CIRCULAIRES – Sage, ECRITS SPIRITUELS

<< L'Eglise, qui sans cesse a de nouveaux combats à livrer, a sans cesse besoin de nouvelles troupes. >> Les tertiaires de l’Assomption doivent se préoccuper autant de la défense de l’Eglise que de leur sanctification personnelle.

Informations générales
  • ES-0202
  • CIRCULAIRES
  • TROISIEME CIRCULAIRE(1)
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 BUT DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 DECADENCE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DROITS DE DIEU
    1 ENGAGEMENT APOSTOLIQUE DES LAICS
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 FONDATEUR
    1 FORMATION DES JEUNES AUX VERTUS
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 IDEES DU MONDE
    1 IGNORANCE
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 MAUX PRESENTS
    1 MORTIFICATION
    1 OEUVRES DES VOCATIONS
    1 OEUVRES OUVRIERES
    1 OEUVRES SOCIALES
    1 PAPE DOCTEUR
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 SAINTETE
    1 SOCIETE
    1 SOCIETES SECRETES
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    1 TIERS-ORDRES
    1 TRANSFORMATION SOCIALE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    1 UNIVERSITES D'ETAT
    1 USURPATIONS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 DOMINIQUE, SAINT
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 PAUL, SAINT
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 ALLEMAGNE
    3 ITALIE
    3 LOMBARDIE
    3 TERRE SAINTE
  • Nîmes, 8 juin 1874.
La lettre

Mes très chers Frères,

I. — Les Premiers Tiers-Ordres

Une des plus belles illuminations de saint Dominique et de saint François d’Assise fut certainement l’institution de leurs Tiers-Ordres.

1° Par là, ils fournissaient à une foule de chrétiens que leur position, leur santé, ou tout autre motif légitime empêchait d’entrer en religion, le moyen d’en accepter tout ce qu’il leur était permis de prendre de la vie religieuse, et, tandis que l’Ordre donnait l’exemple de pratiques plus austères, d’engagements plus rigoureux, d’une séparation du monde plus absolue, les tertiaires, se rapprochant par tous leurs efforts de modèles plus élevés, arrivaient quelquefois à une sainteté que l’Eglise a canonisée. C’était, certes, un magnifique résultat que de faire pénétrer l’esprit des fondateurs dans toutes les classes de la société chrétienne, et d’en pousser les membres à l’essai d’une vie qui, sans leur imposer les liens des conseils évangéliques, les excitait à monter plus haut que le simple accomplissement de la loi chrétienne.

2° Les Tiers-Ordres étaient, en outre, un enseignement pratique. La famille spirituelle autour de laquelle ils se groupaient avait le droit d’exiger davantage de leurs membres; il y avait des jeûnes, des prières, des bonnes oeuvres dont une règle fixait l’obligation, et qui, saisissant la vie tout entière, amenaient des transformations par l’exemple. Le niveau des moeurs s’élevait nécessairement sous cette action de sainteté qui, du cloître, atteignait le simple fidèle par le Tiers-Ordre. La vie rude, pénitente du religieux pouvait effrayer. La vie du tertiaire rendait possible pour les faibles certains essais de réforme. Le fruit de ces associations se faisait sentir presque dans l’intimité du foyer domestique; l’esprit chrétien se développait, le respect humain reculait, Jésus-Christ était plus connu, plus obéi, plus aimé.

3° Le Tiers-Ordre de saint Dominique, en particulier, avant d’être transformé en Tiers-Ordre de la Pénitence, avait pour nom : Tiers-Ordre des chevaliers de Jésus-Christ. Ce titre seul indiquait le but; il s’agissait de défendre l’Eglise contre certaines prétentions lombardes assez semblables à celles que, en Italie, en Allemagne et ailleurs, on élève aujourd’hui contre elle. Tous les chrétiens étaient invités à une croisade d’un nouveau genre. Après celles de la Terre Sainte, des Albigeois, auxquelles saint Dominique avait eu une si large part, on estimait très utile celle qui consistait à défendre les droits de l’Eglise contre les prétentions envahissantes du pouvoir temporel. Plus tard, le Tiers-Ordre ne fut qu’une forme de la vie pieuse et sévère de certains chrétiens; mais pourquoi ne pas reprendre ces formes énergiques et si pleines d’avantages par l’union qu’elles établissent : Frater, qui adjuvatur a fratre, quasi civitas firma. Ah! que nous avons besoin de ces villes fortifiées aux frontières du royaume de Jésus-Christ pour repousser les envahissements de l’ennemi, et pour préparer des incursions sur les terres qu’il nous a usurpées?

