DOCUMENTS RELATIFS A LA FONDATION DE L’ASSOMPTION – Vailhé, Lettres du P. Emmanuel d’Alzon, Tome II.

Informations générales
  • V2-507
  • DOCUMENTS RELATIFS A LA FONDATION DE L'ASSOMPTION
  • VI. REGLE DE L'ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION (1)
    BUT DE L'ASSOCIATION
  • Vailhé, Lettres du P. Emmanuel d'Alzon, Tome II.
Informations détaillées
  • 1 ADMISSION AU TIERS-ORDRE
    1 ADVENIAT REGNUM TUUM
    1 BUT DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 MEMBRES DE LA CONGREGATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DU TIERS-ORDRE
    1 QUATRIEME VOEU DES ASSOMPTIONNISTES
    1 REGLE DE L'ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    1 VOEUX DU TIERS-ORDRE
    2 RANCE, ABBE DE
  • 29 et 30 septembre 1845.
La lettre

Les membres de l’Association de l’Assomption se proposent un double but, qui se résume en un seul, la gloire de Dieu et le salut de leurs âmes par l’extension du règne de Jésus-Christ. En ce sens, leur devise pourrait être celle-ci: Adveniat regnum tuum.

Les moyens qu’ils se proposent sont:

1° Le secours qui résulte de l’union fraternelle;

2° La victoire sur eux-mêmes par l’assujettissement à une règle;

3° La protestation contre la vie du monde par une vie plus sévère;

4° La manifestation du règne de Jésus-Christ par l’évangélisation des âmes.

ESPRIT DE L’ASSOCIATION

1° Leur esprit est un esprit d’amour envers Notre-Seigneur, modèle et exemplaire perpétuel de tous les associés.

2° Un esprit de charité compatissante et paternelle envers les âmes.

3° Un esprit de franchise, d’ouverture et de liberté dans l’accomplissement des devoirs et dans les rapports envers les Frères.

4° Un esprit de pauvreté envers eux-mêmes, en quoi consistera leur principale mortification.

MEMBRES DE L’ASSOCIATION

Les associés se partagent en deux classes: ceux qui vivent dans la maison, ceux qui sont en dehors et qui même sont mariés. Les uns et les autres doivent prendre autant que possible l’esprit de la vie religieuse. Ils doivent se considérer comme des religieux au milieu du monde, non par leurs vêtements, mais par leurs moeurs; non par certaines pratiques plus ou moins acceptables de tous, mais par leurs vertus.

Dès lors, ils doivent être profondément convaincus que, selon la belle parole de l’abbé de Rancé, des religieux doivent être des anges, des martyrs et des apôtres: anges par la pureté de leur vie, de leurs intentions et la ferveur de leur prière; martyrs par leur générosité à lutter contre le démon, la vie des sens, l’esprit du monde; apôtres par leur zèle surnaturel à faire connaître Jésus-Christ, l’éternelle vérité et l’éternelle loi manifestée dans le temps par la miséricorde de Dieu, et par la méditation continuelle qu’ils doivent faire sur le prix des âmes et sur l’honneur auquel ils sont appelés de glorifier Dieu en lui préparant des adorateurs.

Les associés vivant dans le monde doivent comprendre à quels dangers leur ferveur est exposée par le contact continuel avec ce monde, pour lequel Jésus-Christ n’a pas prié, et ils en concluront la nécessité de l’humilité, de la défiance de leurs forces; comme aussi les chutes qu’ils pourront faire leur inspireront un plus grand mépris d’eux-mêmes, lorsqu’ils sont seuls, mais une plus grande confiance en Dieu, en qui nous pouvons tout, et une plus grande reconnaissance envers sa bonté qui les soutient par le secours qu’ils trouvent dans la compagnie de leurs frères, selon cette expression du Saint-Esprit: frater qui adjuvatur a fratre quasi civitas firma(2).

