LETTRES AU MAITRE DES NOVICES – Sage, ECRITS SPIRITUELS

Informations générales
  • ES-0155
  • LETTRES AU MAITRE DES NOVICES
  • DEUXIEME LETTRE - De l'avènement du royaume de Dieu autour de nous
  • Sage, ECRITS SPIRITUELS
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ASSOMPTION
    1 ATHEISME
    1 AVARICE
    1 BESOINS DE L'EGLISE
    1 BUT DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CARACTERE
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 CLERGE REGULIER
    1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 HARDIESSE DE L'APOTRE
    1 HERESIE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
    1 MAUX PRESENTS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 NOTRE RAISON D'ETRE
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PAGANISME
    1 PERSECUTIONS
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 PROVIDENCE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REDEMPTION
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 SERVICE DU ROYAUME
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 TRINITE
    1 TRIPLE APOSTOLAT ASSOMPTIONNISTE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VERTUS RELIGIEUSES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 ZELE POUR LE ROYAUME
    2 BENOIT, SAINT
    2 DOMINIQUE, SAINT
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    3 ROME
La lettre

Mes chers Frères,

Ce n’est pas seulement au dedans de nous que nous devons nous efforcer de faire triompher le règne de Dieu, c’est encore par notre action autour de nous.

I

Opportunité de l’Assomption

Remarquez que toutes les familles religieuses ont eu une raison d’être à l’époque où Dieu a placé leur berceau. Quelle est la raison d’être de notre Congrégation? Qui peut nier que le mal de nos jours n’ait fait d’épouvantables progrès? Qui peut nier que Dieu, dans sa miséricorde, ne veuille toujours placer de nouvelles barrières aux envahissements du mal, sans cesse renouvelés sous des formes diverses? Quand les barbares apparurent pour anéantir l’empire romain, saint Benoît s’enfuit avec des religieux dans la solitude et les forêts, pour conserver les vestiges de la perfection chrétienne. Quand les Albigeois tentèrent de ramener le paganisme des idées et le paganisme des moeurs, saint Dominique et saint François apparurent pour soutenir l’Eglise menacée et la défendre par la prédication et la sainteté du renoncement. plus tard, contre la Réforme, Dieu fit lever la grande famille des clercs réguliers.

Aujourd’hui, c’est avec la Révolution que nous avons affaire. Dieu, par Satan, le chef de la Révolution, est chassé des sociétés modernes; on l’y reconnaît à peine sous forme de je ne sais quelle providence indéfinie, mais la notion de Dieu comme Père, Fils et Saint-Esprit, est à peine conservée en tête de je ne sais quel traité de la diplomatie, dont les agents semblent invoquer cette Trinité divine à laquelle plusieurs ne croient plus, et comme pour constater que leurs conventions internationales ne sont que des séries de mensonges.

Dieu est chassé des Etats, de la société, de la famille, des moeurs, voilà ce qui se constate tous les jours plus manifestement. Or, si les lois de la Providence divine n’ont pas été changées, les plus terribles châtiments nous menacent, à moins que, dans sa miséricorde, Dieu n’imprime un mouvement de repentir et de retour vers lui aux intelligences et aux coeurs des hommes coupables.

A ce point de vue, s’il est vrai, comme nous en avons la confiance, que Dieu nous appelle, notre vocation est admirable, et par son opportunité et par la grandeur du but qui lui est assigné. Seulement, il importe de l’envisager d’une manière bien distincte et précise, afin de nous pénétrer des moyens les plus efficaces de l’atteindre, et de ne pas nous égarer à droite et à gauche dans des travaux utiles, excellents même, mais qui nous détourneraient et de la ligne que nous devons suivre, et des efforts que nous devons tenter, et des succès qu’avec la grâce de Dieu nous sommes obligés de nous proposer. II

Les requêtes de notre vocation

[[ Pour nous, nous serons consacrés à la prière et au ministère de la parole ]], disait autrefois saint Pierre : Nos autem orationi et ministerio verbi instantes erimus (Act. VI, 4).

Ce dégagement des préoccupations humaines nous paraît indispensable, et c’est pour cela que, sans être mendiants comme les fils de saint François, nous ne nous occuperons pas d’arroser le sol de nos sueurs comme les fils de saint Benoît; avant tout, nous serons des apôtres. Nous rechercherons pour cela la liberté et l’indépendance que procure l’absence des préoccupations matérielles. Ce qui est dit dans nos Constitutions sur la pauvreté doit être entendu dans ce sens-là. Nous aimerons cette vertu comme une des conditions de tout affranchissement moral. L’homme qui désire les biens terrestres est l’esclave de ceux qui peuvent le satisfaire; l’homme qui ne veut que son pain du jour et de quoi se couvrir: victum et quibus tegamur, est bien fort contre les obstacles et les séductions. La pauvreté apostolique est pour nous la garantie de la grandeur et de la dignité du caractère. Or, l’apôtre qui n’a pas un grand et beau caractère ne sera jamais un véritable apôtre, parce qu’il n’exercera pas l’influence du désintéressement, sans laquelle on ne convertit pas.

Je vous conjure donc, mes chers Frères, de fuir l’amour des richesses et de protester ainsi contre cette tendance au bien- être matériel qui est un des grands avilissements de l’époque présente et la destruction de toutes les aspirations à la perfection chrétienne et à l’ordre surnaturel.

Au lieu d’aimer l’or et l’argent, aimez les âmes, ayez faim et soif d’en conquérir le plus grand nombre possible à Notre- Seigneur Jésus-Christ, et vous mériterez d’être, en effet, ses apôtres.

Si vous voulez étendre le règne de Dieu, ne vous le dissimulez pas, vous aurez de grandes déceptions, de grandes persécutions, de grandes souffrances: in mundo pressuram habebitis; l’apôtre qui n’a pas souffert, que fait-il, et celui qui n’a pas été tenté, que sait-il? Qui non est tentatus quid scit? Le courage vous est une condition absolument indispensable. J’irai plus loin, et souvenez-vous de ceci: Si vous voulez être des ouvriers du royaume de Dieu, il vous faut conserver la joie dans les opprobres et la douleur: [[ Ibant apostoli gaudentes a conspectu concilii, quoniam digni habiti sunt pro nomine Jesu contumeliam pati. ]] Oui, la joie dans l’épreuve et les humiliations, parce que vous étendrez par ce moyen apostolique, de la manière la plus sûre, le royaume de Dieu.

La prédication, l’enseignement, la direction des âmes, les oeuvres de charité seront nos principaux moyens d’action; vous les combinerez selon le résultat final que nous nous proposons dans la plus grande unité de conduite, et en vous efforçant de marcher comme une armée dont la force est dans l’unité du commandement, et dont la perte est assurée quand les soldats combattent selon leurs caprices. Que la beauté du royaume de Dieu vous transporte d’ardeur. pourquoi le monde est-il créé, sinon pour le royaume de Dieu? Pourquoi Notre-Seigneur s’est-il fait homme, sinon pour réparer les ruines de ce royaume dévasté par Satan?

Mystère insondable sans doute, mais mystère plein de divines excitations pour ceux qui estiment de nulle valeur ce qui passe, et dont l’ambition veut quelque chose d’infini comme les perfections divines et comme l’éternité.

Notes et post-scriptum