DIRECTOIRE – Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire

Informations générales
  • ES-0104
  • DIRECTOIRE
  • TROISIEME PARTIE, DES MOYENS
    CHAPITRE XIII, DES RECREATIONS
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS, Directoire
Informations détaillées
  • 1 LOISIRS DES ELEVES
    1 RECREATIONS DES RELIGIEUX
    1 RELATIONS ENTRE RELIGIEUX
    1 SURVEILLANCE DES ELEVES
    1 SURVEILLANCE PAR LE SUPERIEUR
La lettre

I

Les récréations des religieux seront de deux espèces : celles qu’ils prennent avec les élèves et celles qu’ils prennent entre eux.

Les récréations avec les élèves doivent être pour eux l’objet d’un soin très particulier. Ils s’abstiendront de toute familiarité, de toute brusquerie. Ils pourront jouer; ils le devront même pour les mettre en train. Ils veilleront à ce que les élèves ne causent pas longuement entre eux et à ce qu’ils ne forment pas trop souvent des groupes. Ils surveilleront avec toute la vigilance possible les élèves douteux. Ils éviteront les paroles grossières et tout discours qui pourrait sentir la médisance ou le murmure. Ils parleront quelquefois de Dieu aux enfants, mais sans affectation; ils leur témoigneront une grande cordialité. Ils éviteront de procéder avec eux par des voies obliques, afin de leur inspirer toujours la plus grande confiance. C’est dans les récréations que l’on peut souvent faire le plus de bien aux enfants, comme aussi le plus de mal, parce que dans ces moments d’épanouissement l’âme s’ouvre avec plus de facilité aux influences heureuses ou funestes.

Dans les récréations passées entre eux, les religieux s’appliqueront à resserrer les liens de l’union fraternelle et d’une affection qui doit faire le repos le plus précieux qu’ils puissent rechercher dans un pareil moment. Le Supérieur s’appliquera à assister, autant qu’il le pourra, aux récréations des religieux. Dans ces moments de détente, on est souvent exposé à blesser la charité et l’obéissance par des jugements peu chrétiens: la seule présence du Supérieur devra arrêter de tels abus. Que nul ne s’exempte de la récréation sans en avoir demandé la permission; elle ne devra être accordée que pour de sérieux motifs.

II

Je puis sanctifier mes récréations autant que les autres exercices de la journée. Tout en prenant un repos nécessaire, je puis toujours y édifier par ma tenue religieuse, alors qu’on est plus naturellement porté à y manquer; par la facilité de mon caractère, dont les aspérités sont plus aisément apparentes en ces moments de détente; par la pratique de toutes les attentions et prévenances, mais sans excéder les bornes de la politesse chrétienne; enfin, par une disposition à accepter tous les petits ennuis qui sont la suite involontaire d’une longue intimité.

Je puis mettre ma perfection à me taire ou à parler, selon qu’il convient : consentant à écouter quand d’autres intéressent, m’efforçant de faire les frais de la conversation quand la récréation menace de languir; convaincu comme je dois l’être que, parmi les diverses espèces d’offrandes, l’une des plus agréables à Notre-Seigneur est celle de l’amabilité que l’on dépense pour ses amis, afin de les rendre joyeux à son service et de les disposer à se porter énergiquement aux choses plus sérieuses qui suivent la récréation.

Que sont les récréations pour moi?… N’y suis-je pas trop entraîné par ma dissipation?… Mes paroles n’y sont-elles pas trop abondantes?… N’ai-je pas la prétention qu’on n’y écoute que moi, ou bien n’y suis-je pas trop concentré?… N’y ai-je pas bien souvent apporté des airs sombres et de la mauvaise humeur?… N’y ai-je pas gardé un silence contagieux?… N’y ai-je pas montré mes caprices, mes antipathies, mes humeurs noires, mes bouderies?… Y ai-je toujours été charitable, bon, doux, humble, prévenant?… En ai-je fait pour les autres et pour moi un vrai repos, en vue de me préparer à mieux servir Notre-Seigneur le reste de la journée?

Notes et post-scriptum