Les associés qui vivent dans la maison, s’élevant sans cesse à des pensées de foi, remercieront Dieu de leur avoir fait comprendre à quoi ils sont appelés, et lui demanderont sans cesse par la prière de nouvelles lumières. Se rappelant qu’ils forment, à proprement parler, le point central autour duquel tourne en quelque sorte l’oeuvre tout entière; qu’ils sont la base de l’édifice que l’on se propose de construire à la gloire de Dieu et dont les âmes qui nous sont confiées sont comme les pierres vivantes, ils cimenteront par les liens de la charité l’union la plus entière avec la pierre angulaire par excellence, Notre-Seigneur: ipso summo angulari lapide(3).

Ils consulteront le Saint-Esprit par la prière, afin que ses lumières leur soient accordées et qu’ils puissent connaître jusqu’à quel degré de perfection la grâce de Dieu les appelle.

MOYENS EXTERIEURS

Les moyens extérieurs sont:

1° L’éducation;

2° La prédication;

3° La composition d’ouvrages chrétiens;

4° L’application de l’esprit chrétien aux arts.

Mais, parce que tout doit être considéré dans le point de vue de l’Association, il importe de déclarer tout d’abord que ces quatre principaux moyens ont besoin, pour être compris dans le sens que nous entendons, d’explications qui seront données plus tard.

DE L’ADMISSION

Le directeur choisit les membres susceptibles d’être admis. Ils lui sont présentés par les membres reçus déjà à la profession.

Les conditions de l’admission sont:

1° Avoir un âge raisonnable, au moins de dix-huit à vingt as~;

2° Appartenir à une classe instruite;

3° Etre résolu à prendre pour but de sa vie la gloire de Dieu, l’extension du règne de Jésus-Christ, le bien des âmes.

Le directeur n’a pas besoin de consulter le Conseil pour admettre à la probation. Il fait prendre par les divers membres de l’Association les renseignements nécessaires pour juger si les membres proposés réunissent les conditions et qualités nécessaires. Pendant le temps de la probation, le maître des novices et le prieur sont chargés d’examiner les postulants de plus près et de s’entretenir avec eux pour les mieux connaître, de les mettre en rapport avec les autres Frères, et de les faire venir aux assemblés, où ils n’assisteront pourtant qu’à la récitation de l’office.

Au bout de quelques mois de probation, les postulants pourront être reçus au noviciat par le directeur qui prendra l’avis du Conseil où il a voix prépondérante(4). . . . . . . .

On procédera de même pour la profession qui s’accordera également par le vote du Conseil sur la présentation du directeur un an ordinairement après l’admission au noviciat.

Cette profession ne se fait que pour un an. Mais après avoir renouvelé leur profession dix ans de suite, les Frères pourront être autorisés à la faire à perpétuité.

En recevant les Frères au noviciat, on leur donnera un Nouveau Testament et un crucifix. Ils porteront habituellement le crucifix sous leurs habits.

OBLIGATIONS

Par la profession de la règle, les Frères s’engagent:

1° A l’obéissance envers le directeur pour toutes les oeuvres qui peuvent être appelées spirituelles, c’est-à-dire qui ont directement rapport au service de Dieu et du prochain, de telle sorte cependant que le directeur ne puisse leur imposer d’embrasser les oeuvres auxquelles les membres répugneraient et que le choix leur en soit laissé. Seulement ils n’en entreprendront aucune de celles qui leur inspireraient de l’attrait sans permission.

Pour la pauvreté les Frères et les Soeurs s’appliqueront à la pauvreté d’esprit; ils la pratiqueront en réglant leur état de vie plutôt au-dessous qu’au-dessus de leurs moyens, afin d’en faire profiter les pauvres. Ils observeront une grande simplicité et modestie chrétiennes dans leurs vêtements. Ils ne porteront que des couleurs sévères et seront obligés par leur profession à ne point porter de bijoux. Dans les objets de dévotion où le monde n’a point de droits, ils garderont plus particulièrement la pauvreté en n’ayant que des choses telles qu’il convient à des religieux.

Pour la chasteté, les Frères sont engagés à garder la chasteté qui convient à leur état, et, s’ils deviennent veufs, à ne pas se remarier, à moins d’une permission expresse des directeurs.

