DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

Informations générales
  • ES-0052
  • DIRECTOIRE
  • DEUXIEME PARTIE, DES VERTUS
    CHAPITRE III, DE L'OBEISSANCE
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 COMMANDEMENTS DE DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 OBEISSANCE DE JESUS-CHRIST
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 SOUMISSION SPIRITUELLE A JESUS-CHRIST
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
La lettre

I

Si le religieux donne ce qu’il a par la pauvreté, son corps et ses sens par la chasteté, il se donne tout entier lui-même par l’obeissance. Cette vertu dont le voeu est le lien de la vie religieuse, consomme le sacrifice de tout son être, et c’est pourquoi il doit en chercher le principe dans le sein même de l’adorable Trinité et dans l’éternelle obéissance de Dieu le Fils, Verbe incréé, à la volonté de Dieu le Père. ]] (4)

C’est pour cela que Jésus-Christ a voulu être appelé l’Agneau immolé dès l’origine du monde, et qu’il déclare lui-même, par le prophète, qu’il veut tout ce que veut son Père, et que sa loi est écrite au fond de son coeur: [[ Deus, Deus meus, volui, et legem tuam in medio cordis mei. A faire ton bon plaisir, mon Dieu, je me complais, et ta loi est au milieu de mon coeur [1]. ]]

C’est pour cela que saint Paul nous apprend, et que l’Eglise nous répète sans cesse dans ses prières de la Semaine Sainte, que Jésus-Christ a été fait pour nous obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix.

Pour que notre obéissance soit bien reçue de Dieu, il faut qu’elle soit humble, douce, prompte, fidèle, sans murmure et sans lâcheté.

II

La foi est un acte de soumission de notre intelligence à la vérité révélée de Dieu; mais en nous enseignant ce qu’il faut croire, la foi nous enseigne ce qu’il faut pratiquer. En nous manifestant les rapports qui subsistent entre Dieu et nous, elle nous montre nos devoirs envers lui. Si Dieu est le souverain Maître de toutes choses, si nous sommes ses serviteurs; si, par la grâce, nous sommes ses enfants, à un double titre, nous lui devons la dépendance la plus absolue.

Mais notre empressement à lui montrer notre soumission peut aller au delà de ses ordres; nous pouvons rechercher ses désirs et en faire pour nous des lois. L’obéissance prend alors un caractère particulier de perfection et d’amour qui se manifeste par un voeu : c’est le premier lien de la vie religieuse.

L’obéissance prise en ce sens est le sacrifice de ma volonté, à laquelle je renonce pour ne plus faire que la volonté de Dieu, manifestée pour moi par mes Supérieurs.

J’ai fait voeu d’obéissance; comment l’ai-je accompli jusqu’à aujourd’hui?… Ma volonté est-elle entièrement sacrifiée?… Est-ce que j’obéis sans restriction ni distinction?… Est-ce que je ne discute pas bien souvent avec moi-même l’autorité de mes Supérieurs, leurs droits, leurs excès de pouvoir?… Est-ce que je soumets mon jugement, même dans les affaires de règle?… Est-ce que je n’ai pas discuté quelquefois avec mes frères les actes de l’autorité?… Suis-je soumis au Supérieur particulier que la disposition de mes Supérieurs me choisit?… Suis-je soumis, dans les emplois dont on me charge, aux officiers qui sont au-dessus de moi dans cet emploi?… Ai-je apporté les dispositions de Marie disant : [[ Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. ]]

Dans les tentations contre l’obéissance, me suis-je souvenu que Jésus-Christ, qui était Dieu, s’est laissé donner [des ordres] (5) par son Père, et qu’il a été obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix, quand il n’y était pas obligé?…

Me suis-je persuadé que, sans doute, je ne suis rigoureusement tenu d’obéir qu’à un ordre formel, mais que la vraie obéissance accepte les moindres indications?… Au contraire, n’ai-je pas dû me faire répéter bien des fois la même chose? Ou bien ne me suis-je pas perdu en explications pour obtenir des permissions qu’on ne voulait pas m’accorder?… N’ai-je pas biaisé, et, pour ainsi dire, chicané avec les ordres donnés ou avec un texte de la Règle?

Notes et post-scriptum
(4) Ce texte emprunté à nos Constitutions primitives, dont l'audace ne devrait pas faire difficulté, a été retouché, comme il suit, dans l'édition du P. Picard <> (Hebr., X, 7). Le P. d'Alzon a donné lui-même, dans sa grande méditation sur l'Excellence de l'obéissance, le commentaire autorisé de ce passage de notre Directoire (p. 543). C'est de toute éternité, en prenant conjointement avec le Père et l'Esprit Saint le décret de l'Incarnation rédemptrice, que le Verbe de Dieu se trouve personnellement au principe de notre obéissance.
(5) Les mots entre crochets ne se trouvent en aucun mss D.H. Le Christ, nous dit le P. d'Alzon, s'est laissé donner, c'est-à-dire, totalement livrer par son Père à ses ennemis.1) Ps., XXXIX, 9.