II. — Les Tiers-Ordres de l’Assomption

4° Les rapides considérations qui précèdent vous expliquent les motifs très légitimes de s’occuper d’une grave question: celle de grouper des hommes pour travailler à ce qui semble indispensable de nos jours, la défense plus active de l’Eglise. Il est douloureux de voir les forces s’éparpiller et perdre des fruits abondants que produirait un plan d’ensemble préparé avec intelligence. Que les Tiers-Ordres de saint Dominique et de saint François, que la Congrégation de saint Ignace, que tant d’autres pieuses associations donnent une nouvelle vie à leurs membres, nous y applaudirons de tout notre coeur; mais n’avons-nous rien à entreprendre pour ce qui nous concerne, et selon l’intelligence que Dieu nous a donnée de notre vocation? Que voyons-nous, en effet, chez une foule d’hommes aux intentions honnêtes? 1° Une ignorance profonde; 2° une science pervertie par les idées les plus fausses; 3° les produits, disons le mot, du libéralisme catholique le plus décevant; 4° les dangers toujours croissants de l’Université de l’Etat, de l’enseignement légal; 5° des théories incrédules, antisociales; 6° au point de vue religieux, toute piété détruite par la mollesse de la vie, par l’impossibilité de porter aucun joug; 7° les vocations perdues par l’amour du bien-être, qui rend impossible l’idée de supporter une vie sévère.

Comment combattre de si grands maux? Ne pensez-vous pas qu’un Tiers-Ordre ou toute autre association, à laquelle vous donnerez le nom qu’il vous plaira, aurait une immense utilité, si vous y groupiez des hommes intelligents, et si, par eux, vous prépariez:

a) Des cours ou des conversations coordonnées, où l’on attirerait tous les hommes de bonne volonté désireux d’être éclairés sur les grandes questions suscitées soit par le Syllabus, soit par le Concile, soit par la guerre faite aujourd’hui à l’Eglise d’un bout du monde à l’autre;

b) Des Universités catholiques. On fait des Universités avec beaucoup d’argent, on en fait avec des idées, des hommes, un peu d’argent; l’argent vient plus tard, au moment opportun. Ce serait déjà beaucoup qu’un pareil résultat, et je ne doute pas qu’un Tiers-Ordre ne contribuât puissamment à l’obtenir.

c) Mais les fruits seraient plus nombreux encore, si les Tiers- Ordres se considéraient comme le noyau de toutes les oeuvres ouvrières dont il est si nécessaire de s’occuper. Que d’études intéressantes à faire, que de discussions dont la solution amènerait les plus beaux résultats! Quel moyen puissant d’allumer, d’entretenir, de développer le zèle de ces groupes féconds!

d) Dans la charité, il faut de l’ordre. Ne pensez-vous pas que les Tiers-Ordres auraient le précieux avantage d’en mettre beaucoup plus et de régler une foule de points difficiles par l’obéissance? Si quelques-uns de nos religieux se consacraient à la direction de ces Tiers-Ordres, quelles légions ne prépareraient-ils pas pour la cause de Dieu!

e) Il y aurait un autre avantage: le Tiers-Ordre, imposant une règle sévère, imposerait des efforts de mortification, des sacrifices sur l’amour du bien-être et de la vie commode; cette protestation serait une prédication sans doute, mais ne pourrait-on pas la transformer en source de vocations religieuses? A ce point de vue, loin d’attendre, il faudrait se hâter de proposer le Tiers-Ordre aux jeunes gens; il aurait du charme pour les âmes plus fraîches, il aurait pour elles une séduction dans la lutte contre la chair, dans les victoires à remporter, dans l’essai de leurs forces. En parlant plus énergiquement de la vie de pénitence, on en donnerait le désir. Quand saint Paul disait qu’il n’avait cru devoir connaître autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié, ne jetait-il pas les conditions de ces vies de dévouement qui se fixent dans la vie religieuse?

Au triple point de vue de la propagande des idées chrétiennes, des oeuvres populaires et sociales, de la préparation des vocations, les Tiers-Ordres me semblent offrir des avantages sur lesquels il me paraît important de réfléchir. Nous en avons eu pour les femmes; celui des hommes pourrait avoir de très heureux résultats, soit pour les prêtres, soit pour les laïques fervents, ou qu’on pourrait pousser à la ferveur d’une vie plus austère.

Mais, au-dessus de tout, une organisation se préparerait contre les Sociétés secrètes. Je vous en ai dit un mot dans une précédente circulaire, je voudrais que celle-ci vous fît comprendre plus nettement ma pensée sur ce point. Veuillez la méditer, me transmettre vos avis, et croire à mon plus respectueux attachement en Notre-Seigneur (2).

E. d'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) Le P. d'Alzon avait annoncé au P. Picard une circulaire <> Cette troisième circulaire ne traite que des Tiers-Ordres. Dans une parfaite fidélité à leurs lointaines origines, les Tiers-Ordres nouveaux doivent plus spécialement, selon l'esprit de l'Assomption, se préoccuper de la défense de l'Eglise.
(2) Deux documents -- que l'on retrouvera plus loin -- accompagnaient cette circulaire : un projet de Règlement pour le Tiers-Ordre des Augustins de l'Assomption et la Règle du Tiers-Ordre des Prêtres de l'Assomption.