Outre l’engagement que renferme la profession, les Frères peuvent faire annuellement, avec la permission du directeur, les voeux simples de, pauvreté, chasteté et obéissance, et même le quatrième voeu de se consacrer à étendre le règne de Jésus-Christ dans les âmes.

Les Frères réciteront tous les jours l’office de Jésus, à moins qu’ils ne récitent le grand office.

Ils donneront au moins une demi-heure à l’oraison et une demi-heure à une lecture sérieuse qu’ils se feront indiquer par le directeur; et, pour acquérir parfaitement l’esprit chrétien qu’ils doivent travailler à communiquer, ils liront chaque jour un chapitre du Nouveau Testament, à genoux autant que possible.

Ils jeûneront la veille des quatre fêtes suivantes: la solennité de Jésus [au] 28 janvier, le Saint-Sacrement, la Nativité, et la Conception de la Sainte Vierge.

Ils auront quatre communions générales, aux fêtes de Noël, du Saint-Sacrement, de l’Assomption et de la Solennité de Jésus. Ils sont engagés, du reste, à s’approcher des sacrements le plus fréquemment qu’il leur sera possible et que leurs confesseurs le jugeront à propos.

Il est interdit aux Frères d’aller aux fêtes du monde, bals, spectacles et grands festins, sauf les exceptions accordées par le directeur.

Un des devoirs les plus importants pour les Frères est, autant que leur position le leur permet, de veiller sur leur maison; d’y établir des usages chrétiens, autant que possible la prière en commun, l’observance des lois de l’Eglise; d’en bannir les mauvais livres, les mauvais discours; de n’y souffrir aucune espèce de scandale, de mettre de l’ordre dans leurs affaires, même temporelles, et de s’appliquer d’une manière toute particulière à l’éducation chrétienne de leurs enfants.

Lorsque les Frères quitteront la ville qu’ils habitent, ils en préviendront le directeur.

Lorsqu’un Frère sera malade, le directeur chargera l’infirmier d’aller le visiter et désignera, en outre, deux Frères chaque jour pour aller le voir, le soigner et le consoler selon Dieu. Si un membre de l’Association vient à mourir, les prêtres diront une messe et les autres Frères réciteront une fois l’Office des morts pour le repos de son âme.

ORGANISATION

Les Frères seront sous la conduite d’un directeur. Outre cela, ils éliront annuellement un prieur, dont la charge sera de présider les assemblées en l’absence du directeur, de surveiller les Frères et de les diriger dans les oeuvres de zèle qu »ils auront entreprises au dehors. Il sera aidé dans ses fonctions par un sous-prieur, un maître des novices, un infirmier, un économe et un secrétaire qui seront choisis annuellement par l’Association et qui formeront le Conseil.

Le directeur pourra dispenser les Frères des jeûnes et autres points de la règle pour des raisons sérieuses. Il pourra même donner le pouvoir de dispenser au prieur.

REUNIONS

Tous les quinze jours, il y a réunion à l’heure et au lieu désignés par le directeur. Après la messe, si c’est le matin, la récitation de l’office et l’exhortation qui leur sera faite par le directeur, les Frères s’accuseront des fautes qu’ils auraient pu faire contre la règle. Après quoi, les Frères réunis sous la présidence du directeur aviseront à tout ce qui concerne le bien de l’Association et l’avancement des bonnes oeuvres dont ils sont chargées(5).

Notes et post-scriptum
5. Ce document est reproduit dans les *Notes et Documents*, t. III, p. 66-72, avec des additions ultérieures.1. Elle fut lue, pour la première fois, par l'abbé d'Alzon à ses compagnons dans les réunions des 29 et 30 septembre 1845 et constitua ce que l'on appela la règle du Tiers-Ordre. Nous la donnons d'après l'original.
4. Le texte original porte ces points de suspension. De plus, il est ainsi conçu: "...par le directeur qui prendront l'avis du Conseil où ils ont voix prépondérante."2. *Prov*. XVIII, 19.
3. *Eph*. II, 20.