Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 470.

26 dec 1848 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Je vous réponds au chevet d’un petit malade très agité – Je trouve très bon que mes meilleurs amis me disent mes défauts – Professions de tertiaires.

Informations générales
  • PM_XIV_470
  • 0+599 c|DXCIX c
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 470.
  • Orig.ms. ACR, AD 616; D'A., T.D. 20, pp. 57-58.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 CORRECTION FRATERNELLE
    1 MALADIES
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 VOEUX DU TIERS-ORDRE
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 FERRY, FRANCOIS-LEON
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 MONNIER, JULES
    2 ROCHER
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    3 NIMES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 26 décembre 1848.
  • 26 dec 1848
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

C’est en veillant un de nos enfants pris encore de la fièvre scarlatine que je réponds à votre lettre, qui m’a été remise ce soir. Vous êtes réellement trop bonne de tant vous préoccuper pour moi. Voyez, le grand malheur quand j’aurais eu de la peine ! Il est très vrai que votre lettre m’en a fait. Mais eussiez-vous été bien aise et le seriez-vous encore qu’elle ne m’en fît pas ? Quant à moi, je vous le répète, je trouve que je n’ ai que ce que je mérite, et je trouve très bon que mes meilleurs amis me disent mes défauts. Qui me les dira si ce n’est eux ? Ne vous troublez donc pas pour quelques vérités qui me feront du bien, si j’en sais profiter. Et supposé que ce ne soient pas des vérités que vous me dites, quoique vous les croyez telles, eh bien, il y aura toujours profit pour moi à supporter avec affection et patience les égratignures de ma fille. Quand on a le coeur souffrant, on se remue dans tous les sens. Mon pauvre petit malade m’a fait quitter quatre fois la place, depuis le commencement de cette lettre, tant il est agité. Eh bien, ne pensez-vous pas, vous aussi, avoir vos agitations, jusqu’à ce que vous soyez en parfaite santé ? J’ai tort peut-être de vous dire le profit que je cherche à tirer même de votre mal, mais je ne puis mieux faire, ce me semble, que de me le rendre profitable.

Demain matin, jour de Saint-Jean, Messieurs Durand, Monnier, Ferry et Léon d’Everlange feront leur profession de tertiaires. Je me propose ensuite de nommer M. Durand prieur, M. Monnier maître des novices, M. Ferry secrétaire et M. d’Everlange zélateur. Trois anciens novices, Messieurs Blanchet, Sauvage et Rocher, ont reculé pour le moment. Je n’en suis pas fâché, je redoutais un peu M. Sauvage, qui devient tous les jours un [peu] plus bon vivant et un peu moins homme d’étude. Une fois que nous aurons un conseil, je serai fort pour témoigner à quelques-uns que je ne suis pas disposé à les admettre à la profession, sans qu’ils aient fait des efforts convenables.

Avec la meilleure volonté du monde, il est impossible d’écrire deux mots de suite. Mon pauvre enfant s’agite sans cesse. Il faut être auprès de lui pour le couvrir, l’empêcher d’être suffoqué dans ses quintes de toux et lui parler, comme il dit, du bon Sauveur. Je suspends ma lettre. Si ce pauvre petit s’endort, je la reprendrai.

Je n’ai qu’un instant, ma chère fille, car mon petit malade m’a obligé d’être auprès de lui, et, quoiqu’il ne soit pas plus mal, il fallait le couvrir à chaque minute, à cause de son agitation. Me voilà au milieu des Innocents et je n’ai plus que le temps de vous dire que je vous accorde la permission que vous demandez pour l’histoire romaine.

Bonne année à vous et à vos filles.

Notes et post-scriptum