DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

La pauvreté est la contre-épreuve de l’espérance. Elle nous détache de la terre; elle nous met, à l’exemple du Christ, au service des pauvres; elle nous ramène aux moyens pauvres, qui, seuls, reçoivent les bénédictions de Dieu; elle nous applique au travail, trempe les caractères et assure à notre apostolat son indépendance.

Informations générales
  • ES-0064
  • DIRECTOIRE
  • DEUXIEME PARTIE, DES VERTUS
    CHAPITRE VI, DE LA PAUVRETE
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 CONDITIONS DE L'APOSTOLAT
    1 DETACHEMENT
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 ESPERANCE BASE DE LA PAUVRETE
    1 FORMATION DU CARACTERE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 POSSESSION DE DIEU
    1 PRATIQUE DE LA PAUVRETE
    1 TRAVAIL
    1 VOEU DE PAUVRETE
La lettre

I

La richesse de notre famille doit consister dans le détachement le plus absolu des biens de la terre: Notre-Seigneur ayant dit: [[Les oiseaux du ciel ont des nids, les renards des tanières, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête [1].]] Nous rougirons de toutes les satisfactions inutiles que nous donnons à notre corps. Notre-Seigneur n’ayant pas voulu, pendant sa vie apostolique, donner l’exemple de trop grandes mortifications extérieures, nous chercherons du moins à l’imiter dans son dénuement de toutes choses. C’est par ce même motif que nous serons très sévères par rapport à l’emploi de notre temps. Nous sommes comme des pauvres ayant besoin de travailler pour gagner leur vie.

II

L’estime de la possession de Dieu doit me faire mépriser tout ce qui n’est pas lui ou ne se rapporte pas à lui. Je puis détacher mon coeur de toute propriété terrestre et en jouir, mais il est plus parfait de renoncer à quoi que ce soit et de sanctifier cette seconde disposition en faisant le voeu de pauvreté. Dès lors, je ne puis disposer de rien qu’autant que me le permettront mes Supérieurs, et, soit que j’aie apporté à la Congrégation des sommes considérables, soit que je ne lui aie fait que l’offrande de ma personne et de mon travail je ne possède rien.

Si je suis un bon religieux, cette pauvreté doit faire ma joie; et je dois non seulement la pratiquer selon ce que la Règle me prescrit, mais il m’est permis de la porter intérieurement aussi loin que mon amour pour Dieu me l’inspirera. Nul ne peut servir deux maîtres, et mon dépouillement intérieur sera le meilleur moyen de faire pénétrer Dieu plus profondément dans mon âme. C’est donc à moi de voir à quel degré je suis pauvre.

Ne regretté-je pas quelquefois certaines douceurs que la fortune procure?… Ne tiendrais-je pas à quelque objet, si petit qu’il soit?… Suis-je détaché de tout?… Ne laissé-je pas se former en moi certains désirs ou certains regrets de ce que je n’ai plus?… Suis-je uni à Jésus-Christ pauvre dans la crèche de Bethléem, pauvre dans le travail de Nazareth, n’ayant pas une pierre pour reposer sa tête pendant sa vie apostolique?… Cette sainte pauvreté de mon Maître me séduit-elle, me charme-t-elle, me transporte-t-elle du désir de faire comme lui?… Quel soin ai-je, par esprit de pauvreté, des objets, livres, vêtements qui me sont confiés?…

La pauvreté implique le travail. Si je suis pauvre, je dois travailler pour gagner ma vie. Ainsi que le travail est le châtiment du péché, il est une condition d’une vie pauvre. Comment ai-je employé mon temps?… Avec quel scrupule?… Ne suis-je pas paresseux?… Ne me suis-je pas laissé emporter par ma lâcheté dans bien des circonstances?… L’ennui du travail ne m’a-t-il pas entraîné bien souvent à perdre mon temps?… Quel compte ne dois-je pas en rendre un jour?… Comment veux-je l’employer désormais, en songeant qu’en perdant mon temps en conversations inutiles ou autrement, je manque et je fais manquer mes frères à la pauvreté?… N’ai-je pas, sous ce rapport, bien de mauvais exemples à me reprocher et comment veux-je les réparer?

Notes et post-scriptum
1) Matth., VIII, 20.