DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

Par vocation, par notre devise: <>, nous sommes au service des âmes. Le zèle, fruit éminent de la charité, couronne toutes nos vertus et souligne le caractère apostolique qu’elles revêtent à l’Assomption.

Informations générales
  • ES-0078
  • DIRECTOIRE
  • DEUXIEME PARTIE, DES VERTUS
    CHAPITRE XI, DU ZELE POUR LE SALUT DES AMES
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT DESINTERESSE A L'ASSOMPTION
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 NOMINATIONS
    1 NOVICIAT
    1 QUATRIEME VOEU DES ASSOMPTIONNISTES
    1 SALUT DES AMES
    1 ZELE APOSTOLIQUE
La lettre

I

Puisque l’esprit de notre Ordre (8) est plus particulièrement un esprit apostolique, nous devons nous appliquer, autant qu’il dépendra de nous, à acquérir les vertus qu’implique cette sublime vocation. C’est pourquoi nous nous souviendrons que Notre-Seigneur est venu sur la terre non pour être servi, mais pour servir, et nous nous appliquerons à nous mettre dans une humble dépendance des âmes auxquelles nous serons appelés à faire du bien. Nous nous rappellerons que ces âmes ont des droits sur nous, et que nous n’avons sur elles que celui que Jésus-Christ nous a confié pour les conduire, selon les moyens mis à notre disposition, vers la perfection qui leur est propre.

C’est de ce sentiment de dépendance que découle le respect qui sera une sauvegarde pour elles et pour nous. C’est dans le coeur de Notre-Seigneur Jésus-Christ qu’elles doivent nous être chères, et c’est l’amour que Jésus-Christ leur a témoigné, en versant son sang pour elles, qui doit être la mesure des efforts que nous devons faire pour les conduire, selon leur vocation, à la sainteté.

Quoique tous les religieux doivent être prêts à se porter à toutes les oeuvres que les Supérieurs leur proposeront, dans les limites de notre Institut, cependant les Supérieurs auront soin d’examiner avec attention dans quelles oeuvres plus particulièrement tels ou tels religieux réussissent mieux, selon leurs aptitudes, leurs qualités naturelles, mais surtout selon les grâces qui leur seront accordées pour agir.

Nous apporterons, dans le bien que nous ferons, tout le désintéressement possible, surtout celui de la vaine gloire; nous nous réjouirons du bien que les autres auront fait et que nous n’aurons pas été jugés dignes de faire, et dans les circonstances où d’autres auront fait l’oeuvre de Dieu, là même où il eût semblé que nous avions le droit de travailler, nous dirons avec Moïse : [[ Utinam et omnes prophetent. Plaise au ciel, que tous prophétisent. ]]

Notre zèle sera humble, nous souvenant de la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ à ses apôtres : [[ Lorsque vous aurez fait ce qui vous a été commandé, retournez et dites : nous sommes des serviteurs inutiles (1).]]

Enfin, notre zèle sera persévérant, car les saintes Lettres nous donnent sans cesse les exemples de la manière dont Dieu fait réussir les oeuvres voulues de lui, alors qu’elles semblaient le plus désespérées; car à mesure qu’il est évident que l’homme y met moins de son propre fonds, Dieu y met davantage du sien.

II

La contemplation et l’action sont unies pour nous dans un même but: servir à l’extension du règne de Jésus-Christ en priant dans le silence, comme Marie notre Mère, ou bien en nous occupant des oeuvres qui contribuent au bien de l’Eglise. Dans quelque maison que je sois, je travaille donc toujours pour témoigner mon amour à Jésus-Christ et pour lui attirer des âmes.

Je m’occuperai en particulier de ces divers buts (9), mais je veux examiner devant Dieu quelles doivent être les dispositions d’un religieux qui se prépare à faire ou qui a fait son quatrième voeu(10).

1° Je dois entrer dans tous les sentiments de Notre-Seigneur lorsqu’il est venu au monde. [[Je suis venu, dit-il, apporter le feu sur la terre, et que veux-je sinon qu’elle s’embrase (2)?]] Je dois vouloir embraser les âmes de ce feu divin, et ma vie devrait être une aspiration permanente vers ce but.

2° Je dois entrer dans toutes les souffrances endurées par Jésus-Christ pendant sa vie mortelle. Ses travaux, ses fatigues apostoliques, ses sueurs; les rebuts, les contradictions, les persécutions, les ingratitudes dont il fut l’objet; la prière de son agonie au Jardin des Olives, les douleurs de sa Passion, les tortures, la soif, les délaissements de sa mort : tout cela doit m’être sans cesse présent pour me donner une idée de l’amour que Notre-Seigneur a porté aux âmes rachetées par son sang, et du prix dont il les a payées.

3° Je dois aimer les âmes et me dévouer sans cesse pour elles : aimant les âmes justes pour leurs vertus, et désirant qu’elles se sanctifient de plus en plus pour être une consolation à Notre-Seigneur et à sa gloire; aimant les âmes pécheresses et désirant de toute mon âme leur conversion, afin que le sacrifice du Calvaire ne soit pas inutile pour elles.

Mon zèle à cet égard doit être prudent, si j’ai à m’occuper des enfants, ou de personnes en retraite, ou de toute âme à laquelle je veux faire du bien. Il doit être dirigé par l’obéissance, et je dois bien songer que pour vouloir faire trop ou trop vite, on ne fait rien ou l’on fait mal; mais il doit en même temps être ardent comme celui de notre divin Maître. Je dois être prêt à tout pour sauver des âmes, selon les indications de ma Règle et de mes Supérieurs.

Si je suis dans une maison de noviciat, c’est par la prière et la pénitence, si elle m’est permise, que je dois témoigner mon amour pour les âmes; c’est au pied du Saint Sacrement que je dois verser mes désirs, mes larmes, pour la sanctification des justes, la conversion des pécheurs, l’exaltation du Saint- Siège, la sainteté du clergé, la liberté de l’Eglise, la confusion des ennemis de Dieu, le triomphe de Jésus-Christ, même ici-bas.

Voilà ce que devraient être mes dispositions; que sont-elles en effet?… Ma piété n’est-elle pas toute égoïste?… Mon action n’a-t-elle pas quelque chose d’exclusif qui s’attache à telle ou telle personne, non pour Dieu, mais pour elle?… Ai-je le coeur ardent pour Jésus-Christ et pour tout ce qu’il aime?… Veux-je prier?… Veux-je souffrir?… Veux-je combattre?… Veux-je, selon mon infirmité, être un apôtre pour lui?

Notes et post-scriptum
(8) Mot qui indique le désir qu'avait le Fondateur de se lier par des voeux solennels et de créer de vrais moines.
(9) Le Père d'Alzon venait d'énumérer les diverses activités des Dames de l'Assomption; il n'a conservé de son texte primitif que ce qui pouvait s'appliquer à ses Religieux.
(10) Suivant le désir exprimé dans nos premières Constitutions.1) Luc., XVII, 10. 2) Luc., XII, 49.