DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

Rien ne souligne mieux l’importance du silence que la place privilégiée que le P. d’Alzon assigne à ce chapitre.

Informations générales
  • ES-0088
  • DIRECTOIRE
  • TROISIEME PARTIE, DES MOYENS
    CHAPITRE III, DU SILENCE
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 MANQUEMENTS A LA REGLE
    1 RETRAITE DES RELIGIEUX
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    1 VIE DE SILENCE
    1 VOIE UNITIVE
La lettre

I

Plus nous sommes obligés à vivre dans le monde, plus nous devons nous appliquer à chercher la solitude à certaines époques.

Chaque année, les Frères feront une retraite de dix jours, et chaque mois ils feront un jour de retraite, de la manière que leur Supérieur le leur prescrira; mais qu’ils songent surtout que c’est par leur application à se recueillir qu’ils pourront se maintenir dans l’union avec Dieu et l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui doit être le sujet constant de leurs efforts.

C’est dans ce but qu’ils observeront, autant que le leur permettront leurs obligations, le silence régulier, s’exerçant à rentrer toujours en eux-mêmes au milieu des distractions que leurs devoirs leur imposent quelquefois, afin qu’il soit évident que, quand ils rompent le silence, c’est qu’ils y sont absolument obligés.

II

Une des plus grandes forces de l’âme religieuse, c’est le silence. Le Prophète a dit: [[ Votre force sera dans le silence et l’espoir [1) ]], c’est-à-dire la prière. Ces deux grands moyens de sanctification se donnent la main: sans le silence, point de recueillement; sans recueillement, point de vie intérieure. En effet, si je parle trop, comment puis-je espérer d’écouter en moi ce qu’y dira le Seigneur mon Dieu?… Comment puis-je espérer de lui être uni?… Comment puis-je me préparer à cette union, soit par des retours sur le passé, qui me feront détester mes fautes et purifier mon âme, soit par des actes d’adoration et d’amour qui veulent une grande paix et une grande solitude de l’âme?…

Quelles sont à présent les causes pour lesquelles je viole le silence? Quand je les cherche, je trouve: 1° ma légèreté; je ne veux point fixer mon esprit; peu à peu je prends en dégoût les idées sérieuses, elles me fatiguent, m’épuisent, je n’en puis supporter le fardeau; 2° mon imagination, qui aime à s’égarer et à faire part de ses divagations; ma curiosité, qui veut tout savoir, interroger sur tout ce qui la regarde et ne la regarde pas; mon esprit de critique, dont le tribunal est toujours dressé pour citer tout ce qui se fait et se dit autour de moi; mon indépendance, qui a toujours mille objections à présenter aux ordres qu’on me donne lorsque je ferais bien mieux de me taire et d’obéir en union avec l’obéissance de Jésus et de Marie; l’horreur que j’ai de me connaître, et qui fait que je m’occupe de tout, excepté de mes défauts; le besoin que j’ai de m’étendre sur l’état de mon âme, afin de me justifier, quand cela serait dit en peu de mots si j’avouais rondement mon orgueil, ma lâcheté, mon mauvais caractère ou tout autre défaut que je puis avoir.

Quand imiterai-je le silence de Jésus à sa Passion ou au tabernacle?… Quand chercherai-je à parler un peu moins aux créatures et à écouter un peu plus Dieu?

Notes et post-scriptum
1) Isaïe, XXX, 15.