
  • DIRECTOIRE
  • PREMIERE PARTIE, DE L'ESPRIT
    CHAPITRE V, AMOUR ENVERS LA SAINTE VIERGE
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE LA SAINTE VIERGE A L'ASSOMPTION
    1 ANNONCIATION
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 MAGNIFICAT
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 VIE DE MARIE
La lettre

Par une très miséricordieuse condescendance, Notre-Seigneur ne s’est pas contenté de s’offrir à nous pour modèle, soit comme Dieu, soit comme homme; il a voulu nous en donner un autre dans la personne de la Sainte Vierge, sa Mère, qui est notre Mère aussi, et la plus parfaite des oeuvres du Très-Haut.

Marie est à la fois mon modèle et ma Mère. Mon modèle : je dois chercher à l’imiter autant qu’un religieux voué à la perfection est capable d’imiter la Reine du ciel et de la terre; ma Mère: je dois avoir pour elle la confiance et la tendresse la plus absolue.

1° Quand je ne pourrais connaître des vertus de la Sainte Vierge que ce qu’en dit l’Evangile, cela me suffirait et il n’en faut pas davantage.

J’admire d’abord sa prudence dans la question qu’elle fit à l’ange envoyé pour la saluer au nom de Dieu. Son obéissance et sa foi n’éclatent pas moins dans cette réponse : [[ Voici la servante du Seigneur. ]] Cette foi est le principe de tous les prodiges qui s’accomplirent par elle, et c’est ce que lui révèle Elisabeth, en lui déclarant qu’elle est [[ bienheureuse d’avoir cru, parce que s’accompliront en elle toutes les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur ]].

Mais où le fond de l’âme de Marie se révèle, c’est dans la manière dont elle répond à sa cousine: [[ Mon âme glorifie le Seigneur. ]] Le but de la vie de Marie est la gloire de Dieu; son bonheur, de le servir et de publier sa reconnaissance pour les dons qu’elle en a reçus. Ce témoignage de tout ce que Dieu fait pour l’âme fidèle, l’espérance et la confiance au milieu des plus grandes épreuves, voilà ce que je découvre dans le cantique de Marie.

Je la suivrai à Nazareth, dans son humble travail, à coté de Joseph; à Bethléem, où elle met au monde le Fils de Dieu dans une étable; au Temple, où elle l’offre à Dieu; en Egypte, où elle fuit pour le soustraire à la fureur d’Hérode; à Jérusalem, où elle le perd pendant trois jours; dans l’atelier de Joseph, où elle mène dix-huit ans une vie cachée jusqu’au moment de la séparation, soit pour l’évangélisation, soit pour le Calvaire (8). En tout cela, que d’exemples, que d’enseignements!

Ai-je la prudence de Marie dans les circonstances importantes de ma vie?… L’ai-je dans mes rapports habituels avec le prochain?…

Ai-je son obéissance, dès que la volonté de Dieu m’est connue, non seulement par mes Supérieurs, mais par ceux qui me les représentent?…

Ai-je cette foi qui me ferait accepter les ordres les plus difficiles?… Suis-je disposé à entrer sérieusement dans la vie intérieure et à laisser accomplir en moi tout ce que le Seigneur attend de ma dépendance à ses désirs?… N’ai-je pas peur?… N’ai-je pas des doutes?… Ne suis-je pas lâche en tout ce qui m’est demandé?…

N’ai-je, dans toute ma vie, d’autre but que la gloire de Dieu?… Est-ce le désir de procurer cette gloire qui absorbe mes efforts?…

Ai-je mis tout mon bonheur en Dieu?… Mon soutien, ne l’ai-je pas mis en moi ou dans les créatures?… Cette pureté d’intention qui va droit à Dieu, sans regarder ni à droite ni à gauche, l’ai-je bien forte au fond de l’âme?…

Ai-je cherché à me faire une idée de tout ce que Dieu ferait en moi par la puissance de son bras, si je voulais le laisser agir?… Comme il dissiperait ce qu’il y a d’impur, de vaniteux, d’orgueilleux en mon coeur, si je ne craignais pas de l’y laisser régner en souverain!

Dans les épreuves, ai-je mis toute mon espérance et ma confiance en mon souverain Maître?… Ne me suis-je appuyée que sur lui?… Suis-je pauvre de la pauvreté de Bethléem?… Suis-je laborieux du travail de Nazareth?… Me suis-je réellement consacré à Dieu?… Lui ai-je tout donné, comme Marie a tout donné à Jésus?… Ai-je aimé la vie cachée?… Ai-je accepté généreusement les séparations que la Providence m’a imposées ou peut m’imposer chaque jour?… Ai-je accepté même la séparation de Jésus?… C’est en méditant la vie de cet admirable modèle que je prendrai l’esprit d’un vrai religieux.

2° Mais Marie n’est pas seulement un modèle pour moi, elle est ma Mère. C’est sur le Calvaire, au pied de la croix de son Fils, qu’elle m’adopte. Elle me prend lorsqu’elle est, en quelque sorte, encore toute couverte du sang de Jésus répandu pour moi; et, malgré l’horreur que je dois lui causer, puisque, si Jésus meurt, c’est pour mes péchés, elle m’accepte pour son enfant. Désormais, je suis son fils (9).

Quel honneur d’avoir une pareille mère! Quel bonheur dans un pareil commerce!… Quelle reconnaissance, quelle tendresse ne lui dois-je pas?… Mais cette tendresse, cette reconnaissance, que sont-elles, si je les démens tous les jours par une vie en tout opposée à la vie de Marie?…

Si je l’aime, je dois le prouver en accomplissant en moi tout ce qui lui est agréable; en bannissant de mon coeur, de mon esprit, toute pensée et tout sentiment indignes d’elle; en me portant à son égard à toutes ces délicatesses d’affection qui lui prouveront qu’elle a en moi un vrai fils. Ma vie peut-elle le lui prouver?

Notes et post-scriptum
(8) Jusqu'au moment de la séparation <>. (D.F.)
(9) On trouve dans la plupart des mss du D.H. une rédaction moins élégante, mais plus nerveuse: <>