Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 460.

23 nov 1848 Nîmes FRESLON Alexandre.

Demande motivée du plein exercice.

Informations générales
  • PM_XIV_460
  • 0+590 a|DXC a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 460.
  • Orig. ms. A.N., F17-8944; photocopie ACR, OF 204; copie d'E. Germer-Durand ACR, AP 186; D'A., T.D. 40, pp. 395-396.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 ECOLES
    1 PLEIN EXERCICE
    2 BUCHEZ, PHILIPPE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 NICOT, JEAN-BAPTISTE
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 AVIGNON
    3 BOUCHES-DU-RHONE
    3 GARD, DEPARTEMENT
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 LOZERE, DEPARTEMENT
    3 MARSEILLE
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 SETE
    3 VAUCLUSE
  • A MONSIEUR LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
  • FRESLON Alexandre.
  • [Nîmes, le 9 novembre 1848](1).
  • 23 nov 1848
  • Nîmes
La lettre

A M. le Ministre de l’Instruction publique, par l’entremise de M. Buchez, sous le couvert du président de l’Assemblée nationale(2)

Je viens solliciter le plein exercice pour une maison d’éducation que je dirige depuis quatre ans déjà, et dont le succès toujours croissant est une garantie de durée, surtout si je puis obtenir l’objet de ma demande. La maison compte en ce moment 123(3) pensionnaires, quelques externes et demi-pensionnaires dans les basses classes. Mon établissement ne peut nuire au collège de Nîmes, le prix de la pension et de l’externat étant beaucoup plus élevé que celui du Lycée. La ligne du chemin de fer qui s’étend jusqu’à Marseille et Avignon d’un côté, jusqu’à Cette, de l’autre, me permet de recevoir les trois quarts de mes pensionnaires des départements de Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et de l’Hérault, tandis qu’au contraire le collège se recrute surtout dans le Gard et la Lozère. Depuis quatre ans, mes rapports avec les chefs de l’Université dans ce pays-ci ont été excellents : M. Nicot, ancien recteur de l’Académie de Nîmes, en pourrait rendre témoignage au besoin. Le collège a éprouvé une amélioration considérable dans son état moral depuis quelques années, grâce à l’espèce de concurrence formée entre les deux établissements.

La maison est partagée, pour les classes d’étude et les récréations, en quatre divisions ayant chacune leur surveillant; il y a, en outre, un surveillant supplémentaire, un surveillant général et un Préfet de discipline. L’inspection permanente des classes et de l’enseignement est confiée à deux Préfets des études, qui dirigent aussi les professeurs. Le cours d’histoire et celui de mathématiques sont faits chacun par deux professeurs spéciaux. J’ai dans mon établissement 31 fonctionnaires tant professeurs que surveillants. Parmi les professeurs je compte quatre licenciés, dont deux agrégés de l’Université; tous les autres sont bacheliers. Enfin, je suis propriétaire du local l’établissement est situé. Je pense donc offrir toutes les garanties que la loi peut exiger. L’on m’a fait, dans le temps, l’objection que, placée dans un pays protestant, ma maison pourrait susciter de fatales divisions. L’expérience a fait justice de cette terreur. Je veux sans doute que mes élèves soient de bons catholiques, mais on a été forcé de convenir que, tout en m’efforçant d’en faire des hommes de conviction, je n’en faisais point des hommes de parti.

Dans une de vos dernières circulaires, M. le ministre, vous annoncez l’intention de pratiquer dans toute sa sincérité le principe de la liberté d’enseignement; laissez-moi vous conjurer d’en donner une preuve aux catholiques du Midi, qui ne comptent aucun établissement de plein exercice dans tous les départements situés à cette extrémité de la France.

J’ai l’honneur d’être, M. le ministre, votre très honoré et très obéissant serviteur.

E.D'ALZON|vre gl de Nîmes
Notes et post-scriptum
1. Date où d'après le P. d'Alzon lui-même (lettre à Mère Marie-Eugénie du 9 novembre) cette demande fut adressée à M. Buchez qui répondit le 14 du même mois (v. *Lettre* B06207). La copie du P. Vailhé (AQ 99) propose la date du *23 novembre*.
Germer-Durand avait copié cette lettre sur une page de cahier où elle se trouva mêlée à d'autres indications n'ayant rien à voir avec elle et parmi lesquelles figurait un *23*. Le P. Vailhé y vit la date de la lettre et proposa donc le *23 novembre*.
2. Cette suscription ne figure pas dans l'original, où par ailleurs seule la signature est autographe. La copie d' E. Germer-Durand offre quelques variantes de forme.
Quelques notes de diverses écritures figurent sur ce document. Au dessus, à gauche: *M. Buchez*. En dessous de ce nom: *Il s'agit de l'établissement de M. l'abbé Tissot à Nîmes. Répondre à M. Buchez et consulter le préfet. Très urgent*. Au dessus à droite: *Ecrire au préfet*.
3. La copie de Germer-Durand a: *113* et celle du P. Vailhé: *115*.