DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

Nous aimons également l’Eglise parce que Jésus l’a aimée; l’amour de l’Eglise dilate notre amour de Notre-Seigneur aux dimensions du monde. Le Père d’Alzon insiste sur le profond attachement et le total dévouement que l’Eglise doit nous inspirer.

Informations générales
  • ES-0036
  • DIRECTOIRE
  • PREMIERE PARTIE, DE L'ESPRIT
    CHAPITRE VI, AMOUR DE L'EGLISE
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 AMOUR DU PAPE
    1 EGLISE EPOUSE DU CHRIST
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 QUATRIEME VOEU DES ASSOMPTIONNISTES
    1 SALUT DES AMES
    1 SERVICE DE L'EGLISE
La lettre

Cet amour est le principe du voeu que sont admis à faire, après un certain temps, les religieux de l’Assomption, et qui consiste à se dévouer à l’extension du règne de Notre-Seigneur dans les âmes (10).

1° Pourquoi dois-je aimer l’Eglise?…

Qu’est-ce que le règne de Notre Seigneur, sinon son action sur l’Eglise?… Pour savoir comment il l’a aimée, il me faut considérer tout ce qu’il a fait pour elle.

Pour elle, il est descendu du ciel, il s’est incarné, il est né dans une étable, il a passé trente ans dans les travaux d’une vie pénible, pauvre et obscure; il a souffert la calomnie, les persécutions, les insultes, les souffrances les plus atroces, la mort sur la croix, tout cela pour l’Eglise, son corps mystique.

Si j’aime Jésus-Christ, combien dois-je aimer ce qu’il a de plus cher?…

De plus, qu’est l’Eglise pour moi?… C’est ma mère. En elle et par elle j’ai été enfanté à une nouvelle vie dans les eaux du saint baptême; par elle, Jésus-Christ entretient une vie divine en moi, à l’aide des sacrements dont l’Eglise est la dispensatrice. Par elle, mon intelligence est éclairée de la lumière de la vérité éternelle, qu’elle est chargée d’enseigner avec une autorité infaillible. Par elle, j’obtiens sans cesse une foule de secours qui m’aident et m’encouragent au bien. Par elle est bénie la petite Congrégation à laquelle j’appartiens, cette famille que j’ai choisie pour mieux aimer et mieux servir Notre-Seigneur. Sans elle, je ne connaîtrais pas autant, je ne pourrais servir aussi bien le Dieu à qui je me suis consacré.

Epouse par excellence de Jésus-Christ, elle appelle les âmes privilégiées à devenir épouses à leur tour, et, dans cet admirable mystère, c’est dans les flammes du Saint-Esprit qu’elle m’invite à consommer cette incompréhensible union entre la créature et son Créateur. Ce que Jésus-Christ aime surtout dans son Eglise, ce sont les âmes qui s’y sanctifient. Toutes ne sont pas élevées au même degré de perfection, mais toutes sont appelées. Or, dans son infinie bonté, Notre-Seigneur ne veut pas seul agir dans le travail de la conversion et de la sanctification des âmes. Il y convie les chrétiens, c’est pour cela qu’il a institué le sacerdoce, et il permet à tous, selon leur position, leurs forces, la mesure des grâces qu’ils ont reçues, de travailler à la même oeuvre.

2° Comment dois-je aimer l’Eglise?…

D’abord, je dois l’aimer comme ma patrie. C’est, en effet, la patrie de mon âme, la société par laquelle je suis

uni à Dieu; ensuite, comme ma mère, je suis le fils de Dieu; le même sacrement qui me fait enfant de Dieu, me fait enfant de l’Eglise.

Je dois aimer tout ce qui la fait vivre: son chef visible, Notre Saint Père le Pape, qui, depuis saint Pierre, est la pierre inébranlable sur laquelle l’Eglise est bâtie. Mon amour pour Jésus-Christ doit s’étendre particulièrement à son Vicaire sur la terre. Je dois aimer toute la hiérarchie ecclésiastique et beaucoup prier pour que ses membres aient les secours et les grâces nécessaires à leur mission.

Je dois aimer les âmes qui, dans les flammes du purgatoire, se purifient pour être dignes de jouir de la vue de Dieu. Je dois aimer et invoquer les âmes des justes qui règnent avec Jésus-Christ dans l’Eglise triomphante. Mon amour doit unir ces diverses parties de la même Eglise.

Mais, toutefois, il m’importe surtout de me dévouer, autant qu’il dépend de moi et selon ma faiblesse, à l’Eglise qui combat sur la terre. Mes prières, mes mortifications doivent prendre un cachet tout particulier de ferveur quand je pense que je puis contribuer à sauver des âmes. Ma conduite, mes actions, mes paroles, mon enseignement, toutes les fonctions auxquelles on m’emploie et qui se rapportent directement ou indirectement au même but, doivent s’imprégner du même sentiment et du même amour.

Ai-je aimé l’Eglise pour l’amour de Jésus-Christ?… L’ai-je remercié, ce bon Maître, de tout ce qu’il a fait pour fonder l’Eglise catholique dont j’ai le bonheur de faire partie?… Ai-je médité quelquefois sur tout ce qu’il a enduré de fatigues, d’humiliations, de souffrances pour l’établir?…

Je suis enfant de l’Eglise; ai-je aimé l’Eglise comme ma mère?… Suis-je suffisamment reconnaissant de la vie nouvelle que j’y ai reçue?… Des grâces qui font l’aliment spirituel de mon âme?…Du bonheur incomparable de pouvoir m’y nourrir du corps et du sang de mon Dieu?…

Suis-je ému des persécutions de l’Eglise?… Ai-je assez demandé à Dieu de lui donner la paix et la liberté dont elle a besoin?… Ai-je prié avec assez de ferveur les âmes justes qui sont au ciel de nous venir en aide?… Ai-je prié convenablement pour les âmes du purgatoire?… Ai-je une compassion suffisante pour ces pauvres âmes?… Ai-je prié pour Notre Saint Père le Pape, afin que Dieu le fasse gouverner comme il convient?… Ai-je prié pour les évêques, les prêtres consacrés au salut des âmes?…

Me suis-je mortifié avec assez de ferveur pour obtenir la conversion des âmes, et surtout les âmes avec qui je suis le plus en rapport et qui m’étaient plus spécialement confiées?… Ai-je eu cette ardeur qui desséchait le saint roi David quand il voyait les pécheurs?… Ai-je fait de suffisants efforts pour me ployer à tout ce que me demandait de bonté, de prévenances, de bons procédés une âme à convertir, et que je n’atteignais pas, parce que je n’avais pas le courage de devenir meilleur moi-même (11)?

Notes et post-scriptum
(10) Voeu proposé au début de l'Institut et qui ne fut pas autorisé par le Saint-Siège.
(11) Le P. d'Alzon, sans toucher au texte, en avait remanié l'agencement dans D.F. (cf. le Directoire des Oblates). Pour D.H. il a maintenu le développement primitif de ce chapitre.