DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

La fécondité de la charité se trouve, pour le Père d’Alzon, dans la puisance de souffrir. <>.

Informations générales
  • ES-0075
  • DIRECTOIRE
  • DEUXIEME PARTIE, DES VERTUS
    CHAPITRE X, DE LA MORTIFICATION
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 CHASTETE DU PRETRE
    1 MORTIFICATION
    1 MORTIFICATION CORPORELLE
    1 PENITENCES
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 RENONCEMENT
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SUJETS DU ROYAUME
    1 VERTU DE CHASTETE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 VIGILANCE
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
La lettre

I

Les religieux devront savoir qu’en entrant dans la Congrégation ils ont fait à Dieu le sacrifice de leur vie. Cette vie ne leur appartient donc plus; il doit peu leur importer qu’elle soit longue ou qu’elle soit courte, pourvu qu’elle soit employée dans le but voulu de Dieu. Dès lors, nul prétexte de santé ne sera admis pour ne pas faire ce qui aura été commandé; comme aussi, dès qu’il leur sera ordonné de se soigner, ils devront obéir pour faire ce qui est le plus agréable à Dieu.

Le religieux est un soldat qui doit combattre ou se reposer sous les armes, selon que la voix de son chef le lui impose. Il doit toujours avoir devant les yeux le terme de sa vocation, qui est la victoire sur le monde, sur lui-même, et la manifestation de Jésus crucifié. Pour arriver au triomphe sur lui-même, la pénitence lui est nécessaire, mais elle doit être conforme à l’esprit de notre Institut. Elle consistera surtout dans la pauvreté, la prière, l’étude, la patience dans les bonnes oeuvres, le support du prochain et la régularité.

Les jeûnes et autres austérités ne lui seront pas aussi nécessaires que dans d’autres religions, parce qu’il doit affaiblir son corps dans les oeuvres destinées au salut des âmes. Toutefois, loin de lui être interdites, elles lui sont conseillées.

Un des motifs qui nous portera à pratiquer quelques pénitences extraordinaires sera d’obtenir, soit le succès de nos bonnes oeuvres, soit la conversion des pécheurs, soit la réparation des scandales qui affligent l’Eglise, et c’est pour nous y exciter que nous méditerons souvent sur la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

II

[[ Ma bien-aimée est comme un lys entre les épines[1] ]], dit le céleste Epoux. Si je veux que la fleur de ma chasteté conserve son éclat, je dois l’entourer d’épines, c’est-à-dire de l’esprit et des pratiques de la mortification, et, quoique l’austérité corporelle ne soit pas un des caractères particuliers de l’Assomption, elle se présente à moi comme condition de toute vie chrétienne, comme gardienne de ma chasteté, et comme preuve de la ferveur qui doit embraser un ministre de Jésus-Christ.

Comme chrétien, je dois me souvenir que je suis pécheur et que je dois payer par la pénitence la dette de mes péchés. Comme l’ami de Jésus, je dois veiller avec toute l’ardeur dont je suis capable à conserver mon plus précieux trésor. Comme religieux, je dois entrer dans tous les sentiments de Notre-Seigneur, et accomplir dans ma chair ce qui manque à la Passion de Jésus-Christ.

Ma mortification doit être une pénitence de satisfaction, de préservation et d’amour.

Me suis-je rendu compte de ce que j’ai à payer pour moi-même?… Si je venais à mourir, que serait mon purgatoire, combien de temps aurais-je à y souffrir, et quelles douleurs serais-je condamné à y endurer?… Et pourtant, la moindre gêne, la moindre incommodité m’épouvante. Je ne sais rien supporter;je n’offre qu’avec une répugnance extrême quelque chose des mille mérites qui se présentent dans la vie et qui seraient de très précieuses mortifications, si je le voulais.

Que fais-je pour conserver la sainte vertu de chasteté?… Par quelles précautions l’ai-je tenue à l’abri de tout souffle impur?… Dans mes conversations, mes lectures, mes regards, les entraînements de mon imagination, n’y a-t-il rien à retrancher?… Comment ai-je pris ce qu’il y a d’austère dans la vie religieuse?… N’ai-je pas fui avec soin tout ce qui pourrait me gêner, me fatiguer?… Quelle horreur n’ai-je pas eue pour ces épines dont Jésus veut pourtant que j’entoure mon coeur?…

Si je suis tout particulièrement consacré au service des autels, il m’est impossible de me présenter à notre divin Maître sans lui demander d’avoir pitié de son peuple, et sans m’offrir comme victime pour apaiser sa colère. Que veux-je ajouter à ma prière pour qu’elle soit exaucée?… Jésus obtient le salut des pécheurs sur la croix, au milieu des douleurs les plus vives de l’âme et du corps; que veux-je offrir pour les pécheurs en union avec Jésus?…

Si je mène plus spécialement une vie contemplative au pied du Saint Sacrement, je dois avoir une vie d’oraison et de pénitence; qu’ai-je fait jusqu’à présent pour vivre de cette vie et pour m’y préparer selon l’esprit de la Règle?

Notes et post-scriptum
1) Cant., II, 2.